Sur le segment haut de gamme, toujours plus de grands constructeurs annoncent des modèles à motorisation mixte thermique et électrique. Tour d’horizon.
D’un salon automobile à l’autre, impossible désormais d’échapper à la vague hybride. Cette technologie qui associe moteur thermique et moteur électrique permet d’abaisser la consommation d’énergie et donc de diminuer les émissions polluantes. Tous les grands constructeurs se lancent, y compris les moins attendus sur ce terrain, à l’instar de Porsche.
L’allemand s’apprête en effet à commercialiser une variante hybride de son puissant SUV Cayenne. Même Ferrari a présenté une telle motorisation lors du récent Salon de Genève! Une vraie révolution dictée par l’urgence écologique mondialisée. Et une question d’image pour les marques qui ne peuvent plus ignorer cette tendance.
A ce jeu, un constructeur a pris tout le monde de vitesse et dispose d’une expérience encore inégalée: le japonais Toyota qui, en 1997 déjà, étrennait sa fameuse Prius, première automobile hybride essence-électrique mise sur le marché. Une technologie sans cesse améliorée et dont profite désormais l’ensemble de la gamme Lexus hybride (lire-ci dessous), la division luxe de Toyota.
Mercedes a réagi le premier en lançant à l’automne dernier une version singulière de sa classe S, la dénommée S400 Hybrid. Avec une nuance près par rapport à Lexus: ici, le moteur électrique ne peut pas propulser la voiture tout seul. Dans la Mercedes, le bloc électrique se contente de prêter assistance au moteur à essence. Le constructeur allemand a choisi une technologie différente, qu’il conviendrait plutôt d’appeler «mild hybrid», mais qui présente aussi certains avantages, à commencer par une plus grande légèreté et un encombrement très réduit.
Si les grandes marques ont plutôt temporisé jusqu’ici, le calendrier des sorties va s’accélérer en 2010. Un hybride haut de gamme, et non des moindres, viendra ainsi compléter l’offre dès ce printemps… BMW a en effet dévoilé au Salon de Détroit son SUV X6 ActiveHybrid qui, à l’instar des modèles de la gamme Lexus, peut rouler en mode tout électrique. Ce mastodonte de 2,5 t, capable d’expédier le 0 à 100 km/h en cinq secondes à peine, sera disponible en Suisse dès le mois d’avril.
Evidemment, d’un point de vue rationnel, il est permis de douter de la pertinence du système hybride… Certains diront que la démarche vise surtout à se donner bonne conscience, s’agissant de véhicules aussi lourds et énergivores. Quelle logique y a-t-il à vouloir réduire la consommation et les émissions polluantes si, simultanément, la course à la puissance reste de mise? Certes, mais après tout, n’est-ce pas déjà mieux que rien?
«A performances équivalentes, les moteurs diesel modernes consomment aussi peu, voire moins, qu’une motorisation hybride, souligne Raphaël Leuba, qui suit les nouvelles technologies à la «Revue automobile». Cela explique que sur un marché comme l’Europe, où le diesel est très apprécié, les constructeurs ne se soient pas tout de suite précipités sur les technologies hybrides. En ce qui concerne les rejets de CO2, le diesel fait également bonne figure. En revanche, il pèche au chapitre des émissions d’oxydes d’azote. Sur ce point, la technologie hybride représente une solution plus écologique.»
Précisons que les modèles hybrides (chez Lexus comme chez Mercedes) n’ont jamais besoin d’être branchés sur le secteur. La batterie se recharge automatiquement, soit via la récupération de l’énergie du freinage, soit en produisant de l’électricité à partir du moteur tournant à grande vitesse.
Mais au-delà des détails comptables, opter pour une voiture hybride c’est aussi s’offrir le luxe d’un véhicule exclusif, en avance sur son temps. Une évolution subtile du fameux signe extérieur de richesse. Une étude, réalisée en 2006 par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) et portant sur le profil des acheteurs de ce type de voitures, a fait ressortir un trait caractéristique: leur intérêt marqué pour les nouvelles technologies. C’est particulièrement vrai en Suisse, où Lexus vend 80% de ses modèles en version hybride, contre seulement 42% de modèles hybrides dans le reste de l’Europe.
Parmi les clients Mercedes, l’hybridation ne suscite pas encore le même engouement: «En Suisse, la S400 Hybrid représente environ 15% des commandes de nouvelles Classe S, constate Oliver Peter, chef de la communication de Mercedes-Benz Suisse. Les gens se montrent intéressés par le principe, mais ils préfèrent attendre un peu.» Il se trouve aussi que la S400 Hybrid n’est pas disponible en version quatre roues motrices. Or, les Suisses raffolent de ce mode de propulsion: 50% des acheteurs de Classe S optent en effet pour l’option 4Matic (disponible sur les versions essence et diesel).
La future S500 Hybrid rechargeable, dont un prototype a été présenté au Salon de Francfort, devrait ouvrir une nouvelle ère, avec une consommation annoncée de 3,2 l/100 km. Mieux qu’une Smart! Mais il faudra patienter avant de la voir sur la route…
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La référence Lexus
Pour environ 150’000 francs (sans options), la Lexus LS 600h concentre tout le savoir-faire de Toyota, pionnier des technologies hybrides. Finitions irréprochables, pléthore d’innovations techniques, fiabilité éprouvée, les prestations n’ont rien à envier aux plus désirables limousines allemandes. La combinaison d’un puissant huit cylindres de 5 l et d’un moteur électrique musclé offre une puissance totale de 445 ch. De quoi mouvoir allègrement ce vaisseau de 2,5 t, tout en affichant une consommation des plus raisonnables vu la puissance disponible (9,3 l/100 km, selon le constructeur).
Dotée de quatre roues motrices — un argument de poids sur le marché suisse — la LS 600h soigne tout particulièrement ses occupants: installation hi-fi haut de gamme, console centrale avec glacière, lecteur DVD. Sur la version longue (LS 600h L), l’option «President Package» donne accès à des raffinements ultimes avec, notamment, un siège arrière droit qui peut s’incliner et masser son occupant.
Dans leurs segments respectifs, les autres véhicules hybrides de la gamme Lexus ne déméritent pas. Qu’il s’agisse du SUV RX 450h (299 ch) ou de la berline GS 450h (345 ch), tous deux équipés d’un V6 3,5 l et d’un moteur électrique, la critique salue unanimement l’efficacité du système et le confort routier. A ce niveau de gamme, Lexus reste l’une des rares marques — avec désormais BMW — à proposer un système capable de fonctionner en mode tout électrique, donc sans émissions polluantes. Le moteur électrique permet la mise en mouvement du véhicule et assure son déplacement à faible vitesse, jusqu’à environ 40 km/h. Le moteur thermique prend ensuite le relais, de façon automatisée et imperceptible pour le conducteur. En cas de forte accélération, les deux moteurs s’activent simultanément pour fournir un maximum de puissance.
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Mercedes, l’alternative soft
Si Mercedes ne révolutionne pas l’hybridation avec sa S400 Hybrid, la marque à l’étoile apporte néanmoins quelques innovations technologiques appréciables. Le moteur électrique se distingue par sa compacité et son poids limité (l’ensemble du système ne pèse que 75 kg).
Logé dans le carter du convertisseur, entre la boîte automatique à sept rapports et le V6 essence, ce bloc électrique se présente sous la forme d’un disque épais. Il assure son propre fonctionnement en récupérant l’énergie cinétique du véhicule lors des phases de décélération et de freinage. L’énergie récupérée est stockée dans une batterie lithium-ion, une solution que Mercedes étrenne en première mondiale, et qui offre une autonomie supérieure et un poids réduit de moitié par rapport à une batterie traditionnelle. Dans le détail, le moteur essence six cylindres 3,5 l fournit à lui seul une puissance de 279 ch et dispose d’un couple de 350 Nm. Lors des phases d’accélération, le moteur électrique entre en action et porte le couple maximal à 385 Nm.
Le système offre une fonction d’arrêt et de démarrage automatique du moteur essence. Le V6 s’éteint à moins de 15 km/h en phase de décélération, par exemple à l’approche d’un feu rouge, et redémarre aussitôt que le conducteur relâche les freins pour accélérer. La compacité du système a l’avantage de préserver intégralement le volume du coffre, un avantage par rapport à la solution de Lexus, plus encombrante et installée derrière les sièges arrière.
Au final, avec une consommation de 7,9 l/100 km, la S400 Hybrid reste un peu plus gourmande que la version diesel S 320 CDI, mais elle conserve une avance en termes d’émission de polluants (seulement 186 gr de CO2 émis par km, une valeur très basse pour la catégorie). Une manière élégante de contribuer au développement durable, contre un chèque de 130’000 francs (sans options).
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BMW, l’hybride débridé
Pour son premier véhicule hybride, le constructeur bavarois n’a fait aucune concession à son proverbial «plaisir de conduire». Malgré un poids en hausse de 300 kg par rapport au modèle huit cylindres «classique», le BMW cialis buy online ne se traîne pas en route. Ce SUV à quatre roues motrices de 2,5 t, qui fait office de vitrine technologique pour BMW, abat en effet le 0 à 100 km/h en seulement 5,6 secondes.
Le X6 ActiveHybrid combine un moteur huit cylindres à double turbo avec deux moteurs électriques synchrones. D’une puissance totale de 485 ch, il peut rouler en mode 100% électrique jusqu’à une vitesse de 60 km/h, cela sur une distance maximale de 2,5 km. Si l’accélérateur est sollicité, le moteur thermique est automatiquement remis en route. Malgré son poids, le SUV hybride de BMW se contente de 9,9 l aux 100 km, soit une économie de 20% par rapport à la version essence.
Les moteurs électriques du X6 tirent leur énergie d’une batterie NiMH logée sous le plancher du compartiment à bagages. Le volume du coffre est ainsi préservé. Comme ses concurrentes, cette BMW récupère l’énergie cinétique du freinage pour la convertir en énergie électrique. Le X6 ActivHybrid arrivera en concession en avril, au prix de base de 159’000 francs. Une version hybride de la limousine Série 7, fonctionnant selon le même principe et une motorisation similaire, sera également proposée dans le courant de l’année, au tarif de 165’000 francs.
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Tesla roadster, le tout électrique
A l’image de Lexus sur le marché des voitures hybrides, la marque californienne Tesla Motor dispose d’un coup d’avance dans le segment haut de gamme 100% électrique. Développé sur une base de Lotus Elise, le Roadster Tesla – ce n’est pas le moindre de ses mérites – est déjà disponible au prix de 160’000 francs suisses. «Nous avons livré 250 voitures sur le continent européen l’an dernier», souligne Simon Rochefort, directeur des ventes de Tesla en Europe. Du concret, donc. Cet engin surprenant abat le 0 à 100 km/h en 3,7 secondes, de quoi rivaliser sans peine avec les meilleures sportives essence du marché. Alors certes, il ne faut pas en attendre le confort d’un coupé grand tourisme (malgré la sono haut de gamme, le cuir et le GPS), mais pour attaquer sur les petites routes, on peut difficilement rêver mieux. En effet, malgré les 400 kg de batteries embarquées (en position centrale arrière, en lieu et place d’un moteur essence), le poids total du Roadster Tesla n’excède pas les 1’230 kg. L’autonomie revendiquée atteint les 290 km sur parcours autoroutier, et près de 350 km pour une utilisation urbaine. Il faut compter seize heures pour recharger les batteries depuis une prise de courant traditionnelle, mais cette durée descend à trois heures et demie avec un système de recharge rapide, facturé 4’000 francs. «La Suisse représente notre deuxième marché, juste derrière l’Allemagne, détaille Simon Rochefort. Nous y vendons environ 20% de nos voitures.» Et à quoi ressemble l’acheteur type? «En termes de pouvoir d’achat, je le comparerais à l’acheteur d’une Porsche. Pour le reste, nos clients sont principalement des passionnés de technologie, sensibles au développement durable.»
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Une version de cet article est parue dans le magazine Swissquote (No 1).