TECHNOPHILE

Le transfert avec la manière

Start-up en voie d’atteindre la maturité, la firme hollandaise WeTransfer s’étend aux États-Unis et sur le mobile, tout en cajolant sa base d’usagers: la scène créative. Son nouveau CEO Gordon Willoughby raconte cette expansion hors du commun.

Rare Européen à tenter de devenir le facteur du web, WeTransfer et sa centaine d’employés cultivent leurs singularités face à DropBox, Box ou GoogleDrive. Dans les chiffres noirs six mois à peine après sa création en 2009, la start-up d’Amsterdam s’est autofinancée jusqu’en 2015, lorsqu’elle a levé 25 millions d’euros pour ouvrir un deuxième bureau à Los Angeles.

Son modèle d’affaires mêle rentrées publicitaires sur son site comparable à un papier peint et abonnements premiums payants. Imaginé par les fondateurs, le bloggeur Nalden et l’entrepreneur Bas Beerens, le service dérisoirement simple en mode gratuit, n’exige aucune identification. Il est plébiscité par les jeunes créatifs qui représentent 75% des 40 millions d’usagers mensuels. Venu d’Amazon, le nouveau CEO, Gordon Willoughby, pilote la croissance de l’entreprise.

Comment se porte WeTransfer?
Sur le plan économique, très bien. Nous allons finir l’année 2017 avec un chiffre d’affaires supérieur de 25% à celui de l’an dernier, notamment grâce à notre progression aux États-Unis.

Comptez-vous vous diversifier?
Nous avons lancé une app en octobre dernier. Elle permet de rassembler tous types de fichiers et de les partager aisément. Par exemple, un conférencier peut stocker son billet d’avion, sa présentation et d’autres données en un seul endroit.

Diriez-vous que WeTransfer cherche à se faire aimer de ses usagers?
Nous voulons proposer le service le plus simple et le plus fluide possible, aussi sur mobile. Pour consolider notre position auprès de la scène créative, nous exposons gratuitement le travail d’artistes sur notre site. Autre initiative récente, nous offrons des abonnements premiums aux étudiants en écoles d’art américaines.

L’informatique en nuage consomme beaucoup d’énergie. Avez-vous pris des mesures pour limiter votre empreinte?
Nous sommes l’un des dix plus importants consommateurs d’espace de stockage européens. Mais nous ne possédons pas de centre de données. Nous louons de la capacité chez Amazon Web Services (AWS). Ainsi nous atteignons une meilleure efficience environnementale, car le service se contracte et se dilate selon nos besoins variables.

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Une version de cet article est parue dans Technologist Magazine (no 15).