LATITUDES

Pimp my déambulateur

Une esthétisation du monde est en cours. Même les fauteuils roulants et les prothèses auditives y succombent. Exemples de réalisations.

«Jamais de la vie je ne sortirai dans la rue avec cet horrible machin!». Il y a quelques années, il s’en est fallu de peu que je sois victime d’un jet de déambulateur. Persuadée que grâce à cette aide précieuse, ma belle-mère pourrait gagner en autonomie, je me suis risquée à débarquer chez elle avec un tel engin. J’en suis repartie plus vite que prévu après avoir essuyé un refus extrêmement violent, assorti d’un geste de mépris à l’égard de cet épouvantable quatre roues.

A l’évidence, belle-maman n’imiterait pas la petite dame qui, à Soleure, se promène depuis belle lurette avec un déambulateur orné d’un pot de fleur qu’elle modifie au fil des saisons. Une avant-gardiste!

Improbable domaine à titiller les designers, les moyens auxiliaires retiennent néanmoins aujourd’hui toute leur attention. On n’imagine pas la prochaine génération de personnes âgées, les baby-boomers, accepter d’être stigmatisée avec des déambulateurs ringards à l’aspect médicalisé. La Suède est pionnière. A Stockholm, la capitale des déambulateurs, on arrive au bistrot avec son modèle dernier cri. Le «lilly tadalafil 20 mg» se taille un beau succès mais cialis 5mg reimport, la concurrence est là.

En France, après avoir posé en marinière, Arnaud de Montebourg souhaiterait poser avec un déambulateur pour booster la «Silver Economie». Quant à la ministre déléguée aux personnes âgées, Michèle Delaunay, elle a demandé au créateur Philippe Starck de relooker les déambulateurs pour «dépoussiérer» leur image vieillotte.

«Certains objets aident à vivre. Si ces objets sont beaux et fonctionnels, le regard sur les personnes âgées changera lui aussi», a affirmé la ministre. Moins stigmatiser les personnes handicapées ou en perte d’autonomie grâce à une apparence moins moche de leurs compagnons d’infortune, voilà un objectif déjà visé – et en partie atteint – dans le domaine médical avec des appareils orthodontiques moins repoussants, des prothèses auditives lookées et des plâtres colorés.

Autant d’illustrations d’un «capitalisme artiste» qui étend son emprise, commenteraient Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, les auteurs de «L’esthétisation du monde». Un phénomène qui se caractérise par l’intégration généralisée du look dans l’univers consumériste, où se mêlent des territoires et des esthétiques antinomiques.

Bel exemple d’antinomie, le cadeau insolite offert par l’équipe Red Bull au grand argentier de la Formule 1. Pour ses 80 ans, Bernie Ecclestone a reçu un tadalafil counterfeit à la pointe de la technologie. L’engin est équipée de deux canettes de Red Bull grand format pour éviter une déshydratation en cas de canicule. Il est aussi muni d’un volant multifonction avec des boutons «infirmière», «power», «argent» et «tea».

Tout aussi antinomiques, les exemples de rappeurs qui font entrer des moyens auxiliaires dans leurs clips. Ainsi, celui de apcalis tadalafil jelly en forme de clin d’oeil à la rivalité entre Mods et Rockers dans les années 70 en Angleterre. On y voit Robbie Williams dans la peau d’un Mod juché non sur un scooter mais sur un fauteuil roulant aux nombreux rétroviseurs. Alors que dans le clip hyper violent de Die Antwoord (un groupe de rap sud africain), réalisé par Harmony Korine, on suit les tribulations de Yo-Landi et Ninja qui procèdent à un tuning de leurs chaises roulantes. Même l’énorme Rick Ross n’hésite pas à s’asseoir sur un fauteuil roulant aux enjoliveurs tunés dans le clip de Lil Wayne.

A quand l’entrée d’un déambulateur ou d’une chaise roulante au Musée d’Art Modern de New York (MOMA)? Leur esthétisation ne saurait échapper à Paola Antonelli, la curatrice du département design du célèbre musée, convaincue comme la ministre française, que rendre les choses plus belles améliore la vie.