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Un axe entre la mer Noire et Washington

L’Europe n’a pas su capter les potentialités extraordinaires de pays comme la Géorgie ou la Roumanie. Les Etats-Unis ont été plus rapides. Et plus efficaces.

La recette est vieille comme le monde: quand un politicien ne sait pas quelle solution apporter aux innombrables problèmes de politique intérieure qui se présentent à son gouvernement, il se tourne vers la politique étrangère.

Dans le passé, ce fut le plus souvent en recourant à la guerre contre un ennemi prétendument héréditaire soigneusement cultivé par les officines de propagande.

Aujourd’hui, la guerre étant passée de mode dans certaines régions, c’est en recourant à la gesticulation diplomatique que l’on tente de détourner l’attention du bon peuple.

Regardez ce qui se passe autour de la mer Noire. Dix-huit mois après la victoire de Michael Saakachvili, la triomphale visite en Géorgie de George W. Bush témoigne non seulement de l’affection que porte le président américain à cette ex-colonie russe mais elle permet aussi au fringant président géorgien de ne pas trop s’attarder sur son propre bilan.

Le lendemain, il reprend la parole devant les médias internationaux pour proposer un «nouveau Yalta», en réalité un renversement du Yalta d’il y a soixante ans pour assurer la liberté et la démocratie dans les pays alors congelés par l’accord passé entre Roosevelt, Churchill et Staline.

Le progrès dans l’affaire? Il est immense pour les habitants de la contrée, car il y a quelques années seulement, un président nationaliste géorgien n’aurait pas hésité à tomber à bras raccourcis sur ses voisins arméniens pour faire diversion.

Sur l’autre rive de cette même mer Noire, en Roumanie, Traian Basescu, au pouvoir depuis six mois, n’agit pas autrement. Faute de majorité parlementaire, ses initiatives en politique intérieure sont battue en brèche par les partisans de l’ex président Iliescu qui tiennent 7 postes sur 9 à la Cour Constitutionnelle — c’est pratique pour faire annuler les lois déplaisantes!

Si l’on ajoute à cela le fait que 90% des postes de chefs de service de l’administration centrale sont aux mains de militants-fonctionnaires dévoués à l’ancien chef de l’Etat, la marge de manœuvre du nouveau pouvoir apparaît dans sa triste réalité, proche de zéro.

En d’autres temps, un pouvoir aussi fable en politique intérieure se serait hâté de susciter quelques incidents avec les Hongrois de Transylvanie pour faire oublier sa propre impuissance. Mais aujourd’hui, alors que le pays est membre de l’OTAN et sur le dernier escalier menant à l’Union européenne, une recette aussi grossière n’est plus de mise.

Traian Basescu s’est alors souvenu de ses origines et de son passé de capitaine de navire de la flotte marchande. Cette Roumanie que l’on ne décrit qu’embourbée dans sa ruralité a aussi un littoral, un port important, Constana, dont le président est natif. C’est ce port que les Américains ont choisi pour implanter leurs bases militaires appelées à surveiller la région et à servir de relais pour le Moyen Orient.

Or donc, peu après son arrivée au pouvoir, Traian Basescu dévoile les lignes principales de sa politique étrangère: il veut développer un «axe» Bucarest-Londres-Washington et mettre en évidence l’importance de la mer Noire en développant le partenariat des Etats riverains, avec une prédilection pour les «révolutionnaires» récents, Géorgie et Ukraine.

Que ces prises de position, de même que l’effondrement des régimes para-communistes, soient le résultat d’un travail lent, méthodique et tenace des services américains privés et publics est l’évidence même. On aurait aimé que l’Union européenne — ou en tout cas certains de ses partisans — voie aussi loin que les Américains et se donne les moyens de capter les potentialités extraordinaires de cette partie du monde.

Il est désormais trop tard pour le regretter et si Traian Basescu a raison sur un point, c’est bien sur le fait que les Etats-Unis seront la puissance dominante en Europe orientale pour les prochaines décennies.

L’Union européenne devra, elle, se contenter de jouer les sœurs de saint Vincent-de-Paul en distribuant quelques gâteries à des populations vouées — malgré le grand jeu diplomatique — à vivre dans la misère et le dénuement.

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