LATITUDES

Les genoux suspects de Saint-Nicolas

Comme chaque sixième jour de décembre, les Saint-Nicolas vont aujourd’hui rendre visite aux enfants. Mais à Zurich, ils n’ont plus le droit de les prendre sur les genoux. Délire politiquement correct ou paranoïa?

L’association zurichoise des Saint-Nicolas (la plus grande de Suisse) vient d’édicter une surprenante interdiction pour protéger ses membres d’accusations de pédophilie: les quelque cent Saint-Nicolas et Pères Fouettard zurichois ne pourront plus inviter les enfants à venir s’asseoir sur leurs genoux, comme il le faisaient jusqu’à présent.

L’année dernière en effet, une poignée de parents ont annoncé leur souhait de voir cette pratique s’arrêter.

Le thème de la pédophilie devient extrêmement sensible, au point de virer parfois à la paranoïa. C’est du moins ce que pense le président de l’association, Walter Furrer, qui regrette qu’une telle mesure ait été nécessaire: il a précisé que jusqu’ici aucun dérapage n’avait été signalé et que la mesure était purement préventive.

Cette mesure vise donc plus à protéger les adultes déguisés en Saint-Nicolas contre des plaintes de parents que les enfants contre d’éventuels attouchements douteux.

Curieux retournement de situation. Jusqu’ici, Saint-Nicolas était considéré comme le protecteur et patron des enfants, l’un des saints les plus populaires du calendrier chrétien. Né en l’an 270, en Asie Mineure, il était évêque de Myre et, selon la légende, avait ressuscité trois petits enfants égorgés. Il mourut le 6 décembre 343, victime de persécutions sous l’empire romain.

La tradition veut que, revêtu du manteau épiscopal rouge et portant la crosse, il distribue des cadeaux aux enfants sages. Il est souvent accompagné du Père Fouettard, vêtu d’un grand manteau noir et de grosse bottes, chargé quant à lui de distribuer des coups de trique aux enfants désobéissants.

Ce mardi, les Saint-Nicolas et Pères Fouettard zurichois perpétueront la tradition en rendant visite, comme chaque année, à plus de 1’000 familles et homes du canton. Si les parents en formulent explicitement le souhait, le «Samichlaus» pourra, exceptionnellement, déroger au nouveau réglement et prendre le risque de mettre l’enfant sur ses genoux. A condition qu’il ait été sage.