Le groupe, qui multiplie les concerts et les animations paroissiales, sort un deuxième album. Sa foi ne fléchit pas.
Très populaire aux Etats-Unis, où il remplit les stades, le rock chrétien est encore considéré comme une curiosité sous nos latitudes, où la ferveur religieuse paraît souvent incompatible avec la rock’n’roll attitude. Mais les choses commencent à changer. Le groupe genevois P.U.S.H., dont les initiales signifient pray until something happens (prie jusqu’à ce que quelque chose survienne) est animé d’une foi propre à briser les idées reçues.
Chrétiens convaincus pour la plupart, ses sept musiciens n’hésitent pas à mélanger leurs riffs de rock à des paroles tirées de psaumes. Une approche qui trouve son public: en deux ans à peine, le groupe a donné plus de quatre-vingts concerts en Suisse, France et Belgique. Il a aussi participé à d’innombrables animations paroissiales, tout en produisant un premier disque qui s’est vendu à trois mille exemplaires. Déjà enregistré, le deuxième album est sur le point de paraître.
A 28 ans, Fabrice Kaspar, chanteur et figure de proue du septuor, est convaincu de sa mission. «Notre but est de proposer une musique actuelle aux Eglises et aux croyants, dit-il. La foi doit s’adapter à son époque.»
Fabrice a fondé P.U.S.H. en 2002, dix ans après sa conversion au catholicisme. «Avant, je ne connaissais pas Dieu. Je suis entré par hasard dans une église avec un ami. Des jeunes priaient et chantaient. Je me suis joint à eux. Quelque chose m’a poussé à croire que tout était vrai. J’ai alors voulu me rapprocher de Jésus.»
Depuis ce jour, Fabrice se rend aux rassemblements à l’église du Sacré-Coeur, à Genève, et se met à la guitare pour accompagner les chants. Après quatre ans d’études bibliques dans un monastère, suivis d’animations dans des camps auprès de jeunes adultes, l’envie de partager sa foi à travers des chansons se fait impérieuse. «J’ai alors proposé à des musiciens professionnels de se joindre au projet. Même si les textes ne les interpellaient pas, tous ont accepté. Notre passion commune reste avant tout la musique. Nos parcours religieux sont très divers: Sibyl, l’une des choristes, est réformée, alors que l’autre, Aloïs, est évangélique, tout comme Yves le bassiste. Notre batteur, Rémi, est agnostique et Olivier, notre saxophoniste, méthodiste. Quant à Pablo, le guitariste, il n’est pas engagé!»
Ces divergences religieuses ne semblent pas susciter de tensions au sein du groupe. «On se respecte, assure Fabrice. Par exemple, j’adapte mon langage lorsque je vais dans un temple. Et nous ne passons pas notre temps à parler de religion. Nous sommes un groupe comme les autres: nous discutons surtout de musique, de nos concerts et de nos projets. Sans oublier de rire et de déconner!» Des moments de détente nécessaires pour les sept musiciens. Car chacun exerce en parallèle du groupe une autre activité professionnelle, ou poursuit des études. Le chanteur est lui-même animateur socioculturel pour personnes handicapées.
Après le premier disque, «Post tenebras lux», sorti en avril 2003, le lancement du deuxième album devrait permettre au groupe d’élargir son public. Les titres consacrés à l’expression de la foi (de «Dieu est pour nous» à «Le Seigneur est ma lumière») laissent la place à des compositions aux thématiques plus variées. «Le vocabulaire biblique est un peu réducteur, admet Fabrice Kaspar. Cette fois-ci, j’ai donc voulu écrire des textes très divers, qui parlent d’amour, de la vie, et de tous les autres sentiments que je ressens et qui me touchent. Cela va nous permettre de jouer dans d’autres endroits et d’atteindre ainsi un public plus large. Mais je ne cesserai pas de parler de la foi dans mes chansons. Car la foi représente un immense trésor que j’ai reçu et que je cherche à garder précieusement.»
Fabrice, qui reconnaît les influences sur son travail de musiciens tels que Jamiroquai, Eric Clapton et Sinclair, est convaincu du pouvoir rassembleur de ses compositions. «Nous devons nous adapter à notre public qui est très éclectique. Je crois d’ailleurs que l’église est l’un des derniers lieux qui peut réunir toutes les catégories d’âge au même moment. Que ce soit aux Journées mondiales de la jeunesse à Cologne cet été, ou lors d’une messe à Genève, les gens participent et chantent avec nous. D’autres s’expriment sur notre forum. Une personne nous a même écrit du Pérou. Les seuls à se montrer encore un peu frileux sont les distributeurs. Ils craignent que ça ne marche pas.» Les musiciens de P.U.S.H., quant à eux, ne semblent douter de rien. Ils multiplient les concerts et les enregistrements avec la même énergie. On appelle ça avoir la foi.
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«Accusé à tort». En vente sur www.push-music.net
Genève. Eglise du Lignon, le 29 à 11 h. Eglise Sainte-Marie-du-Peuple, le 29 à 17 h.
