TECHNOPHILE

…fansubbers… nanopublications… blogs à Davos…

Tous les phénomènes futuristes qui comptent cette quinzaine: c’est l’hyper-revue de presse de Largeur.com.

Panique chez les fansubbers

Les fansubbers ne demandaient qu’une chose: qu’on leur fiche la paix. Comme le raconte news.com, ces milliers d’internautes étaient persuadés de ne déranger personne et qu’il pourraient s’adonner tranquillement à leur passion: la traduction et le sous-titrage bénévole de séries et de films d’animation japonais.

Depuis des années, les fansubbers vivaient en harmonie avec les producteurs nippons, qui n’exportaient que rarement leurs créations vers l’étranger.

Sous-titrés et diffusés sur les réseaux d’échange, ces séries bénéficiaient d’une promotion planétaire gratuite. Lorsqu’une société américaine achetait les droits pour diffuser les épisodes en DVD ou sur le câble, les fansubbers les retiraient de leurs réseaux, et tout le monde y trouvait son compte.

Depuis les années 80, les fans d’anime forment une communauté fourmillante. A l’époque, les cassettes VHS s’échangeaient sous le manteau dans les collèges et les universités. Mais avec l’arrivée d’internet, le phénomène a pris une ampleur considérable: les groupes se sont organisés et comptent leurs propres traducteurs, sous-titreurs et spécialistes de l’encodage vidéo.

Tragique rebondissement dans la belle histoire des fansubbers: une société de production vient d’adresser une lettre menaçante à quelques-uns des ces groupes pour leur ordonner de cesser leurs activités. Pour beaucoup, comme Nikolai Nolan, étudiant américain de 22 ans à la tête de Anime Faith, les producteurs ne gagneront rien à dénoncer cet accord tacite. Il n’entend d’ailleurs pas y répondre pour l’instant.

JPG Magazine, la nanopublication qui marche

Heather Champ et Derek Powazek avaient déjà leur petite réputation parmi les photoblogueurs il y a quelques années.

Mais lorsqu’ils annoncèrent leur mariage, les deux moitiés de la blogosphère lâchaient une larme d’émotion, chacune à leur façon: Derek avait trouvé la muse qui manquait à son photoblog, superbe mais un peu bluesy. Et le cœur d’Heather, la créatrice séduisante et survoltée de The Mirror Project, n’était plus à prendre.

Le fruit de cette union californienne, encore frêle mais plein de belles promesses, vient de voir le jour. JPG Magazine a bien un air de famille, tout en photos numériques à l’esthétique léchée.

Pourtant, difformité incongrue pour une progéniture de photoblogueurs, il est imprimé sur du papier glacé.

Les amateurs du monde entier sont invités à soumettre leurs œuvres, sur un thème différent pour chaque édition.

Le couple choisit et met en page les images et sous-traite tout le reste à lulu.com, une société d’édition spécialisée qui imprime, facture et envoie les livres commandés. Selon le principe de la nanopublication, les exemplaires sont produits aussitôt la commande passée, ce qui évite la gestion des stocks.

Lulu.com publie aujourd’hui plus de 14’000 livres selon ce modèle, en ne facturant aux auteurs qu’une commission sur les ouvrages vendus.

Si les titres de quelques-unes des 100 meilleures ventes de Lulu peuvent prêter à sourire, comme «Le guide de la cuisine qui guérit le cancer» ou «George Bush est-il l’Antéchrist?», le principe économique qui se cache derrière la nanopublication est à prendre, lui, beaucoup plus au sérieux.

Comme l’explique le magazine Wired, les petite ventes pourraient bien faire de grosses fortunes. Une librairie Fnac, ou Barnes and Noble aux Etats-Unis, compte généralement 130’000 titres alors qu’Amazon.com en propose 800’000 (et 400’000 de plus en France).

Or, plus de la moitié des ventes d’Amazon viennent des titres qui ne sont pas classés parmi les 130’000 premiers. La conclusion ne manquera pas d’encourager Heather et Derek: les livres les plus demandés sont bien ceux qui ne se trouvent pas en librairie.

Les blogueurs s’embourgeoisent

Cette année, les blogueurs étaient invités à Davos. Pas juste tolérés, assis sur un coin de canapé pour regarder passer les stars, mais vraiment invités, avec le badge et l’iPaq gratuit pour s’envoyer des messages, comme le raconte délicieusement Justin Vaisse.

Loïc Le Meur, lui aussi, était de la partie. Ce jeune entrepreneur français est le représentant pour l’Europe de Six Apart, société américaine qui héberge notamment la solution payante de blogs Typepad.

Il n’était d’ailleurs pas venu pour bloguer. Ou juste un peu, pour raconter à quel point Carole Bouquet est sympathique et les vins de Gérard délicieux.

Loïc était là pour défendre sa cause: les blogs, c’est un business en or. Malgré le côté un peu rantanplan de certaines de ses interventions sur son site personnel, Loïc sait de quoi il parle: Six Apart est passé de 5 à 80 employés en un an et hébergerait près de cinq millions de blogs.

A l’en croire, «sa session sur les blogs» a été très appréciée des davosiens, même s’il n’a pas réussi à convaincre Michael Dell d’ouvrir le sien.