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Hopaal: un t-shirt en bouteilles recyclées

La start-up française Hopaal a développé une nouvelle manière de recycler les habits ainsi que des bouteilles plastiques pour produire des vêtements écoresponsables.

La consommation mondiale de vêtements a doublé entre 2000 et 2014. En 2017, chaque Européen a acheté, en moyenne, 16 kg de vêtements par an, selon un rapport de l’organisation de défense de l’environnement WWF. Les conséquences environnementales sont importantes car le secteur du textile demande énormément d’eau dans la production de vêtements. Selon certaines estimations du WWF, il faut environ 20’000 litres pour cultiver un kilo de coton. Environ, 20% de la pollution de l’eau industrielle provient de la teinture et du traitement du textile.

Face à cette situation, Hopaal se lance le défi de créer des vêtements à base d’éléments recyclés. Créée en 2016 à Toulouse (France), la start-up, employant six personnes, récupère les chutes de textile et les habits jetés par les particuliers dans le but d’en réutiliser la fibre. Les tissus sont découpés, puis broyés, afin de reconstituer un fil capable de créer des t-shirts, des chemises et des pulls.

Pour renforcer la résistance des habits et leur confort, les deux créateurs Clément Maulavé, et Mathieu Couacault y ajoutent aussi des fibres de polyester, issues de bouteilles en plastique recyclées. Cette opération se déroule essentiellement dans une usine en Espagne alors que les vêtements proviennent d’un partenariat avec Le Relais, une association française spécialisée dans la collecte et le tri de vêtements usagés.

Résultat: la technique d’Hopaal est moins gourmande en eau. «Seuls 50 litres d’eau sont nécessaires à la création d’un pull contrairement aux 2700 litres dont ont besoin les grandes marques pour ce même vêtement», explique Mathieu Couacault.

«Greenwashing» ou vraie conscience écologique?

À l’instar d’Hopaal, les grandes enseignes vestimentaires se sont lancées le défi de produire davantage d’habits durables. Par exemple, le groupe suédois H&M a commercialisé une gamme de vêtements écoresponsables sous le nom de «Conscious» depuis 2011. Cette année, la collection est composée d’accessoires conçus à partir de vieux chandeliers, et de filets de pêche récupérés sur les littoraux.

Les sociétés ont-elles une vraie conscience écologique ou font-elles du «greenwashing», un procédé purement marketing pour se donner une image écoresponsable? Difficile à dire. Pour Nicolas Tétreault, senior consultant auprès de Sofies, groupe genevois spécialisé dans le conseil et la gestion de projets favorisant un développement économique durable, la problématique principale réside dans le fait que les sociétés ne réduisent pas le volume de vêtements produits. «Une entreprise majeure comme H&M base son commerce sur un renouvellement rapide et saisonnier de vêtements de basse qualité, et à prix dérisoires.» Les gammes comme «Conscious» ne résolvent pas ces problèmes de surconsommation.

De son côté, HopaaI souhaite montrer une autre voie. «Nous créons uniquement des vêtements atemporels afin de limiter la surconsommation. Nous voulons que l’acte d’achat soit un acte citoyen.» Les vêtements de la société ont d’ailleurs leur prix: un t-shirt coûte 35 euros et un pull 120 euros.

Le modeste chiffre d’affaires d’Hopaal évalué à 200’000 euros en 2017, qui devrait doubler d’ici 2020, ne devrait pas nuire au marché mondial. Mais, cette méthode est plus convaincante que celle utilisée par les grands groupes, selon Nicolas Tétreault: «L’ensemble des actions de l’entreprise semblent s’inscrire dans un esprit d’économie circulaire, fondé sur l’utilisation de matières et de procédés durables.»

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Une version de cet article est parue dans le magazine en ligne Technologist, qui traite l’actualité de la recherche et de l’innovation en Europe.