LATITUDES

«Japandi» et les autres mots de mars

Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur l’usage des termes «Japandi», «bloc» et «skischam».

Japandi

Les magazines déco présentent l’hybridation des styles japonais et scandinave comme la tendance qui s’installe dans les intérieurs. Mariage entre zen et hygge, contraction de Japon et de Scandinavie, le Japandi prône la durabilité et la qualité au service de la fonctionnalité et de la simplicité. Place à la sobriété, à une approche «moins c’est plus». Après les salons aux coloris punchy, la nouvelle esthétique privilégie une palette de couleurs neutres, de matières brutes, bois, bambou, pierre, cuir, papier de riz. Rien d’ostentatoire, des lignes épurées. Le superflu est bazardé pour n’exposer que l’essentiel. Les adeptes du Japandi l’associent à un art de vivre, à une philosophie même et se posent volontiers en militants écoresponsables. Une révolution de salon est en cours!

Bloc

«Tu t’es mis au bloc?» Si la question vous laisse perplexe c’est qu’une activité en plein boom vous aura échappé. Petit rattrapage: il y a bloc et bloc. Les acceptions sont nombreuses. Celle-ci n’est pas encore entrée dans les dictionnaires mais le sera sans doute d’ici peu. Le bloc, discipline olympique depuis les Jeux de Tokyo, est un type d’escalade consistant à partir à l’assaut de murs de faibles hauteurs. Pratiqué à l’origine en extérieur sur des sites rocheux, il l’est de plus en plus en intérieur sur des structures artificielles proposées dans des salles qui prolifèrent. L’escalade de bloc, réservée initialement à l’entraînement, est devenue un but en soi.

Avec des chaussons et un peu de magnésie -pas de corde, de baudrier ou de  mousquetons-, on grimpe sur des murs de 4,5 mètres au maximum. Au sol, des tapis moelleux (crash pads) amortissent les chutes. Les bloqueuses et bloqueurs sont confronté(e)s à des parcours de difficultés variées. Accessible à tous, l’activité permet de muscler tout le corps de manière ludique tout en sollicitant le psychisme et l’intellect pour vaincre ses peurs et maintenir la motivation dans les passages clés. Les salles de fitness n’ont qu’à bien se tenir!

Skischam

Les stations de ski vont-elles pâtir en cette fin de saison hivernale du Skischam (honte de pratiquer le ski) initié en Autriche? Première conséquence de cette stigmatisation des amateurs de glisse, au lieu de dire qu’ils sont aux sports d’hiver, les vacanciers emploient des termes vagues. «Gros bisous de la montagne» ou «Nous sommes dans un chalet». “Bien sûr, on sait tout de suite de quoi il s’agit”, relève le quotidien autrichien Die Presse. Pas certain que, dans leurs montagnes et chalets où la neige se fait rare, ces skieurs développent de la honte à dévaler sur des bandes de neige artificielle. L’actuelle explosion des réservations pour des destinations lointaines témoigne de la difficulté des arguments écologistes à faire mouche avec du «shaming» qui n’encourage pas forcément des comportements responsables. Ainsi le «Flyskam» (francisé avihonte), qui semblait décoller lors du confinement, est déjà enterré.