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Des femmes, pour quoi faire?

Le nombre record de candidatures féminines aux élections fédérales est une bonne nouvelle. Sans plus.

On peut et il faut naturellement se réjouir de l’abondance de candidatures féminines aux élections fédérales du 20 octobre prochain. Même si cette abondance n’est que relative et comparative. C’est simplement plus que les autres fois, mais avec 40% encore très loin du compte – ou du conte, comme on voudra – égalitaire.

Si le chiffre peut sembler quand même réjouissant, il doit être relativisé. Il est frappant de constater que dans aucun canton, la parité n’est atteinte. Et rien surtout ne dit que l’électeur réserve un triomphe à cette solide armada de candidates.

D’autant moins que même si des efforts ont été faits, les dames ne figurent pas encore systématiquement à des places éligibles sur les bulletins. La présidente des femmes PLR Doris Fiala se plaint, par exemple, que dans son canton de Zurich, les places décisives sur la liste de son parti – à savoir les dix premières – ne sont occupées que par trois femmes.

Pire, l’expérience a montré que s’agissant d’une femme, une bonne place sur les listes ne garantissait pas toujours une élection. Tout le monde a sans doute oublié, par exemple, cette candidate placée, pour les élections de 2011 au Conseil national, comme tête de liste du PDC valaisan, – parti qui s’est longtemps vanté de pouvoir fait élire un mulet – tout le monde l’a oubliée car elle n’a pas été élue.

Bref, c’est au soir du 20 octobre qu’il faudra tirer le bilan, même si déjà, on peut penser que la proportion actuelle – 32% de femmes au Conseil national et 13% au Conseil des Etats – aura tout de même meilleure allure.

Reste pour les femmes, une difficulté à contourner. Lors d’élections, on se prononce pour des idées, un clan, des intérêts particuliers, voire une personnalité, ou une région – ceux qui ont sillonné ces derniers temps les routes du Bas-Valais auront été frappés par l’abondance des affiches à l’effigie du candidat Nantermod, assortie du slogan «La voix du Chablais à Berne». Il est plus compliqué, au-delà de l’incantation, d’en appeler simplement et rationnellement à voter d’abord pour un genre.

La Commission fédérale pour les questions féminines (CFQF) s’y est tout de même essayée, appelant «les électrices et les électeurs à privilégier les candidatures féminines». Dans le but, certes louable et incontestable, «d’obtenir un meilleur équilibre entre les sexes au Parlement fédéral».

Équilibre qu’elle fixe d’autorité au «moitié moitié». Ce sera la seule raison invoquée pour justifier le vote femme: atteindre la parité. Tout le reste du communiqué de la CFQF se borne à attribuer les bons et les mauvais points – la palme aux Verts et au PS avec respectivement 55 et 51% de candidatures féminines, un satisfecit pour le PDC (40%) un «peut mieux faire» pour le PLR (37%) et un infamant bonnet d’âne machiste pour l’UDC (22%).

On dira que la parité étant affaire de justice, cela suffit largement pour justifier un vote prioritairement féminin. Mais c’est sous-entendre, et cet argument est bâti sur du sable, que la justice serait d’essence mathématique.

Il devrait pouvoir être possible, du moins pas interdit, de penser qu’un parlement composé à 100% d’hommes et de femmes compétentes, sans se focaliser sur une répartition au trébuchet ni une trop vague notion d’équilibre, serait bien aussi «juste» qu’un parlement froidement paritaire. CFQF peut-être, CQFD, c’est moins sûr.