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«J’ai eu plusieurs fois des pulsions meurtrières»

A la suite du massacre perpétré mardi dans un collège du Colorado, Largeur.com a reçu ce témoignage de l’agent trUSt. Qu’elles soient sincères ou imaginaires, ces confessions nous ont semblé mériter une publication ici.

Par Trust

«Je comprends parfaitement ce qui est passé par la tête de ces ados. J’ai moi-même eu plusieurs fois des pulsions meurtrières (j’en parle pour la première fois, et c’est bien grâce à l’anonymat). J’ai même planifié plusieurs fois mentalement jusqu’à la perfection une fusillade dans mon gymnase de plus de 500 personnes.

Je n’ai pas de raison particulière de vouloir faire ça. Quand je pense à passer à l’acte, je pense au suicide. La mort ne m’effraie pas. Pas plus que les conséquences de mes actes. c’est-à-dire le tort que je pourrais faire aux autres et le chagrin que je pourrais causer à ma famille, surtout à mes parents. Si je suis toujours de ce monde, c’est parce que je veux leur éviter la tristesse de perdre un enfant. Ils auraient sûrement de la peine à s’en remettre, même si je m’aperçois que je compte très peu pour eux. J’ai entendu dire à la suite d’un suicide: «Qu’a-t-il bien pu penser? A-t-il songé à ses parents?» Dans ces moments-là, on n’y songe pas, absolument plus rien ne compte.

A chaque fois que j’entre dans ces phases suicidaires, j’ai sans cesse des images tirées du livre de Stephen King « Rage » qui me passent par la tête, ou des images de mes films favoris. La violence passe donc forcément par les médias. Je sais que j’ai passé mon enfance devant la TV à voir toutes sortes d’horreur et en me faisant un jeu d’en rire comme mon père alors que ma mère poussait des « oh! » qui me semblaient la tare des faibles d’esprit. J’ai appris à domestiquer mes craintes, à aimer le sang. Il m’arrive parfois de penser que je ne passerais pas le cap des 30 ans sans avoir tué quelqu’un, constatation qui ne me fait pas plus réfléchir qu’une autre ou qui me terrifie littéralement selon mon humeur.

Je ne vois pas comment diminuer la violence alors qu’elle s’exhibe partout, mais je sais que quand on décide de faire ça, les conséquences et la morale n’existent plus. Ce qui facilite grandement les choses.»

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Largeur.com ignore l’identité de trUSt