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Bourbine et les autres mots de février

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «Bourbine», «entre-soi» et «désescalade».

Bourbine

Après les Suisses allemands, c’est au tour des Romands de découvrir «Ciao-Ciao Bourbine», le film de Peter Luisi.

Réticente jusqu’ici à faire usage du mot «Bourbine», estimant cette dénomination particulièrement vulgaire et péjorative pour qualifier les Suisses allemands, j’ai changé d’avis. En me penchant sur son étymologie, j’ai découvert qu’il n’en est rien. Bourbine vient en effet de l’allemand «Buchbinder» qui signifie «relieur». Or la Suisse allemande comptait des relieurs de qualité lorsque l’imprimerie connut son essor au XVIe siècle. Les Romands firent alors appel à eux et ont francisé l’appellation de la profession.

L’origine de Bourbine n’est donc en rien dévalorisante, contrairement aux nombreux autres qualificatifs adressés à nos concitoyens germanophones. Pensons à Totos, Staufifres, Staubirnes, Schleus, Schnaquebiques, casques à boulons ou Boches, eux franchement germanophobes.

Entre-soi

L’entre-soi fait polémique en France, activé par la nouvelle ministre de l’éducation et illustré par son ignorance de l’actuelle omniprésence des sneakers.

«Entre-soi» désigne la situation de personnes aux caractéristiques communes qui choisissent de vivre dans leur microcosme en évitant les contacts avec ceux qui n’en font pas partie. À y regarder de plus près, on débusque maints exemples de ce type de cloisonnements contraires aux valeurs démocratiques.

Une incitation à se pencher sur notre propre penchant à nous retrancher dans l’entre-soi pour éviter les «autres». En courant le risque, comme la ministre, de nous retrouver, non seulement à côté de nos pompes, mais d’entraver les efforts d’inclusion.

Désescalade

Appelés de ses vœux dans tous les conflits en cours, les signes de désescalade tardent à s’amorcer. Relevons toutefois, anecdotiquement, l’historiette qui suit.

Lors du rassemblement anarchiste de juillet dernier à Saint-Imier, la police cantonale bernoise a misé précisément sur «une stratégie de désescalade». Une information que vient de divulguer le Gouvernement bernois dans sa réponse à une interpellation s’étonnant de l’absence de dénonciation et de condamnation contre les nombreux anarchistes «traverseurs» des voies ferrées. «La police aurait dû déployer des effectifs démesurés si elle avait voulu interpeler ces indisciplinés. Un déploiement d‘une telle ampleur aurait pu nuire au déroulement pacifique de la manifestation et aurait été en contradiction avec la stratégie de désescalade», explique le Conseil-exécutif qui juge cette stratégie fort judicieuse puisqu’aucune autre atteinte grave à la sécurité et à l’ordre public n’a été déplorée. Inspirant.