Trop se démarquer peut constituer une démarche vaine, voire contre-productive, auprès de la plupart des recruteurs. Il est en revanche plus utile de regrouper ses différentes identités numériques au sein d’un ePortfolio.
Envoyer sa candidature sous la forme d’un simple dossier comprenant CV, photo et certificats en format PDF sera-t-il bientôt jugé obsolète par les recruteurs? De plus en plus d’internautes utilisent de nouveaux supports, comme des CV en ligne, des vidéos ou des pages Facebook pour mettre en avant leur profil, voire créer un buzz, et se distinguer ainsi des concurrents potentiels.
Le problème est qu’il existe une différence entre se faire remarquer et décrocher un job. Spécialiste en recrutement 2.0 et personal branding, Marie-Marthe Joly relève que plusieurs initiatives créatives, telles que le CV code QR pour iPhone ou des T-shirts avec CV, n’ont pas obtenu les résultats escomptés. «D’autres tentatives, comme l’achat de mots clés via Google Ads pour mettre en avant son profil, par exemple via des vidéos, ou celle de ce cadre marketing qui avait loué une halle à Eurexpo dans un salon de l’emploi pour recruteurs où il était l’unique candidat, n’ont pas fonctionné non plus. Au mieux, je dirais que cela peut remplacer une lettre de motivation.»
On peut également mentionner les candidatures cherchant à amadouer le recruteur à l’aide d’une image de chaton ou d’un poème, les CV vidéo inspirés de la série de Canal + «Bref» ou les CV infographiques. Certains obtiennent parfois gain de cause: Enzo Vizcaino, un journaliste espagnol, a pu trouver un job à la télévision grâce à une cialis 5mg price le montrant en train de chanter son CV accompagné d’un ukulélé dans le métro de Barcelone.
Pour fonctionner, ces démarches doivent constituer une rupture. Elles ne peuvent donc marcher qu’une seule fois et se limitent souvent aux secteurs créatifs, notamment dans la communication ou le marketing. En revanche, les profils en ligne sur les réseaux sociaux professionnels, tels que LinkedIn, restent une valeur sûre dans tous les domaines. «Ils montrent des prétentions en matière d’expérience et permettent de recouper l’information par le biais des anciens collègues ou responsables, ainsi que par les recommandations des pairs, ajoute Marie-Marthe Joly. Pour ces raisons, mais aussi pour des motifs purement de rentabilité, les recruteurs trouvent dans les réseaux sociaux une source de candidats directe plus importante.»
Responsable de la filière informatique de la Haute école de gestion de Genève – HEG-GE, Jean-Philippe Trabichet, qui propose un cours intitulé «Identité numérique et eRéputation», émet aussi plusieurs réserves. Selon lui, la majorité des grandes entreprises restent très traditionnelles et présentent des processus internes de recrutement bien établis. Au contraire, des startup innovantes, comme par exemple le site communautaire QoQa dont le fondateur se fait appeler «Loutre en chef», ou des entreprises recherchant des talents spécifiques, notamment dans le domaine artistique, peuvent se montrer plus ouvertes à une certaine originalité.
Quoi qu’il en soit, soigner son identité numérique et s’assurer que tout ce que l’on trouve sur le net à son propos est correct demeure indispensable. Pour ce faire, créer un site web personnel, ou un ePortfolio, représente un bon complément à un CV traditionnel. «C’est un excellent moyen de maîtriser ses différentes existences numériques et de gérer son personal branding sur le net», relève Jean-Philippe Trabichet.
Il recommande de publier régulièrement des informations ou des réalisations personnelles de manière à gagner des points sur la liste des résultats de Google. De la même manière, une présence sur LinkedIn doit s’accompagner d’un profil complet avec photo et d’interventions dans des groupes de discussions.
De son côté, Facebook permet d’ajouter des éléments plus personnels sur ses hobbies, ses goûts ou ses loisirs. Autant d’éléments potentiellement intéressants pour un recruteur. Selon Jean-Philippe Trabichet, des sites plus spécifiques tels que primoCV.com, monCV.com, aboutme.com ou DoYouBuzz restent trop calibrés et ne laissent pas suffisamment d’autonomie au candidat. En résumé, il est important pour un employeur de pouvoir retrouver l’humanité derrière le candidat.
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Une version de cet article est parue dans la revue Hémisphères (no 9).