On savait que les animaux soumis à un régime faible en calories ont une longévité accrue. La première étude sur l’homme vient d’être dirigée par un Vaudois au Etats-Unis. Résultats prometteurs.
Il a été démontré qu’une réduction des calories consommées par un animal allonge d’autant sa longévité. Qu’en est-il chez les humains?
En 2002, Largeur.com s’était intéressé à Eric Ravussin, un biologiste vaudois spécialiste des liens entre obésité et durée de vie. Il venait alors de recevoir 12,4 millions de dollars du gouvernement américain pour tenter, précisément, de répondre à la question: manger moins permet-t-il de vivre plus longtemps?
C’est au Centre de recherche biomédicale Pennington de l’Université d’Etat de la Louisiane, à Baton Rouge, qu’il a mené la recherche dont les résultats viennent de paraître dans la dernière édition du Journal of the American Medical Association (JAMA). Des résultats qui ont fait la une d’une presse américaine très friande d’informations relatives aux problèmes liés au vieillissement.
Alléger son assiette allonge-t-il la vie? Le point d’interrogation subsiste. La démonstration demandera encore beaucoup de temps mais les éléments mis en évidence à Baton Rouge ont permis d’avancer.
L’étude a porté sur 48 personnes, non obèses mais en léger surpoids. Elles ont été suivies après une distribution (randomisation) en quatre groupes: dans un premier groupe, le nombre de calories absorbées quotidiennement était réduit de 25%. Dans un deuxième, le nombre de calories était réduit de 12,5%, alors que l’activité physique était augmentée de 12,5%, cinq jours par semaine. Dans le troisième groupe, les participant absorbaient sous forme liquide un total de 890 calories par jour pendant 3 mois jusqu’à atteindre une réduction de poids de l’ordre de 15%.
Pendant les trois autres mois, ce dernier groupe faisait l’objet d’un suivi pour maintenir le poids perdu. Le quatrième groupe a été utilisé comme groupe témoin dont la tâche était simplement de surveiller son poids.
Les chercheurs ont mesuré régulièrement, entre autres, le poids des sujets, leur taux de glucose, d’insuline, de dehydroepiandrosterone (DHEA) ainsi que leur température corporelle et la dégradation de l’ADN (marqueur du vieillissement tissulaire).
Après six mois d’observation, on a constaté que les sujets ayant reçu une basse ration calorique quotidienne (troisième groupe) ont vu leur taux d’insuline diminuer et leur métabolisme ralentir.
Ce sont là des modifications extrêmement prometteuses dans la mesure où les auteurs de l’étude les associent à une augmentation de la durée de vie. En effet, le régime hypocalorique induit des changements métaboliques considérés comme des marqueurs de longévité. Ce qui avait déjà été observé chez les souris, par exemple.
«Pour la première fois, on a la preuve que manger moins peut prolonger la vie», affirme Eric Ravussin. Il souligne cependant que «ces résultats, bien qu’intéressants, doivent toutefois être qualifiés de préliminaires. Il faudra procéder à des études à long terme pour voir vraiment si les effets bénéfiques d’une diète réduite en calorie peut prolonger la vie des gens».
Que mettre dans son assiette durant les quelques années qui nous séparent de la preuve en bonne et due forme de ce lien de causalité entre privation calorique et longévité? Appliquer le principe de précaution et se priver pour espérer prolonger ainsi sa vie ou, se gaver, en attendant l’étude qui mettra en évidence une relation entre plaisir gustatif et longévité?
C’est oublier une troisième voie évoquée par Léonie Heilbronn, membre de l’équipe de recherche: «Il est difficile d’adopter un régime faible en calories dans une société comme la nôtre où la nourriture est offerte à tout moment, en abondance. Mais il n’est pas exclu que nous arrivions à déceler et à manipuler des gênes qui imitent l’effet d’une alimentation faible en calories».
