Il faut plus de végétation dans les villes et les communes suisses. Mais le type d’essences, la quantité, ainsi que l’emplacement adéquat pour ces végétaux font encore souvent débat. Présentation des projets de trois professionnels.
Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine L’Environnement. Abonnez vous gratuitement ici.
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La ville de Saint-Gall mène aujourd’hui une approche très verte grâce à sa charte «Grünes Gallustal». Lucerne arbore le label Or de l’organisme Villeverte Suisse et en applique les principes. Dans le cadre d’un projet pour un développement territorial durable encouragé par la Confédération, Yverdon-les-Bains s’attache à ce que chacun et chacune ait accès à un espace vert attrayant situé à cinq minutes de son logement ou de son lieu de travail.
Espaces publics à cinq minutes de chez vous
La principale caractéristique du travail pour la ville d’Yverdon-les-Bains que semble apprécier Julie Riedo: «La diversité». En tant que cheffe du projet «Espaces publics à 5 minutes de chaque Yverdonnois·e», ses tâches sont variées. Elles vont du nouvel agencement d’un site, par exemple avec des bancs, des chaises longues, des parasols ou un terrain de pétanque, au plan directeur des espaces publics pour le futur, en passant par les micros-trottoirs ou les sondages en ligne visant à identifier les besoins de la population, ou encore le réaménagement complet d’un lieu.
Cette architecte de formation mène toutes ces activités dans le cadre d’un projet pilote pour un développement territorial durable encouragé par la Confédération qui soutient des projets jusqu’à 2024. «Nous voulons améliorer la qualité de vie, et donc la santé, des individus vivant dans les quartiers actuels et futurs.» «Notamment en encourageant la pratique des activités de plein air.» Ainsi la population urbaine n’a plus systématiquement besoin de se rendre en périphérie urbaine pour se détendre. Ceci est d’autant plus important pour les personnes à mobilité réduite ou celles en charge du «care» qui ont besoin d’une grande proximité avec les installations. La responsable du projet elle-même ne pourrait pas se passer d’espaces publics, dans lesquels elle prend l’air au quotidien.
L’urbaniste place les gens au premier plan, elle tient donc à ce que la ville appartienne à tous. «L’espace public doit être attrayant pour que tout le monde ait envie de passer du temps en plein air.» L’art, les manifestations culturelles et les possibilités de rencontre doivent contribuer à cette dynamique. Et bien sûr la verdure sous toutes ses formes : des arbres dans les rues, des espaces de détente végétalisés, des surfaces pour jardiner et récolter, des sites où la biodiversité est favorisée et des paysages agréables à contempler. Le projet a identifié 150 surfaces urbaines qui pourraient être entièrement ou partiellement réaménagées. «Notre but est que toutes les personnes qui vivent ou travaillent en ville puissent rejoindre rapidement un lieu de détente qui réponde à leurs besoins.»
Toujours au cœur de l’action
Organiser, coordonner et communiquer – c’est ce qu’aime Valentin Brändle. Chez Stadtgrün Luzern, il s’emploie à réaménager et restructurer les espaces verts. Parallèlement à ses autres tâches, il dirige actuellement quatre projets. L’un d’entre eux est un nouveau jardin de la biodiversité. «Cet espace montrera à la population comment concevoir des surfaces semi-naturelles », précise-t-il. Sur 3670 m², le jardin proposera notamment une zone humide, des plates-bandes de plantes sauvages, des murs en pierres sèches, un minivignoble et un jardin communautaire.
Ce nouvel espace vert est un projet commun de Stadtgrün, du service de protection de l’environnement et de la population du quartier: les jardiniers de différentes équipes de Stadtgrün construiront des places en pierres naturelles et des murs en pierres sèches avec leurs apprentis, la pépinière communale certifiée bio fournira les plantes et la population du quartier pourra contribuer à les planter.
Valentin Brändle se voit comme le «trait d’union entre la politique, les spécialistes et le public». Il demande des crédits d’étude et de réalisation, met la planification et la mise en œuvre au concours, coordonne les spécialistes qui conçoivent et réalisent les projets ou entretiennent les créations. Il lui tient à cœur d’informer rapidement la population sur les projets envisagés et de l’y associer.
Les décisionnaires politiques ainsi que le personnel des équipes d’entretien et de production horticole de la ville de Lucerne s’engagent depuis longtemps pour la nature en ville. Depuis 2019, 46000 m² d’espaces verts communaux ont été réaménagés de façon seminaturelle avec des prairies de fleurs sauvages, des plantes sauvages, des tas de pierres et de branches ainsi que des petits plans d’eau. Chaque année, la pépinière communale produit pour son propre usage plus de 180000 plantes à fleurs, arbustes, plantes sauvages et arbres selon des critères biologiques. Ce ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles la ville de Lucerne s’est vu décerner le label Villeverte Suisse: l’argent en 2017 et l’or en 2022. Valentin Brändle a coordonné le processus de certification, des préparatifs à l’audit en passant par la documentation.
Une vision pour plus de végétation en ville
Lukas Indermaur aime son travail. En tant que directeur du WWF Saint-Gall, il s’engage pour la nature, une mission qui lui paraît indispensable. «À Saint-Gall, cela fait longtemps que nous agissons pour la protection des arbres, explique-t-il. Nous avons par exemple réussi à protéger un gigantesque chêne commun vieux de 150 ans.» Lui et ses compagnons de lutte ont cependant constaté une raréfaction progressive des arbres à Saint-Gall.
«La municipalité de Saint-Gall, n’a pas de plan directeur concernant la nature en ville, l’adaptation aux changements climatiques et la promotion des espaces ouverts.» C’est pour répondre à ce manque qu’est née la charte écologique détaillée «Grünes Gallustal», initiée par le WWF Saint-Gall et encadrée par le cabinet GSI Architekten. Cet ouvrage en 14 volumes révèle le potentiel de verdure à Saint-Gall et comment le concrétiser.
«Nous voulons ramener la nature en ville», explique Lukas Indermaur. Il faudrait que les arbres ombragent environ un quart du territoire urbain. Il faut veiller à la diversité des essences. La végétalisation seminaturelle rend en effet l’espace public plus attrayant pour la population. «Une situation gagnant-gagnant», ajoute Lukas Indermaur.
On note la présence de nombreux visuels dans la charte «Grünes Gallustal». Le spécialiste explique que la vidéo et les nombreuses photos avant-après doivent donner envie à la population. Et cela semble fonctionner.«Les premiers projets ont déjà été lancés ou mis en œuvre à l’initiative de la population et de la Ville», se réjouit ce défenseur de la nature. L’Areal Bach, un lieu de rencontre verdoyant établi sur une ancienne friche déserte en est un exemple. Actuellement, le WWF Saint-Gall tente de convaincre les propriétaires privés de l’intérêt d’une végétalisation semi-naturelle.
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De la pratique pour la pratique
«Biodiversité et qualité paysagère en zone bâtie : Recommandations de dispositions de référence à l’intention des cantons et des communes» Cette publication de l’OFEV aide les cantons et les communes à intégrer davantage le thème de la biodiversité et de la qualité du paysage en milieu urbain dans leurs bases légales et leurs instruments de planification. Elle contient aussi des dispositions types qui peuvent être reprises et adaptées au besoin par les spécialistes compétents au sein des administrations cantonales et communales.