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Entre cathédrale et fitness: le retour de Pipilotti Rist

Après le WC qui vous filme par en-dessous, l’artiste vient d’investir une salle de musculation. C’est l’événement du printemps zurichois. Une expo qui n’a rien de national.

La dernière fois que Pipilotti Rist a fait parler d’elle, c’était en octobre 1999, lorsqu’elle décidait de vider son sac en public. Après un silence d’une année, celle qui avait présidé à la destinée artistique d’Expo.01 livrait au Tages Anzeiger tout ce qu’elle pensait de la manifestation nationale, de ses ex-dirigeants, de la souffrance qu’elle avait endurée.

«Je considérais l’Expo comme la mission de ma vie, je m’étais investie à 200%, disait-elle. Au fur et à mesure que je voyais mes intuitions se vérifier, j’étais de plus en plus désespérée.» Si désespérée qu’elle aurait carrément lancé à l’ex-directrice Jacqueline Fendt: «Je me suicide si tu n’instaures pas enfin un véritable management.» La suite, on la connaît: les deux femmes sont parties, l’une volontairement, l’autre pas.

Depuis, on n’a pas vu l’ombre de Pipilotti Rist dans les galeries zurichoises – sauf en tant que visiteuse. C’est la Kunsthalle qui avait accueilli sa dernière exposition en Suisse, «Remake of the week-end à la zurichoise». On était au printemps 1999, le succès avait été foudroyant, obligeant le musée à jouer les prolongations. Et depuis, rien.

On savait l’artiste très occupée à créer dans son vaste atelier, avec ses cinq collaborateurs. On savait qu’elle était invitée à Florence, Montréal ou Cologne. Que, pour New York, elle avait conçu un projet installé à Times Square que l’on peut encore tadalafil counterfeit sur le Net.

On savait qu’elle avait aussi conçu, toujours pour New York, des toilettes particulières. Munies d’une caméra à l’intérieur de la cuvette, elles permettent de découvrir, en direct, ce que normalement nul ne regarde. Une façon de s’attaquer au puritanisme, à la fausse pudeur du corps, à ce que l’artiste appelle la mauvaise foi. Chacun est juge

Le retour de Pipilotti Rist dans une galerie est donc l’événement du printemps zurichois en matière d’art contemporain. D’autant qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle galerie, mais de la plus influente qui soit – et la mieux implantée à l’étranger: Hauser & Wirth, installée dans une ancienne brasserie de bière reconvertie en temple de l’art contemporain où l’on trouve également la Kunsthalle, le Migros Museum, une agence d’événements et un fitness.

Pour leur première collaboration, la galerie a proposé à Pipilotti Rist d’utiliser un nouvel espace situé au rez-de-chaussée du bâtiment. L’artiste saint-galloise ne s’est pas fait prier et en a profité pour investir aussi le fitness installé vis-à-vis. La philosophie de ses interventions in situ? Mettre en scène le rapport que l’on a à l’espace lorsque l’espace a changé de vocation (comme dans le cas d’une ancienne brasserie reconvertie en temple de l’art). L’exposition a pour titre Pipirotti List (charmant jeu de mot, «List» signifiant «ruse»).

Pipilotti Rist n’a rien changé à la structure du fitness et de la salle d’expo. Elle a simplement ajouté quelques éléments, invitant le visiteur à une nouvelle découverte du lieu. L’espace appartenant à la galerie est une chambre vide, faite de grossier ciment. L’artiste l’a magnifié en y créant une ambiance méditative, presque religieuse.

Elle a illuminé les fenêtres de couleurs différentes, de façon à évoquer la douceur des vitraux. Sur le sol de béton, elle a jeté quelques fausses fourrures à longs poils blancs qui invitent à se prélasser. Et à suivre d’un œil lascif les vidéos projetées à même les murs, qui vous emmènent dans un monde léger, intime, évanescent. L’atmosphère est au recueillement.

Dans le fitness, Pipilotti Rist n’invite pas à la douce méditation mais provoque une dure – et ironique – confrontation entre soi et le monde de l’entraînement. On peut en déduire qu’elle ne doit pas être une habituée des salles de musculation.

Contre un mur, elle a installé des écrans sur lesquelles défilent quatre vidéos. Dans l’une d’elles, on voit l’artiste elle-même, enfermée nue dans une cage de verre et se cognant aux parois transparentes pour tenter en vain de sortir. Le message est clair, mais les habitués du fitness continuent imperturbablement leur gonflette, indifférents même aux visiteurs en tenue de ville.

Ainsi, d’un côté, l’espace devient cathédrale et promesse de dépassement de soi, de l’autre, il devient cage et rappel des limites corporelles. Avec cette exposition en forme de diptyque, Pipilotti Rist revient hanter les murs zurichois en incitant à une belle méditation entre profane et religieux. Et l’on se rend subitement compte qu’elle nous avait manqué!

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Le site officiel de Pipilotti Rist.

Le site de la Galerie Hauser & Wirth, Limmatstrasse 270, Zurich (téléphone : +41-1-446 80 50).

L’exposition Pipirotti List sera ouverte jusqu’au 19 mai 2001, mais fermée du 13 au 16 avril.