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Dépasser par la droite sur les autoroutes

Que de jurons adressés aux automobilistes qui squattent la voie de gauche! Et si l’on autorisait le dépassement par la droite? D’ici à l’été prochain, le Conseil fédéral va répondre à une motion parlementaire portant sur ce sujet.

Autoriser le dépassement par la droite sur les autoroutes. Voilà l’objet insolite de la motion déposée le 16 décembre dernier par le Conseiller national Thomas Hurter (UDC, SH) et cosignée par 22 collègues.

Est-ce le survol du réseau autoroutier suisse qui est à l’origine de cette intervention parlementaire? Son auteur est en effet cialis cheap uk et vole sur PC-7 à l’armée et sur Airbus chez Swiss. Déjà perceptible depuis le sol, l’usage inégal des pistes d’une autoroute doit être bien plus flagrant vu du ciel.

Des chiffres sont là qui cernent le problème: en Europe, sur une autoroute à deux pistes, seuls 35% des automobilistes circulent à droite (idéalement 50%), sur une autoroute à trois pistes, ils sont 25% (idéalement 33%). Or, aux Etats-Unis, les deux ou trois voies sont fréquentées de manière égale. Pourquoi une telle différence? Tout simplement parce qu’outre Atlantique, il est permis de dépasser par la droite.

La psychologie des conducteurs n’évoluant guère, le déséquilibre déploré ci-dessus se maintiendra sur notre réseau. «Non, je ne vais pas me rabattre sur la piste de droite bien qu’elle soit libre. Je risque de me retrouver rapidement coincé derrière un camion, je suis bien ici, j’y reste»; multiplié par autant de chauffeurs individualistes, ce raisonnement est à l’origine de l’usage peu rationnel et inefficace des routes supposées rapides mais devenues synonymes de ralentissements sans fin.

Martin Treiber, un spécialiste allemand de la fluidité du trafic, auteur d’un des rares ouvrages publiés à ce sujet, «Verkehrsdynamik und Simulation» (Springer), est un fervent avocat du dépassement par la droite.

Il nomme «phénomène d’inversion de l’usage des pistes» le problème à solutionner. A l’aide de formules tirées de la physique (hydrodynamique), il pense être en mesure d’analyser les moyens à mettre en oeuvre pour éviter les sempiternels embouteillages. «Lorsque le trafic est très intense, les voitures se répartissent à raison de 60% à gauche et 40% à droite. Seule la survenue d’un bouchon va permettre de renverser ce rapport. Pour un temps seulement!», explique-t-il dans Automobilrevue (5.1.11).

Que gagnerait-on en levant l’interdiction du dépassement par la droite? Le spécialiste de l’université de Dresde est d’avis que la Suisse est un pays prédisposé pour la levée de cette interdiction car «les différences d’allure entre les deux voies y sont minimes comparées à l’Allemagne par exemple.» Il estime entre 5% et 10% le nombre de véhicules supplémentaires qui pourraient rouler avant d’atteindre la saturation.

Rendre le trafic plus fluide sans devoir asphalter un seul mètre carré supplémentaire; la perspective est tentante. Le Conseil fédéral sera-t-il sensible au discours très scientifique d’un Martin Treiber, par exemple, ou à la réaction négative du Touring club suisse (TCS), qui craint des «turbulences nombreuses» et ne souhaite pas voir la Suisse faire cavalier seul en Europe? En attendant la réponse, il est déjà possible de se familiariser avec les problèmes de trafic grâce à une simulation électronique mise en place par… Martin Treiber.