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Décoller de Belp pour voler moins cher

Les compagnies aériennes Helvetic et Skywork font de la surenchère dans le minuscule aéroport de Berne. Les Romands peuvent s’en réjouir.

A 1 h 20 de voiture de Lausanne, une heure de Neuchâtel et 40 minutes de Fribourg, l’aéroport de Berne-Belp offre une solution de remplacement intéressante à Genève-Cointrin. «A 45 francs la semaine, notre parking est le moins cher de Suisse, s’enthousiasme le directeur du marketing Daniel Steffen. C’est ce que coûte un seul jour à Kloten!» L’autre avantage de Belp, c’est sa taille: minuscule. Le check-in démarre officiellement 20 minutes avant le vol. «Et les retardataires ont une chance de passer même à la dernière minute», poursuit Daniel Steffen. L’offre de cet aéroport de poche ne cesse de s’étoffer: le nombre de destinations va passer de 25 à 35 d’ici à la fin de l’année.

Ce boom, Belp le doit principalement aux ambitions grandissantes de Skywork. La compagnie aérienne bernoise va acquérir trois nouveaux avions en 2011 (de 31 et 72 places) et faire passer sa flotte à cinq appareils. Skywork dessert désormais quotidiennement Barcelone, Berlin, Hambourg et Londres et proposera cet été des vols hebdomadaires pour les îles d’Elbe, d’Ibiza et de Majorque. A 79 francs l’aller, les prix affichés sont attractifs — mais montent évidemment rapidement, sauf si l’on s’y prend très à l’avance. «Un cinquième des places sont vendues 79 francs», assure Tomislav Lang, le CEO de Skywork.

L’année passée fut rude pour la petite compagnie bernoise. En été 2010, une série de retards importants oblige un millier de passagers en vol charter à se déplacer jusqu’à Bâle et Zurich pour s’envoler. Résultat: le principal partenaire de Skywork pour ses vols charters, l’agence de voyage Aaretal Reisen, dénonce la collaboration et se tourne vers le concurrent zurichois Helvetic. Ce dernier démarre ainsi des opérations depuis Berne avec des vols charters ainsi qu’une ligne hebdomadaire vers Brindisi dans les Pouilles. Skywork concède la défaite: «Nous avons décidé de laisser tomber le segment charter, dit Tomislav Lang. Nous le jugeons trop risqué et préférons nous développer sur les vols réguliers.» De 28’000 clients transportés en 2010, Skywork veut atteindre un objectif «de 40’000 à 60’000 passagers» en 2011.

Skywork a également acquis trois petits appareils de 4 et 11 places pour relancer le marché de l’aviation privée. Car, malgré sa position éloignée des centres financiers, l’aéroport bernois se distingue dans ce secteur, avec plus de 200 vols privés par mois. «Nous observons une croissance de 10 à 20% par mois depuis deux ans, relève Daniel Steffen. Genève reste leader en Suisse, mais nous devançons régulièrement Bâle et Zurich, surtout durant l’hiver qui attire de nombreux passagers vers Gstaad.»

C’est grâce au trafic privé que Skywork a éveillé l’attention d’une personnalité discrète mais influente de la région: Daniel Borer, un héritier de la fortune du fondateur de Rolex, qui travaille comme investisseur mais exerce par ailleurs à mi-temps comme médecin généraliste dans la petite commune de Mörigen, sur les rives du lac de Bienne. «Daniel Borer volait régulièrement avec nous pour ses voyages d’affaires, raconte Tomislav Lang. Il a demandé un jour s’il pouvait investir — et, un mois plus tard, a racheté Skywork à ses fondateurs, la famille Gribi. Il préside désormais le conseil d’administration.» Le discret financier se montre également actif dans l’hôtellerie et s’est notamment engagé dans la réhabilitation du Grand Hotel Locarno.

La compagnie aérienne met l’accent sur le service et veut se différencier ainsi des autres compagnies low-cost. «Nos passagers ne paient aucun extra et ne sont pas traités comme du bétail, précise le directeur. Je demande à mes employés de penser aux débuts de l’aviation commerciale, à Pan Am et à TWA, d’où notre look à la fois frais et un peu rétro.» Un profil et une ambition qui rappellent ceux de la compagnie genevoise Baboo à ses débuts. Rachetée au début de 2011 par la compagnie Darwin, basée à Lugano, Baboo poursuit ses vols sous de nouvelles couleurs et dans un esprit plus traditionnel. «C’est triste que Baboo n’ait pas réussi à tenir le coup sous sa forme initiale», confie Tomislav Lang, qui en a profité pour recruter chez son ancien concurrent du personnel au look chic et rétro.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.