CULTURE

Sur la colline occupée

En mars 2021, Léonard Rossi a documenté le démantèlement de la première «zone à défendre» de Suisse. Il en a tiré un livre imprimé sur papier et résidus de bière.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.

_______

Une ambiance de fin du monde transperce les photographies, des scènes comme tirées d’un long-métrage: nous sommes à l’aube du 30 mars 2021, sur la colline du Mormont (Vaud). Le photographe Léonard Rossi immortalise les dernières heures de la ZAD («zone à défendre»). Par leur action d’occupation, quelque 150 militants tentent de bloquer le projet d’expansion du géant LafargeHolcim sur le Mormont, une colline abritant une faune et une flore riches ainsi qu’un site archéologique celtique. Ce jour-là, leur expulsion se fera au rythme des pelleteuses, lances à eau, gaz lacrymogènes et tirs de balles en caoutchouc.

Sensible aux questions environnementales, Léonard Rossi avait visité la ZAD à titre personnel. Mais c’est lorsqu’il apprend l’imminence de son évacuation qu’il retourne documenter ce combat. Il ramassera aussi des objets abandonnés pour les photographier en studio comme autant de morceaux d’histoire mis en exergue. «À travers le prisme du climat, j’ai pu aborder la question du militantisme en Suisse et la réponse des autorités, dure parfois, même quand les thématiques soulevées sont légitimes.»

Postées sur ses réseaux sociaux, ses images attirent l’attention de Turbo Press qui propose alors au Lausannois d’en faire un recueil. Les 2000 francs versés par le canton en soutien au projet artistique feront jaser. «J’ai assez mal vécu ces attaques. Je n’étais pas un zadiste, mais un témoin. Et je me destine à ce travail: aborder des sujets cruciaux et défendre un propos à travers la photo et la documentation.» Écoulé en août à 150 exemplaires, Demain l’Aube, fabriqué à base de papier recyclé et pâte de résidus de bière, reflète cette volonté. En attendant une réédition, l’ouvrage a déjà valu à Léonard Rossi de figurer parmi les finalistes du Prix Photoforum, à Bienne.

À propos de racines :

«Outre la famille, le foyer est aussi lié aux valeurs et expériences communes des gens. Si j’ai traité la ZAD, c’est parce que j’ai grandi dans le canton de Vaud, je connais le Mormont, je partage le vécu des habitants de la région. Je trouve important de s’intéresser à ce qui se passe près de chez nous. Les événements y sont aussi intéressants qu’ailleurs.»

Léonard Rossi, Suisse

Né en 1993 près de Zurich, Léonard Rossi grandit dans la région lausannoise. Après un baccalauréat avec option arts visuels et un bref détour en sciences politiques, il est diplômé de l’École de photographie de Vevey.

Découvrir l’artiste cialis price.