Près d’un tiers de population suisse utilise régulièrement Internet. Pourtant, à peine plus de 10% des PME possèdent leur site et seulement 3% des entreprises développent leurs activités en ligne.
On peut tout savoir ou presque sur le Net américain: les sites préférés, la vitesse d’adoption du shopping online, l’efficacité des bannières publicitaires et autres taux de conversion de visiteurs en clients. Des chiffres intéressants, puisqu’ils montrent l’évolution à laquelle on peut s’attendre de l’autre côté de l’Atlantique.
Si l’Europe reste pour l’instant pauvre en statistiques d’utilisation du réseau, les instituts suisses commencent à se réveiller. Deux études ont paru récemment: la première, conduite tous les six mois par la REMP (Recherches et Etudes des Media Publicitaires, le bureau qui certifie les tirages et l’audience des journaux), s’attache à identifier et à analyser les comportements des internautes suisses; la seconde, réalisée par la Task Force PME de l’Office Fédéral du Développement économique et de l’Emploi (OFDE), s’intéresse à la perception d’Internet par les entreprises suisses ainsi qu’à leurs projets d’investissement dans le commerce en ligne. La REMP a mené son enquête de mars à septembre 1999 et a interrogé une dizaine de milliers de personnes par téléphone. Les résultats de l’étude PME se fondent sur des interviews d’environ 2000 patrons de petites et moyennes entreprises.
En automne 1999, la Suisse comptait ainsi 1,7 million d’internautes, soit 31,5% de la population, dont 439’000 en Suisse romande. Proportionnellement, les Romands surfent plus (33,6% des francophones sont branchés) que les Alémaniques (31,6%). Des chiffres qui représentent les personnes de plus de 14 ans habitant en Suisse ayant utilisé Internet au moins une fois au cours des six derniers mois
Chaque jour, 760’000 Suisses (soit 13,6% de la population) se branchent sur le Net, dont 180’000 Romands. Ces chiffres positionnent le pays au niveau de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne (autour de 20% de pénétration), deux des marchés européens les plus dynamiques et loin devant la France (10% de pénétration).
L’internaute type reste un homme exerçant une activité lucrative, au bénéfice d’une formation supérieure et disposant d’un revenu confortable. Ce profil un peu cliché se dilue au fur et à mesure que l’audience grandit. Deux internautes sur trois sont des hommes (mesdames, à vos claviers!), trois sur quatre habitent en ville et un sur quatre en Suisse Romande. 80% des internautes exercent une activité lucrative et le revenu mensuel du ménage de près de la moitié d’entre-eux est supérieur à 8000 francs suisses.
Les Suisses surfent de plus en plus depuis leur domicile (le nombre de foyers connectés a augmenté de 20% sur les derniers six mois), mais le surf au bureau reste prépondérant (63% des personnes interrogées, contre 57,5% à la maison).
Selon les réponses au sondage, les internautes surfent majoritairement pour consulter des services de proximité: 40% lisent la presse, 20% des petites annonces, et seulement 10% s’intéressent au shopping, même si un cinquième des surfeurs utilisent le télébanking. Comme tous les sondages téléphoniques, celui de la REMP ne mentionne aucun intérêt pour le cybersexe puisque les internautes interrogés n’avouent pas volontiers fréquenter des sites pornos.
Si ces résultats démontrent l’attractivité grandissante du Net auprès du grand public, l’étude de l’OFDE auprès des PME corrobore les conclusions du rapport de PricewaterhouseCoopers sur l’e-business en Suisse, à savoir une grande frilosité des entreprises.
Seulement 30% des PME utilisent Internet et moins de 14% en planifient l’utilisation dans les mois à venir. Plus de la moitié des PME ne connaissent tout simplement pas le Web. Moins de 13% des PME gèrent un site Web propre et 3% seulement des sociétés utilisent le réseau pour dynamiser leurs activités commerciales. Plus de la moitié des patrons justifient leur absence par les coûts (installation et exploitation) et la faible utilisation de la technologie par leurs clients et fournisseurs. Le manque de compréhension de l’outil en effraie encore plus de 45%. Plus préoccupant, pour 45% des petits patrons, «y’a pas le feu au lac»: le développement sur le Net n’est pas nécessaire car la concurrence ne l’utilise pas encore…
