Les invitations à monter dans les branches se multiplient et nous sommes de plus en plus nombreux à y succomber. L’arbre serait-il le symbole de la décennie?
Est-ce la nostalgie de l’enfance? La recherche de sensations fortes? Un besoin de retour à la nature? Les invitations à grimper dans les arbres se multiplient et nous sommes de plus en plus nombreux à y succomber.
Un peu partout, les «parcs aventures» proposent des circuits aménagés pour permettre aux citadins de goûter à l’ivresse des hauteurs. Ponts népalais, de singes, de rondins, ou de Perroquet, tyroliennes, passerelles, pas japonais ou de géant font leur entrée dans le lexique des loisirs.
J’ai essayé. Mais après un après-midi passé dans les arbres, je me suis débranchée, déçue. Mon rêve ne s’est pas concrétisé. Je pensais rencontrer Tarzan et n’ai côtoyé que des mâles tétanisés à l’idée de quitter le plancher des vaches.
Pour oublier les grincements de poulies et les cris des parents pris de panique à la vue de leurs enfants si haut perchés, je vais m’acheter au plus vite un DVD pour continuer à fantasmer sur les envolées de liane en liane.
Reste que l’engouement est bien là. L’«escal’arbres» est devenue une activité tellement branchée que les adeptes des randonnées aériennes cherchent déjà à se différencier.
Il ne faut pas confondre les «acrobates arboricoles», clients des parcs, avec les accro-branchés, des écolos funambules qui se veulent libres comme des écureuils en grimpant dans les branches sans laisser la moindre trace de leur passage.
Ajoutons à ces deux tribus d’arbronautes les «écobranchistes», ces manifestants qui n’entendent pas descendre des arbres dans lesquels ils logent avant d’obtenir la garantie que leurs amis ne seront pas abattus. Leur longue intervention n’a toutefois pas empêché les bûcherons de tronçonner 300 arbres dans le Parc Mistral de Grenoble. Idem en ce qui concerne Ferney-Voltaire et le bois de la Bagasse qui dérangeait le trafic aérien.
Si les années 60 avaient fait des fleurs leurs symboles, le début du troisième millénaire affectionne tout particulièrement la figure de l’arbre. On lui prête de la magie, des énergies diverses (aux Etats-Unis, les écolos sont qualifiés de «treehuggers», embrasseurs d’arbres), un esprit, et même un pouvoir de guérison. Quelques livres parus récemment: «Fascination des arbres», «Eloge des arbres», «Magie et légende des arbres», «Mythologie des arbres». En allemand vient de paraître un magnifique ouvrage intitulé «Le temps des arbres» («Die Baumzeit»).
Pour se mettre en marge de l’agitation du monde, rien ne vaut une cabane dans les arbres. Les charmes d’un exil dans les branches tentent de nombreux amateurs fortunés en Amérique du Nord où les treehouses préfabriquées constituent un véritable marché.
Si se bâtir un cocon douillet dans la ramure d’un très vieux frêne n’est pas à la portée de tout un chacun, rien ne vous empêche de louer un tel nid pour y passer une nuit ou de feuilleter «Cabanes perchées», le livre de Peter et Judy Nelson qui permet d’accéder à ces univers insolites que sont les abris suspendus entre terre et ciel.
Enfin, pour paresser tout l’été à l’ombre, aucun parasol ne saurait rivaliser avec un feuillage frémissant. Accrocher balançoire ou hamac à un arbre et le charme opère immédiatement.
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Le village de Châtillon dans le Jura inaugurera le 21 août 2004 «Le chemin du chêne», un parcours conduisant au plus ancien pédonculé d’Europe, huit mètres quarante de tour de taille et plus de 1’000 ans d’âge.
