TECHNOPHILE

Toujours plus grand, toujours plus haut

L’étude de la taille humaine est riche en enseignements: on y apprend qu’en moyenne, les grands gagnent plus que les petits. Et que les Européens ont dépassé les Américains. Size matters!

L’humain moyen ne cesse de grandir, et sa croissance pose des problèmes inédits. Adrien s’en est rendu compte en rentrant en train de Berlin: le wagon-couchette était bien trop petit pour ses 191 centimètres; il s’est juré de ne jamais renouveler l’expérience (de son côté, son père a renoncé aux concerts sans places assises: ses 176 centimètres ne lui permettent plus de voir la scène quand des jeunes spectateurs se trouvent devant lui.)

Un peu partout, à l’instar d’Adrien, des adultes se trouvent confrontés à des problèmes liés à leur grande taille, notamment avec les lits d’hôtels ou les fauteuils de cinéma. Ces inconvénients sont heureusement compensés par autant d’avantages: on dit que les grands ont plus de succès dans leurs conquêtes amoureuses et dans les parcours politiques (seuls cinq présidents américains sur 43 étaient plus petits que la moyenne nationale). Plus surprenant: dans l’échelle des salaires, chaque tranche de 2,5 cm en dessus de la moyenne rapporte 700 euros supplémentaires, selon une recherche récente.

L’étude de la taille est riche en enseignements. Elle est même devenue une science: l’auxologie (de augere, faire croître en latin). En 1829 déjà, le physicien et statisticien français Louis-René Villermé constatait que «la misère produit des peuples petits». Un constat qui a été vérifié par Robert Fogel, le prix Nobel d’économie de 1993.

Aujourd’hui, le pape de l’auxologie se nomme John Komlos. Ce spécialiste de l’anthropométrie historique, né en Hongrie en 1944, a souffert durant toute son enfance de malnutrition, ce qui expliquerait sa petite taille d’adulte.

Devenu professeur à l’Institut d’histoire économique de Münich, il a écrit plusieurs publications qui font référence, dont «L’énigmatique évolution de la taille de la population américaine au cours du XXe siècle».

«En moins d’un demi-siècle, observe-t-il, la morphologie de la population américaine a subi une véritable métamorphose: alors qu’ils étaient encore les plus grands du monde peu après la Seconde guerre mondiale, les Américains se sont fait rattraper», notamment par les Européens.

Cette évolution a intrigué le New Yorker, dans un article intitulé «The Height Gap». Si la taille est effectivement, comme l’affirme Komlos, un excellent indicateur de la qualité de vie (ce concept multidimensionnel, objet de redéfinitions perpétuelles) alors celle des Américains serait donc en baisse? Le débat est ouvert.

Depuis la chute du Mur de Berlin, des chercheurs ont aussi observé et comparé l’évolution de la taille des ex-Allemands de l’Est avec celle de leurs concitoyens de l’Ouest. Résultat: en dix ans, les «Ossies» ont rattrapé l’écart de 2 centimètres qui les séparaient des «Wessies» avant la cialis dosage maximum.

A l’échelon international, ce sont les Hollandais qui détiennent la moyenne la plus élevée avec 1m82 pour les hommes. Les Japonais ont crû énormément ces dernières décennies, ainsi que les Européens du Sud qui se rapprochent de ceux du Nord.

Les grands perdants sont ainsi les Américains qui s’épaississent et rapetissent. Au point que chez eux, à l’inverse de la tendance générale, les trentenaires sont désormais en moyenne plus grands que les 20 ans, pour la première fois dans l’histoire récente des Etats-Unis.

En ce qui concerne nos contrées, les auxologues estiment qu’avec des conditions de nutrition et de soins optimales, les enfants de nos enfants vont encore dépasser leur parents et qu’alors, on aura atteint la limite biologique empêchant d’aller plus haut.