LATITUDES

Egli Studio, laboratoire d’idées

Les designers suisses Thibault Dussex et Yann Mathys ont élu domicile à l’Hyperespace. Un pôle pour la création où ces jeunes diplômés dessinent des objets simples et fonctionnels, faits pour durer.

Votre studio est situé à Renens, pourquoi avoir choisi de rester dans la région lausannoise à la suite de vos études?

Thibault Dussex: Si nous sommes restés à Renens, c’est parce que nous cherchions un lieu capable de réunir plusieurs corps de métiers et les outils nécessaires à leur pratique. Nous avons eu l’opportunité de reprendre le projet d’incubateur pour jeunes designers créé par Christophe Marchand, designer industriel, et nous nous sommes dit que c’était l’endroit idéal pour implanter notre projet d’Hyperespace.

Comment avez-vous conçu votre projet? 

Avec l’association Design Studio Renens, dont nous faisons partie, nous avions la volonté d’offrir un lieu stimulant et motivant aux jeunes entrepreneurs et d’y favoriser les synergies. On trouve ainsi de nombreux outils pour les corps de métier créatifs qu’Hyperespace abrite. Un studio photo, deux ateliers, l’un dédié au bois et l’autre au métal, ou encore un pôle impression ont été mis en place et servent quotidiennement aux locataires. Yann et moi avons aussi créé à cette occasion, et avec le soutien de la Fondation Ikea, l’Hypercollection, une gamme de mobilier spécialement conçue pour les open spaces. Étagères, tables basses ou luminaires: les meubles contribuent à l’atmosphère du lieu.

Lausanne est-elle devenue une ville de design aussi importante que Zurich? 

Assurément, la culture du design et une forme générale de créativité y sont beaucoup plus implantées qu’ailleurs en Suisse romande. C’est une région qui valorise la culture et les arts, nous nous sentons à notre place. Il y a une véritable ouverture d’esprit et une grande liberté. Lausanne et le canton de Vaud regorgent d’artisans de talent, tels des souffleurs de verre ou des serruriers de renom avec qui nous collaborons régulièrement.

Diriez-vous qu’il existe un design romand versus un design alémanique, une sorte de Lausanne touch?

Je n’irais pas jusque-là, mais il y a certainement ici un design qui diffère de celui de nos voisins alémaniques. En Suisse romande, les designers bénéficient d’une culture à mi-chemin entre la rigueur suisse alémanique et l’ouverture d’esprit latine, ce qui se traduit par un design consciencieux et décomplexé.

Vous mettez en avant des valeurs basées sur celles du design suisse. Quelles sont-elles? 

Le savoir-faire, la qualité, ainsi qu’une honnêteté par rapport au produit et au travail, cela est typiquement swiss made. Notre vision du design porte tout d’abord sur la recherche de simplicité, de solutions innovantes qui répondent aux besoins des consommateurs et des entreprises qui les mettent sur le marché. Les objets doivent être avant tout fonctionnels et faciles à utiliser au quotidien. La durabilité est aussi un critère important, nous utilisons des matériaux recyclables aussi souvent que possible.

«Egli» signifie «perche» en allemand. Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre studio?

Le projet de studio est né au cours d’une partie de pêche. Yann et moi en faisions souvent pendant nos études. Et puis, porter le nom d’Egli en allemand, c’est un peu comme s’appeler Dupont en français; cela nous permet de nous fondre plus facilement dans le paysage du design suisse.

Y a-t-il un style Egli Studio?

Nous n’avons pas la prétention d’en avoir un. Nous allons à l’essentiel grâce à des lignes simples. Les détails d’assemblage de certains de nos modèles ne sont pas cachés, mais mis en valeur avec élégance. Cela permet à l’utilisateur de mieux comprendre le fonctionnement du produit et de se l’approprier pour le conserver plus longtemps. Un objet bien conçu est rarement laid tant qu’il offre une expérience de qualité.

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Collaboration: Viviane Menétrey

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Une version de cet article est parue dans The Lausanner (no 2).