TECHNOPHILE

L’école du futur se dessine à Lausanne

Basé à l’Innovation Park de l’EPFL, l’accélérateur Swiss EdTech Collider aide les start-ups qui proposent de transformer l’éducation grâce aux outils numériques.

Établi depuis avril 2017 sur le campus de l’EPFL, le Swiss EdTech Collider est le premier espace en Suisse spécifiquement dédié aux entrepreneurs actifs dans le secteur de l’EdTech (Education Technology). Cette association à but non lucratif accueille 70 start-ups développant des technologies en lien avec la pédagogie. «Nous soutenons les jeunes sociétés dans leurs efforts pour transformer l’éducation et la formation grâce aux outils numériques», souligne son directeur général Roman Bruegger.

Concrètement, l’association offre à ses membres un espace physique en coworking dans le but de rassembler les idées, les expériences et les connaissances du monde de l’EdTech. Elle propose un écosystème composé d’investisseurs, de clients potentiels, de chercheurs et d’experts du secteur de l’éducation digitale. Afin d’accroître la visibilité de ses membres, différents types d’événements sont organisés: depuis son établissement dans l’Innovation Park de de l’EPFL, l’espace a mis sur pied plus de 70 manifestations pour qu’ils puissent rencontrer notamment des écoles et leur présenter leurs services et produits. Selon les besoins, trois types d’adhésion sont possibles: un mode nomade, un espace dédié en open space ou un bureau privé. Les tarifs sont directement discutés avec les start-ups intéressées.

«Contrairement à un incubateur ou à un programme d’accélérateur classique, nous offrons un accès continu aux experts du secteur de l’éducation, aux leaders de l’industrie et aux investisseurs, poursuit Roman Bruegger. Nous proposons également une collaboration directe avec les laboratoires de l’EPFL afin de traduire en produits ou services les dernières innovations. Enfin, grâce à nos collaborations avec plusieurs institutions d’éducation, nos membres peuvent tester leurs innovations directement avec des étudiants.»

Voici trois exemples de sociétés hébergées.

AIM.feedback, un retour des collègues pour choisir la bonne formation
Pour Lucie Blancpain, le manque de communication au sein des sociétés mène au désengagement des employés et augmente les cas d’absentéisme et de burnout. Elle a par conséquent décidé de lancer AIM.feedback, une plateforme internet qui aide les salariés à se donner des feedbacks de manière constructive, simple et rapide. «Nous sommes en train de développer un système de recommandation qui suggérera aux employés les formations les plus adaptées à leur besoins en fonction des feedbacks des collègues. Nous voulons offrir aux entreprises un outil qui permet de cibler précisément les formations nécessaires et, ainsi, de ne plus perdre d’argent dans des formations inutiles.» Encore en phase bêta, le logiciel sera disponible prochainement en licence annuelle avec un prix basé sur le nombre d’employés de la société. La clientèle visée se constitue essentiellement d’entreprises souhaitant innover en matière de communication. Il s’agit surtout grandes PME ou de firmes de plus 500 employés.

Bulbee, une application pour mettre en relation élèves et répétiteurs
Enseignante dans le secondaire II à Genève, Dina Mottiez commence dès 2015 à réfléchir à l’offre de soutien scolaire à Genève et en Suisse. Elle constate, à regret, qu’elle est multiple mais peu unifiée, que certains parents peinent à trouver un cours d’appui facilement et rapidement et, enfin, que tous les élèves ont le nez rivé sur leur téléphone portable. Elle décide donc de créer Bulbee, une application mobile de soutien scolaire permettant la mise en relation entre un répétiteur et un élève et/ou son parent. «Nous fonctionnons selon le même principe que certaines associations, soit avec un abonnement trimestriel de 21 francs avec lequel l’utilisateur peut contacter autant de répétiteurs qu’il le souhaite et le répétiteur peut avoir autant d’élèves qu’il le souhaite. Tous nos répétiteurs passent un questionnaire pédagogique et doivent fournir un extrait de casier judiciaire vierge. Ils sont par ailleurs évalués par les élèves au terme de la leçon.» Pour des questions de sécurité, les élèves mineurs ont leur compte relié à celui de leur parent qui valide ou invalide le choix du répétiteur. Le service a été officiellement lancé en août 2017. 

UbiSim, la formation aux soins infirmier en réalité virtuelle
«UbiSim est une solution de formation aux soins infirmiers en réalité virtuelle. Les étudiants et professionnels infirmiers veulent être le mieux préparés pour apporter les meilleurs soins à leurs patients. Dans ce contexte, la formation pratique joue un rôle vital dans leur éducation.» Selon Gauthier Dubruel, cofondateur de ce service, les méthodes de formation actuelles sont fastidieuses et coûteuses. «Nous permettons aux écoles et aux institutions de formation de maximiser le temps et le champ de formation, et cela à une fraction des coûts des méthodes d’aujourd’hui», dit-il. En utilisant la réalité virtuelle immersive, les étudiants peuvent s’entraîner sur des scénarios et pratiquer différentes procédures seuls ou en groupe. Ils ont la possibilité de répéter l’exercice autant de fois qu’ils le souhaite pour maîtriser une procédure, ce qui n’est pas possible avec les méthodes actuelles, que ce soit la simulation sur mannequin ou le jeu de rôle qui requièrent des infrastructures et des équipes importantes. La jeunes société compte diverses institutions privées et publiques parmi ses clients, dont la Haute école de la santé La Source.

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Une version de cet article est parue dans Entreprise Romande (juin 2018).