Les projets de journaux dominicaux se multiplient. En Suisse romande, «dimanche.ch» paraîtra dès la fin novembre tandis qu’en France, le très populaire Parisien vient de lancer son édition du dimanche.
La presse francophone s’enthousiasme pour le dimanche. En Suisse romande, au moins un nouveau journal dominical viendra s’ajouter au Matin dans les mois qui viennent. «dimanche.ch», lancé par le groupe Ringier, sortira le 21 ou le 28 novembre et coûtera un franc. Le Temps, quotidien national basé à Genève, réfléchit quant à lui à une parution dominicale. Une maquette et un cadre rédactionnel sont en cours d’élaboration. On saura à la fin novembre si le projet se concrétisera.
En France aussi, les projets dominicaux se multiplient. Après le journal sportif L’Equipe, voici le très populaire Parisien qui étale depuis le week-end dernier dans les kiosques sa toute nouvelle édition du septième jour. De fait, le quasi-monopole dont bénéficiait Le Journal du Dimanche, véritable institution du groupe Hachette-Filipacchi, s’effondre.
C’est la presse locale de l’ouest de la France qui a initié le mouvement en lançant, fin 1997, DOF (Dimanche Ouest France). Pressés par cette nouvelle concurrence, plusieurs journaux départementaux – Le Courrier de l’Ouest du groupe Hersant, Presse-Océan, Le Maine libre au Mans ainsi que Le Télégramme de Brest – se lancent au même moment dans la bataille. Tous ont choisi, pour leur édition dominicale, un nom légèrement différent, les quotidiens n’ayant théoriquement pas le droit, en France, de paraître sept jours sur sept.
Avec la presse dominicale, un véritable marché, sous-exploité jusqu’alors, est découvert: 1 million de journaux supplémentaires se vend désormais chaque dimanche, soit près de quatre millions en tout. L’Equipe tire à plus de 200’000 exemplaires chaque dimanche. Dimanche Ouest France aussi.
Le secteur s’aperçoit que les habitudes de lecture ont vite changé et que les éditions dominicales se vendent bien. Ce qui incite aujourd’hui la presse nationale et parisienne à s’engouffrer dans la niche. Le groupe de presse Amaury, qui a réussi un joli coup avec L’Equipe-Dimanche, au départ destiné à ne durer que le temps de la Coupe du monde de foot en 1998, a mûrement réfléchi son projet du Parisien-Dimanche. Cette édition ne se distingue pas vraiment de celles de la semaine, le groupe ne cherchant pas à séduire un lectorat différent ce jour-là. Il s’agit d’un journal de proximité, plutôt people, dont la recette, jusqu’ici, a fait ses preuves. Avec, en prime, des pages sport très exhaustives, et un prix un peu plus élevé que durant la semaine: 6 francs français (1,50 franc suisse) au lieu de cinq habituellement.
La distribution reste un problème: actuellement, près d’un point de vente sur deux est fermé le dimanche dans la capitale. Le groupe Amaury espère bien, si ses ventes augmentent, faire pression sur les diffuseurs et obtenir l’ouverture de kiosques supplémentaires. D’autant plus que d’autres titres, nationaux cette fois, sont en train de s’intéresser très sérieusement à la question.
Attaqués sur leur terrain, les anciens monopoles organisent la riposte. En Suisse, Le Matin prépare une refonte complète de son édition dominicale. En France, le Journal du Dimanche a déjà réagi: il a d’abord doublé ses pages sportives, ajouté un supplément féminin gratuit (intitulé «Femina»), un cahier «Paris». Après le lancement d’une une nouvelle formule ce printemps, le JDD s’est offert une campagne de pub sans précédent. La direction du journal espère que, compte tenu de la croissance générale du lectorat le dimanche, tout le monde parviendra à se faire une place au soleil. Le JDD tente de se démarquer de ses concurrents en visant une clientèle plus haut de gamme, en affichant un prix plus élevé. Il est pour l’instant difficile de déterminer quel titre gagnera des lecteurs, et au détriment de quel autre.
Selon les accords signés avec les syndicats, vingt-cinq journalistes devraient être embauchés à la rédaction du Parisien, autant à cause de cette nouvelle édition dominicale que pour les 35 heures.
La rédaction de «dimanche.ch» emploie pour sa part une douzaine de journalistes. En Suisse romande, les observateurs (comme François Gross récemment ici) estiment qu’il n’y a pas de place pour trois journaux dominicaux. C’est ce que l’on entendait aussi en France il y a quelques mois. Aujourd’hui, tous les groupes de presse entendent profiter de ce nouveau filon pour se développer. L’augmentation de la demande suit parfois celle de l’offre…