Un chercheur américain a inventé la télévision à pédale: quand on la regarde, on perd des calories. Mais la vraie leçon est ailleurs.
Je n’ai jamais eu de problème de poids. Une chance. Plusieurs de mes amies sont terrifiées chaque année à l’approche de l’été. Elles se précipitent sur tous les magazines féminins qui leur tombent sous la main dans l’espoir d’y trouver un régime miraculeux. Enfin, elles savent bien que la méthode miracle n’existe pas. Mais elles achètent tout de même ces magazines et se retrouvent systématiquement culpabilisées par des images de silhouettes ultrafines.
C’est devenu une obsession. Mes amies ne parlent plus que de régime. Surtout Alexia, qui est aussi rondelette que les sommes qu’elle dépense en crèmes amincissantes.
A chaque fois que je la vois, Alexia s’arrange pour orienter la conversation vers les calories, les salades et les maillots de bains. Ses remarques m’ennuient à mourir, je ne sais jamais que répondre.
Par bonheur, j’ai lu le Figaro ce matin. J’y ai trouvé une anecdote que je pourrai lui raconter la prochaine fois que je la verrai. C’est une dépêche de l’agence Associated Press qui annonce la découverte étonnante d’un scientifique new-yorkais: le Dr Dave Allison a mis au point un système permettant à ses patients de maigrir en regardant la télévision.
Spécialiste de l’obésité, ce chercheur au Saint Luke’s Roosevelt Hospital de New York a simplement branché un téléviseur sur un vélo d’appartement. Si le patient s’arrête de pédaler, le poste s’éteint.
Ce dispositif paraît absurde, il ne l’est pas tant que ça. On sait que le manque d’exercice physique associé à une alimentation déséquilibrée constitue l’un des principaux facteurs d’obésité dans les sociétés occidentales.
Le Dr Allison a constaté que la plupart des enfants obèses avaient pris du poids en passant des heures devant le poste à se gaver de junk food. Son système permet aux parents de leur imposer un régime strict: si tu veux regarder la télé, tu pédales.
L’institut national de la santé américain (NIH) a pris l’idée suffisamment au sérieux pour financer l’installation de six téléviseurs à pédale chez des jeunes obèses âgés de 8 à 12 ans. Après deux mois et demi, les cobayes avaient brûlé environ 2% de leurs graisses en pédalant environ une heure par semaine. Autant dire qu’ils n’avaient quasiment pas maigri.
Mais la bonne surprise est ailleurs: grâce à l’invention du Dr Allison, les six obèses avaient nettement réduit leur consommation de télévision. Une heure par semaine, c’est vingt fois moins que la moyenne.
Je vais raconter cette histoire à Alexia. La prochaine fois qu’elle me parlera de calories et de salades, je lui expliquerai l’invention du Dr Allison, en espérant qu’elle en retienne le seul message qui mérite d’être retenu. Que la télévision fait grossir.
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Dominique Page, journaliste, pèse environ 60 kilos