Le langage révèle l’époque. Notre chroniqueuse s’interroge ce mois-ci sur notre usage des expressions «s’adapter», «renoncer», «détricoter» et «se tenir droit dans ses bottes».
S’adapter
«Il faut bien s’adapter», «il faut bien évoluer». Ces injonctions sont aujourd’hui omniprésentes. L’idée que ceux qui s’en sortent sont les plus adaptés remonte en fait à la deuxième moitié du XIXe siècle, avec un personnage clé, le philosophe anglais Herbert Spencer, et l’émergence du darwinisme social. C’est ce que relève Barbara Stiegler dans «Il faut s’adapter» (Gallimard). Le vocabulaire utilisé de nos jours emprunte beaucoup à la théorie de l’évolution de Darwin: adaptabilité, flexibilité, mobilité, compétition, sélection…
N’y a-t-il pas des limites à l’adaptation? Faut-il vraiment s’adapter à l’accélération ambiante? Faut-il vraiment suivre le rythme imposé par les nouvelles technologies ? Faut-il vraiment mettre à jour nos logiciels, monter le curseur et en subir les effets, comme la réduction du temps disponible pour la réflexion? Il peut être salutaire de ne pas s’adapter à une feuille de route qui mène droit dans le mur.
Renoncer
Parmi les bonnes résolutions de 2019, le verbe «renoncer» était en janvier le plus souvent cité. Renoncement aux mauvaises habitudes comme le gaspillage alimentaire, les emballages plastiques, les vacances lointaines, la dépendance aux écrans, la sédentarité…Dans la plupart des cas, le cap n’a pas été tenu et la motivation s’est envolée. L’ascétisme, c’est pour les autres. L’heure est à une nouvelle résolution: renoncer aux résolutions pour 2020! Lire l’essai de Thomas Macho cialis lilly icos 5 mg.
Détricoter
Le verbe détricoter, soit «défaire point par point ce qui avait été soigneusement élaboré», selon le Larousse, apparaît de plus en plus souvent dans l’actualité. Exemples: «Le Brexit est une affaire très grave qui nous oblige à détricoter quarante-quatre ans de relations», estime Michel Barnier. On dit des Gilets jaunes qu’ils tentent de détricoter les institutions. Depuis les a priori jusqu’à la démocratie, en passant par les relations internationales ou les lois, tout est détricoté. Au même moment, «Purl», le court métrage de Pixar créé pour YouTube, a pour héroïne une pelote de laine rose qui cialis dosage safety.
Se tenir droit dans ses bottes
Qu’ont en commun Christian Constantin, Pierre Maudet, Donald Trump, le PDG de Boeing, le cardinal Barbarin ou encore Emmanuel Macron? À en croire les médias, tous se tiennent «droit dans leurs bottes». Une expression qui aurait pour origine le milieu militaire où les cavaliers devaient se tenir droit sur leur selle, et donc dans leurs bottes. Elle signifie avoir la conscience tranquille (même à tort), conserver une attitude ferme, ne pas plier. Remise au goût du jour par Alain Juppé en 1995 alors qu’il était mis en cause, la formule fait florès à l’ère des fake-news. Une simple coïncidence? Ou une posture propre à une société de post-vérité où il n’est pas question de voir des jambes flageoler quand se déclament des faits alternatifs?