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L’avenir du PC est à la pointe du stylo

Utiliser un stylo à la place d’un clavier? L’idée n’est pas nouvelle. Au début des années 1990, la grande mode dans les labos de recherche consistait à plancher sur des nouveaux moyens d’intéragir avec les machines. Il fallait aller plus loin que le Macintosh – qui avait certes simplifié le dialogue avec les ordinateurs – en créant des interfaces intuitives, adaptées à l’homme.

L’industrie investissait des fortunes dans les technologies de reconnaissance vocale, mais surtout d’écriture. Des études de bureaux sérieux comme Dataquest prédisaient des milliards de revenus à celui qui saurait s’imposer sur ce marché.

En fait, ces systèmes n’ont jamais fonctionné de manière satisfaisante. La reconnaissance vocale n’a pas trouvé d’application valable (qui veut aboyer devant son PC?) sinon des fonctions rudimentaires comme l’activation d’un appel à la voix sur un téléphone mobile. Et la plupart des humains – c’est sans doute votre cas – tapent beaucoup plus vite sur un clavier d’ordinateur qu’ils ne pourraient jamais écrire avec un stylo.

Apple illustrera l’échec des interfaces à écriture en 1993 de manière emblématique avec son Newton MessagePad, qui utilise une technologie impressionnante de reconnaissance basée sur l’apprentissage (plus on l’utilise, plus la machine connaît l’écriture de l’usager et la décripte correctement). L’ensemble de la ligne de produits ne trouvera jamais son marché et sera abandonnée quatre ans plus tard par Steve Jobs.

Le PalmPilot, lancé en 1997 par USRobotics (racheté ensuite par 3Com), inversera la tendance et connaîtra le succès planétaire que l’on sait. Comme tous ses clones (Visor, iPaq, etc.), le Palm utilise pourtant encore aujourd’hui une technologie de reconnaissance d’écriture beaucoup plus rudimentaire que le Newton, et contraint l’usager à s’adapter au logiciel (dessiner chaque lettre d’une certaine manière) au lieu de suivre sa calligraphie personnelle.

Microsoft y croit

Si le clavier et la souris restent les meilleurs outils pour introduire rapidement des données dans une machine, le stylo offre l’avantage de l’extrême portabilité. Et le succès du Palm l’a remis à la mode. A tel point que même Microsoft a fini par y croire: le géant du logiciel mise à fond sur son TabletPC, un nouveau système portable sans clavier. L’objet, de la taille d’un magazine, dispose d’un large écran sensible qui détecte les mouvements du stylet. Un logiciel reconnaît l’écriture et la convertit en caractères alphanumériques.

Les premiers modèles de TabletPC – fabriqués par Compaq, Sony et Toshiba – seront vendus l’an prochain. On pourra aussi leur brancher un clavier et une souris pour l’utilisation au bureau. Dans sa vision toujours modeste, Bill Gates a récemment prédit que, à terme, «tous les ordinateurs fonctionneraient avec ce système».

Suivant la même tendance, IBM vient de lancer en février son TransNote, un portable équipé d’un stylo numérique et permettant de stocker informatiquement des croquis. L’usager peut ainsi dessiner ou écrire sur une simple feuille de papier, puis charger les esquisses ainsi réalisées sur son PC. Le stylo peut mémoriser jusqu’à l’équivalent de 50 pages sans qu’il soit nécessaire de mettre l’ordinateur en service.

Seul inconvénient – de taille – à ce joujou à 5500 francs suisses (3600 euros): le logiciel fourni n’est pas assez puissant pour reconnaître l’écriture et les fichiers produits par le TransNote sont enregistrés comme des images. Il est donc impossible de réutiliser les manuscrits, par exemple dans un traitement de texte.

De la même manière, l’écran tactile du Vaio Slimtop de Sony, une machine de bureau lancée cette année, permet de dessiner et manipuler des objets sur l’écran avec un stylet en plastique, mais la machine ne reconnaît pas l’écriture.

La technologie la plus novatrice vient de Suède, célèbre producteur de papier. Il s’agit d’un concept révolutionnaire développé par la firme Anoto (du latin «annoto», je griffone). Un stylo muni d’un capteur digital permet d’utiliser le papier comme interface d’entrée des données.

Relié à un téléphone mobile par une connexion sans fil (genre Bluetooth), le stylo transmet ensuite les données à un ordinateur qui peut se trouver à distance. Des feuilles munies de minuscules taches détectées par le capteur permettent au stylo de reconnaître l’écriture, mais aussi de comprendre des instructions simples: une croix dans la case Fax ou E-mail sur la page et son contenu est transmis à un numéro ou une adresse électronique. Une simple note manuscrite dans un agenda papier et le stylo peut déclencher une cascade d’e-mails et de mises à jour automatiques au bureau.

Un autre suédois, Ericsson, sera le premier a intégrer la technologie d’Anoto dans un appareil: le «Chatpen», un stylo électronique qui sera commercialisé à la fin de cette année.