Frénésie sur le Net: la chanteuse Aaliyah participe au deuxième épisode du film culte, dont le tournage vient de commencer. Avec la bénédiction de William Gibson, père fondateur du cyberspace.
Pour un peu, on sentirait le Net frémir d’excitation. Depuis quelques jours, des informations apparemment anodines provoquent des réactions explosives dans les forums de discussion spécialisés. Ces informations concernent la suite de «Matrix», film culte absolu des accros du réseau. Le tournage vient de commencer dans la banlieue d’Oakland, Californie, sous la direction des frères Wachowski, auteurs du premier épisode. Il se poursuivra encore pendant six mois en Australie, la sortie du film étant agendée à l’été 2002. On n’a pas fini d’en entendre parler.
Pour les afficionados de «Matrix», il s’agit de connaître les moindres détails du tournage, de commenter les choix esthétiques des frère Wachowski et surtout de deviner la suite de la saga. Que deviendront Neo et Morpheus, quel sera le rôle exact de l’Oracle? Certains sites, comme l’inévitable Corona Coming Attractions, compilent les scoops livrés anonymement par les techniciens de la Warner qui brisent en douce la clause de confidentialité de leur contrat – ou qui alimentent soigneusement le «buzz» avec l’assentiment de leurs patrons.
Récemment, un fan a publié sur son site une photo exclusive montrant la cheap cialis que portera la comédienne Jada Pinkett-Smith (Madame Will Smith à la ville) dans le deuxième épisode. Fuite orchestrée? Impossible de le savoir, mais la coiffure en question, en forme de molécule, a déclenché des avalanches de réactions dans les forums. Mercredi dernier, les sites spécialisés ont connu une agitation semblable quand les producteurs ont annoncé officiellement que ce premier «sequel» s’intitulera «Matrix Reloaded». Que signifie cette recharge («reload») de la matrice virtuelle? Les analyses fusent.
Cette frénésie n’a rien d’étonnant quand on connaît l’impact provoqué par le premier épisode. A sa sortie au printemps 99, «Matrix» a étonné autant de cinéphiles érudits que d’amateurs de jeux vidéo, notamment par son habileté narrative et son analyse assez fûtée des rapports entre réel et virtuel. On y trouve des références à la mythologie grecque, à l’univers de Lewis Carrol et à l’industrie informatique. «Je comprends que «Matrix» ait eu un tel succès, dit Patrick J. Gyger, spécialiste de science fiction et responsable de la Maison d’Ailleurs à Yverdon. C’est un film assez racoleur, une contre-utopie qui récupère de vieilles idées de la littérature d’anticipation, en les intégrant dans une technique moderne de film de Hong Kong.»
Porté par un bouche-à-oreille enthousiaste, «Matrix» a généré près de 500 millions de dollars de chiffre d’affaire depuis sa sortie, se plaçant à la deuxième place des films les plus rentables de la Warner (derrière «Twister»). En ce début d’année, le DVD a longtemps occupé la première place des ventes et des locations.
En avril 1999, quelques jours après la confirmation du succès au box-office, le producteur Joel Silver a annoncé que «Matrix» donnerait lieu à une suite. En juin, il ajoutait que la production de «Matrix 2» et «Matrix 3» seraient menées en parallèle, stimulant ainsi la curiosité des fans et les spéculations sur l’évolution de l’intrigue. Les «otakus» (monomaniaques) de «Matrix» se sont alors organisés en réseaux. Ils ont créé leurs propres sites et imaginé des scénarios possibles pour les «sequels», tout en continuant à analyser les arcanes du premier épisode.
Depuis le début du tournage, le 26 mars, l’excitation est presque devenue palpable dans les forums de discussion, qui se multiplient à grande vitesse. On sait que la chanteuse Aaliyah, superstar du R&B, incarnera un personnage nommé Zee. On sait également que l’écrivain William Gibson, inventeur des expressions «cyberspace» et «matrice virtuelle», a apporté sa bénédiction au film. Dans un livre collectif paru récemment («The Art of The Matrix»), il a raconté à quel point la découverte du film des frères Wachowski l’avait fasciné.