La première journaliste synthétique adapte ses mimiques à l’actualité. Née il y a moins d’un mois, elle a déjà inspiré trois autres créatures virtuelles.
Il paraît que Lara Croft est folle de jalousie. Depuis le 19 avril, la star incontestée des jeux vidéo observe de très près l’évolution de sa nouvelle rivale, une certaine Ananova, créature virtuelle chargée de présenter les news sur Internet.
Lancée par l’agence Associated Press, la belle Ananova ne s’exprime qu’en anglais, mais elle pourrait devenir rapidement polyglotte. De jour comme de nuit, elle débite l’actualité mondiale avec un professionalisme amidonné qui, après tout, vaut bien celui de Claire Chazal.
L’interface «humaine» d’Ananova est générée en temps réel. La cyberprésentatrice est capable de lire les dépêches quand elles tombent, et, non moins surprenant, d’user du ton qui convient. Traits défaits pour annoncer une chute du Nasdaq, mine réjouie pour le prochain mariage d’Emmanuel Petit. Ses concepteurs ont introduit un système de balises insérées dans les textes pour permettre l’adéquation du visage virtuel au caractère émotionnel de l’actualité.
Le résultat est assez convaincant. Le visage d’Ananova est agréable, son œil vif et sa voix, bien qu’un peu saccadée, n’en reste pas moins douce. Cet exploit technologique a été réalisé par la firme belge Lernout & Hauspie. Les bulletins, alimentés par une trentaine de journalistes bien réels, durent quelque deux minutes et sont diffusés 24 heures sur 24 en streaming vidéo sur le site ananova.com.
Les premières paroles d’Ananova n’ont pas été des onomatopées mais, au matin du 19 avril dernier, un tonitruant «Hello World!», allusion à la mesure de son audience potentielle. Dès l’après-midi, une affluence record rendait le site inacessible.
Il faut dire que l’événement était attendu et parfaitement orchestré depuis le mois de janvier, avec la création d’un site entretenant l’impatience des internautes avant la première apparition de la cyberstar.
Tout comme Webbie Tookay (première top-model synthétique de l’agence Elite, à qui Largeur.com avait consacré un article en septembre), Ananova a été dotée d’une biographie: célibataire, âgée de 28 ans, elle mesure 173 cm et elle aime le foot, les Simpsons, Mozart et Oasis.
Tout a été entrepris pour lui donner corps: courrier de fans et organisation d’une demande en mariage. Dans un message, un admirateur déclare qu’Ananova désigne la «nouvelle femme» (Ana signifierait femme en ancien turc et nova, nouvelle).
Bientôt, Ananova accompagnera les internautes sur leur téléphone portable et leur montre bracelet, devenant ainsi leur «assistante personnelle d’information», affirme le responsable du produit, William Cooper.
Mais si Lara Croft est tellement jalouse de sa nouvelle rivale, c’est parce qu’elle commence à inspirer d’autres créatures synthétiques. La chaîne britannique Channel 5 vient ainsi de lancer Vandrea (contraction de Virtual Andrea) en scannant de la tête aux pieds sa présentatrice bien réelle Andrea Catherwood.
Ce n’est pas tout: toujours sur le modèle d’Ananova, un certain Andynova est apparu récemment sur le Net, de même que Handanova.
A quand ChazalNova et PPDANova ?
