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Carlos Leal, entre deux continents

Depuis deux décennies, l’ancien chanteur et cofondateur du groupe hip-hop Sens Unik ne cesse de jouer dans des séries ou au cinéma, aux États-Unis et en Europe.

La musique a été son premier amour. Son premier triomphe aussi: dans les années 1990, avec le groupe lausannois Sens Unik, Carlos Leal sort neuf albums et gagne cinq disques d’or. Puis il se lance un nouveau défi: il monte sur les planches, à Lausanne, et tourne ses premiers films, dont Snow White qui lui vaut en 2006 le Swiss Film Award du meilleur acteur et le prestigieux Shooting Star à la Berlinale.

Pour l’amour du jeu, Carlos Leal déménage à Paris, où il suit les cours de l’Actor’s Studio, avant de s’installer à Los Angeles en 2012. Depuis, le Vaudois a notamment travaillé avec Al Pacino, Anne Hathaway, Willem Dafoe ou Mark Wahlberg. On l’a vu dans plus de 100 productions internationales, dont le James Bond Casino Royale et les séries The Rookie: Feds, Better Call Saul ou The L Word: Generation Q.

L’industrie du cinéma américain était à genoux. Entre les syndicats et les studios, rien n’allait plus. Avez-vous participé à la grève?

Carlos Leal: Oui, j’y ai participé à Los Angeles. Je fais partie des 160 000 acteurs et autres professionnels du cinéma représentés par le syndicat SAG-AFTRA. Je devais faire quelques épisodes pour une nouvelle série Marvel, mais je n’ai tourné qu’un seul jour, puis la grève a éclaté et le tournage s’est arrêté net. Il ne se passait plus rien, il n’y avait plus de castings. C’était un énorme manque à gagner, mais je suis fier d’avoir fait partie de ce mouvement qui est très important et qui pourrait déterminer l’avenir de beaucoup de professions artistiques.

Vous êtes toujours entre deux continents?

Oui, j’ai eu la chance de beaucoup tourner aux États-Unis ces dernières années, tout en continuant à travailler en Europe. J’ai réalisé des rêves que je n’aurais pas pu réaliser si j’étais resté en Suisse. Cependant, en ce qui concerne mon amour pour le 7e art, je suis plus attaché au cinéma d’auteur qu’à l’industrie hollywoodienne et je préfère avoir des projets en Europe. Je les trouve plus intéressants. Par exemple, pour la série de la RTS, La Vie devant, écrite par Frédéric Recrosio (humoriste, comédien et codirecteur du Théâtre Boulimie à Lausanne, ndlr), j’ai adoré mon personnage.

À Los Angeles, je joue souvent des gangsters ou des personnages un peu clichés. C’est sympa, mais cela me nourrit moins artistiquement. Garder cet équilibre entre Hollywood et l’Europe n’est pas de tout repos et j’ai de plus en plus envie de me rapprocher de l’Europe où l’on fait du cinéma moins pop-corn et plus profond.

Quel regard portez-vous sur Lausanne?

J’ai grandi juste à côté, à Renens, donc Lausanne, pour moi, c’était un peu «la grande ville». Le succès de Sens Unik, c’était aussi grâce à l’énergie de cette ville, d’une clique, de la Lôzane Family à une époque où de nouvelles tendances musicales se côtoyaient. C’était très intéressant. Il y avait beaucoup d’activités artistiques, de soirées sauvages, de vernissages, de festivals et quelques petits clubs alternatifs, un vrai bonheur. Je reste très attaché au quartier du Flon où se trouvaient les bureaux de Sens Unik. C’est aussi à Lausanne que j’ai commencé mon métier d’acteur, au théâtre, dirigé par Gianni Schneider et Marielle Pinsard. Et ce sera toujours à Lausanne que je me sentirai le plus chez moi, proche de mes amis. Bien sûr, la ville a beaucoup évolué et s’est internationalisée, mais, pour moi, elle garde le charme d’une petite ville aux mille opportunités.

Quels sont vos prochains projets?

Je viens d’achever, en Crète, le tournage de Sisters, le nouveau long-métrage de la réalisatrice zurichoise Lisa Brühlmann. Trois mois loin de ma femme et de mes enfants, c’était très dur. En fin d’année, je suis à Lausanne pour travaille sur une pièce de théâtre avec le comédien Carlos Henriquez, mise en scène par Jean-Luc Barbezat. Parfait pour passer du temps avec ma famille et mes amis ! De plus, le retour sur les planches à Renens, c’est un peu symbolique, car c’est là que tout a commencé pour moi. Je prends autant de plaisir à jouer dans une série américaine qui fait le tour du monde qu’à revenir aux sources et à travailler avec des gens d’ici.

Vous vous êtes mis à la photo également…

Oui, depuis quatre ans. J’ai déjà pu exposer mes tirages à la galerie Abstract, à Lausanne, ainsi qu’à Paris et au Zurich Film Festival. Jusqu’au 24 décembre, mon travail est exposé à la galerie Focale, à Nyon. Je photographie la fissure sociale dans les rues de Los Angeles, le contraste entre la fantaisie hollywoodienne, faite de glamour et de paillettes, et la réalité de la rue qui est tout autre. La photo est un espace de liberté pour moi, car je ne dépends de personne. Je travaille en solo et je décide de la ligne artistique.

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Ses adresses:

La Ferme des Tilleuls (Rue de Lausanne 52, 1020 Renens): « Je suis content qu’il existe à Renens un espace d’art qui prend de l’importance. J’y ai vu quelques bonnes expos.»

Le Café du Grütli (Rue Mercerie 4, Lausanne): «Quand je rentre à Lausanne, je suis toujours content d’aller y manger une fondue! »

Le Lavaux: «J’aime me promener et m’isoler dans les vignes, notamment au-dessus de Chexbres. J’y ai écrit beaucoup de chansons à l’époque de Sens Unik. »

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 12).