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L’avènement de la voiture volante

Engins pour particuliers et avions-taxis pourraient bien envahir le ciel. Uber comme Airbus s’y intéressent.

Dans les films de science-fiction comme «Le Cinquième élément» ou «Blade Runner», les voitures volantes ont réussi à voler la vedette aux acteurs. Bientôt, ce type de véhicule pourrait même coloniser le ciel. De nombreuses initiatives d’entreprises et de gouvernements ont, en effet, vu le jour en 2018 en faveur des taxis volants. Précurseur, le Japon a convié, fin août dernier, 21 sociétés afin d’accélérer le développement de tels engins dans l’archipel durant la prochaine décennie. Uber figurait parmi les invités. Le géant californien travaille sur des projets de taxis volants, mi-drones, mi-hélicoptères, dont les premiers tests sont prévus en 2020 et les vols commerciaux dès 2023. Le constructeur aéronautique européen Airbus a également répondu à l’appel nippon, en tant que fer de lance dans le domaine.

53 secondes de vol et des promesses

Airbus, par l’intermédiaire de sa filiale A3, a développé Vahana, un concept d’Adav (aéronef à décollage et atterrissage verticaux). L’engin mesure 6,2 mètres d’envergure pour 5,7 mètres de long et 2,8 mètres de haut. Son poids au décollage est de 745 kg. En comparaison, un hélicoptère civil de type Eurocopter EC120 mesure 9,60 mètres de long, 3,40 de haut pour un poids d’environ 1,7 tonne. Cet engin électrique a effectué son premier vol d’essai en pilotage autonome en janvier 2018. Le tout premier prototype, baptisé Alpha One, s’est élevé jusqu’à une hauteur de 5 mètres à Pendleton, dans l’état américain de l’Oregon. Le vol a duré 53 secondes. Même si le temps de vol semble court, la direction se félicite d’avoir concrétisé un projet démarré deux ans auparavant. Pour l’instant, ce prototype sera destiné au déplacement d’une personne, mais pourrait s’élargir à transporter plusieurs personnes, comme un taxi.

Le constructeur britannique Rolls-Royce s’est également joint à la course aux engins volant. En juillet dernier, lors du salon aéronautique de Farnborough (Angleterre), le motoriste anglais a présenté son RR eVTOL pour «electric vertical take-off and landing.» Cet engin hybride, sans pilote, pourrait accueillir cinq passagers et couvrir une distance de 800 kilomètres. Le constructeur annonce une commercialisation au début des années 2020.

Une start-up parmi les plus grands

Outre les grands noms de l’aviation ou du secteur automobile, des jeunes sociétés se lancent également dans la course aux engins volants. C’est notamment le cas de la start-up allemande Lilium. Créée en 2015, elle est issue de l’initiative de quatre étudiants de l’Université technique de Munich. Les fondateurs souhaitaient trouver une alternative à la congestion urbaine et à la pollution, tout en permettant aux gens de se déplacer librement. Ainsi, le jet se présente avec 36 moteurs électriques de petite taille sur ses ailes. Des volets s’ouvrent ou se referment sur ces moteurs en fonction du vol désiré, c’est-à-dire en stationnaire lors du décollage et de l’atterrissage. Lors des déplacements, les volets sont positionnés à l’horizontal. Ce système permet d’atteindre une vitesse de 300 km/h contre 50 à 80 km/h pour les drones de grande taille. Autonome, il pourra transporter jusqu’à cinq passagers. «Cela signifie que Lilium peut voler plus efficacement dans les mégalopoles, avec un temps de chargement des passagers moindres», précise Tara Harandi-Zadeh, porte-parole de la start-up. Ce taxi volant sera commercialisé au début des années 2020.

Que ce soit sous la forme d’un taxi-volant ou d’une structure monoplace futuriste, ces engins sont présentés comme une solution à la congestion du réseau routier. Pourtant, ils sont loin de faire l’unanimité auprès des experts, comme l’entrepreneur américain Elon Musk. En début d’année, lors d’un événement consacré à sa société The Boring Company, ce dernier s’est montré critique envers les voitures volantes en les jugeant dangereuses en cas de mauvais entretien et «aussi bruyantes qu’un ouragan». Pour lui, la décongestion du trafic réside dans les projets de transports en commun.

Partage ton biplace!

Si certaines sociétés se lancent dans la construction d’engins volants destinés aux particuliers, d’autres préfèrent démocratiser le vol en avion traditionnel, à l’instar de Wingly. Créée en 2015, cette plateforme digitale française met en relation les pilotes et les passagers, dans le but de faciliter le «co-avionnage» dans des appareils traditionnels. Pour les trois fondateurs Emeric de Waziers, Bertrand Joab-Cornu et Lars Klein, dont les deux premiers sont d’anciens étudiants de l’Ecole polytechnique (L’X), le but est d’ouvrir le secteur de l’aviation à l’économie collaborative. «Notre objectif est avant tout de démocratiser le ciel à tous, explique Emeric de Waziers. Si nous ne sommes pas des taxis-volants à proprement parler, nous contribuons cependant à l’ouverture du marché de l’aéronautique à un plus grand public.»

A l’instar de BlaBlaCar, la plateforme communautaire payante de covoiturage, Wingly propose des milliers de vols sur son interface, soit sous forme de balades, soit sous forme d’excursions. Depuis sa création, plus de 11’000 vols ont été effectués, dont la moitié réalisée en l’espace de sept mois seulement. «Nos marchés principaux sont l’Allemagne et la France, suivis par le Royaume-Uni», précise Emeric de Waziers. Mais, en raison de la législation européenne, les pilotes ont l’interdiction de réaliser des bénéfices. Les entrées financières doivent uniquement couvrir les frais. Avec toutefois l’espoir d’un changement de lois grâce à l’usage de plus en plus fréquent de drones.

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Une version de cet article est parue dans le magazine en ligne Technologist, qui traite l’actualité de la recherche et de l’innovation en Europe.