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Une nouvelle usine pour l’entreprise de recyclage chimique DePoly

Suite à une récente levée de fonds de plus de 12 millions de francs, la PME valaisanne monte en puissance et développe ses infrastructures. Reportage chez ce spécialiste sédunois du recyclage chimique du plastique.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans PME.

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Ils sont arrivés en 2020 avec une idée révolutionnaire: recycler chimiquement le plastique, qu’il provienne de textiles, d’emballages alimentaires sales ou de plastiques multicouches, sans prélavage ni tri, de manière peu énergivore. La méthode permet de créer du PET recyclé. Fondée par Samantha Anderson, Bardiya Valizadeh et Christopher Ireland, DePoly traite aujourd’hui 50 tonnes de déchets par an, et compte augmenter sa capacité de traitement à 500 tonnes par an d’ici 2025, grâce à la construction d’une nouvelle usine. L’entreprise détentrice de huit brevets a en effet conclu l’été dernier une nouvelle levée de fonds de 12,3 millions de francs, menée par le géant allemand BASF Venture Capital et le fond zurichois Founderful (ex-Wingman Ventures).

Recherche et développement

Proche de la gare de Sion, les bureaux de DePoly sont installés au cœur du campus Energypolis – complexe regroupant l’EPFL Valais, la HES-SO Valais et les services d’aide aux start-ups de la fondation The Ark. «DePoly est réparti entre deux sites aux alentours de Sion: nos bureaux à Energypolis et un site proche de Savièse avec notre usine pilote et notre laboratoire», explique Michael Lamotte, responsable marketing de l’entreprise.

Au bord de la rivière Sionne, c’est à l’étage d’un ancien bâtiment de la HES-SO Valais que l’entreprise conduit aujourd’hui sa R&D et ses analyses de qualité, tandis que son usine pilote est au rez-de-chaussée. Cette dernière vient de s’y installer, et est à nouveau opérationnel depuis mai. À côté des cuves, Samantha Anderson, directrice générale de DePoly, pointe le contenu de gros sacs: «Il s’agit des déchets broyés que des entreprises suisses nous donnent gratuitement. Elles y gagnent puisqu’ainsi, elles économisent le coût de l’incinération. Il y a du tissu – comme celui utilisé pour les vêtements de sport – et du plastique multicolore d’emballage.»

Cette matière est mélangée dans une cuve avec une solution chimique à base de quatre produits tenus secrets mais «durables et disponibles dans les magasins grand public». Par hydrolyse, c’est-à-dire grâce à l’ajout d’eau, la réaction dépolymérise le PET. «À partir des déchets broyés en petites paillettes, on obtient d’abord une sorte de bouillie grisâtre qui va être purifiée pour donner une pâte blanche similaire à de la peinture, explique la chimiste d’origine canadienne. On va ensuite en extraire le PTA sous la forme d’une poudre blanche et le MEG, un liquide transparent, qui nous permettent de produire du PET sans perte de qualité.» Ce plastique neuf à base de produits recyclés réduit ainsi de 66% l’énergie nécessaire à la production neuve. DePoly vend ensuite le matériau à une clientèle internationale constituée de groupes cosmétiques, d’entreprises textiles ou de producteurs d’emballages.

La technique de DePoly simplifie aussi le recyclage: en comparaison, les méthodes classiques nécessitent un tri précis, le lavage des déchets, leur broyage et enfin leur fonte pour obtenir un plastique qui, au bout de quelques cycles, perdra en qualité.

L’étage du bâtiment abrite les laboratoires de l’entreprise. Dans plusieurs salles en enfilade s’affichent les calculs sur des tableaux blancs, des matériaux broyés, et de nombreux appareils représentant plus de 500’000 francs d’investissement. DePoly continue aujourd’hui à développer sa technologie. «Nous essayons de trouver une méthode de recyclage des autres plastiques que le PET. Nous passons aussi par une phase de distillation, une technique qu’il serait intéressant d’améliorer pour réduire encore plus notre consommation d’énergie.»

Vitrine pour les investisseurs

Parallèlement, et grâce à sa récente levée de fonds, DePoly va construire une nouvelle usine, prévue pour début 2025, afin d’augmenter sa capacité de traitement. Cette vitrine servira à démontrer la viabilité du procédé afin d’attirer de nouveaux investisseurs. «Le changement d’échelle ne devrait pas poser de problème, dit Bardiya Valizadeh, directeur technique de l’entreprise. Notre procédé se fait à température ambiante avec des produits peu dangereux que l’on peut réutiliser, c’est une technologie légère et flexible.» La directrice Samantha Anderson renchérit : «Pendant le Covid, en télétravail, j’arrivais facilement à répliquer la réaction dans ma cuisine.»

A l’heure actuelle, DePoly se focalise sur la recherche et le développement de sa technologie de recyclage, pour assurer la réussite du changement d’échelle. Samantha Anderson vise un chiffre d’affaires d’environ 200’000 francs pour 2024. Des revenus qu’elle espère multiplier considérablement dès l’ouverture de son usine de démonstration. Avec la construction de sa nouvelle usine, DePoly – qui comptera vingt-cinq collaborateurs en juin –prévoit d’atteindre au total une trentaine d’employés d’ici la fin de l’année. «Nous voulons que notre technologie soit utilisée à travers le monde. Il ne s’agira pas de construire une énorme usine de recyclage en Europe et d’y acheminer tous les déchets du monde, la légèreté de notre solution lui permet d’être implantée presque partout. Il faudra à terme être présent là où les plus grandes quantités de déchets sont stockées, notamment à ciel ouvert, et nuisent aux populations et aux écosystèmes locaux.»