- Largeur.com - https://largeur.com -

Des caméras dans les berceaux

Filmer les prématurés permet de surveiller leur état de santé et de communiquer avec les parents. Explications.

Un système de caméras pour mesurer la fréquence cardiaque et respiratoire des prématurés: cette nouvelle technologie développée par le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM) et l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est actuellement en phase de test. «L’objectif est double, explique Virginie Moser, chercheuse au CSEM: supprimer les capteurs fixés à même la peau, source d’inconfort et de stress, et éviter le grand nombre de fausses alertes qu’ils génèrent, car ils sont très sensibles aux mouvements.»

Les caméras sont installées à même les incubateurs et fonctionnent nuit et jour. Elles détectent les variations légères de couleurs de la peau du bébé, dues aux battements du cœur, pour en mesurer le rythme et filment les mouvements de la poitrine et du ventre pour vérifier la fréquence respiratoire.

Traitement en temps réel

Spécialiste des systèmes de vision, le CSEM a œuvré au paramétrage des ap­pareils. De son côté, l’EPFL a établi précisément les zones de peau à mesurer. Pour le réglage des caméras, des expériences ont été menées sur les joues ou sur le front d’adultes, parties les mieux vascularisées et où la peau est la plus mince. Les deux instituts ont par ailleurs élaboré un algorithme pour traiter les données en temps réel.

«Cela permet de n’avoir qu’un délai de trois secondes après chaque battement de cœur, indique Virginie Moser. Le corps médical peut alors réagir immédiatement en cas d’arythmie ou autre problème.» Le Service de néonatologie de l’Hôpital universitaire de Zurich participe au projet depuis ses débuts, notamment pour faire remonter les besoins du terrain, et c’est entre ses murs que des tests ont débuté mi-juin, pour une durée de six mois.

«Le nombre de prématurés est en légère hausse, souligne Riccardo Pfister, responsable de l’Unité de néonatologie aux Hôpitaux universitaires de Genève. Les chances de survie des plus petits ont augmenté et les grossesses sont mieux suivies, ce qui permet de faire sortir les bébés plus tôt en cas de problème. La progression est marquée dans plusieurs pays d’Europe. Elle est moins nette en Suisse, mais notre pays ne devrait pas tarder à suivre la tendance.»

Filmer pour créer du lien

À Genève, les caméras ont investi le Service de néonatologie il y a une dizaine d’années déjà, mais pour un usage différent: créer un lien entre le nouveau-né et ses parents, notamment lors de l’impossibilité d’être physiquement sur place, dans le cas de l’hospitalisation de la mère par exemple. Un partenariat avec la fondation Defitech a permis de mettre en place des chariots munis de caméras que les infirmières déplaçaient devant les couveuses. «Mais avec une protection des serveurs très élevée, les manipulations informatiques étaient complexes pour les équipes soignantes», indique Riccardo Pfister. En 2015, le projet a été modernisé et simplifié. Avec le système de visioconférence BBvision, également installé aux soins intensifs pédiatriques, chaque couveuse a sa caméra. L’appareil est relié à un serveur hospitalier sécurisé permettant aux parents d’observer leur enfant à distance, depuis la maison ou tout autre endroit, via une application mobile.

Il suffit de téléphoner à l’infirmière, qui envoie un lien valable pour une durée limitée. «Nous sommes en train d’étudier le niveau de stress que générerait un accès en continu, pour les parents mais aussi pour le personnel soignant», précise Riccardo Pfister. Le système actuel est largement utilisé, ce qui n’empêche pas de favoriser avant tout le contact physique entre le bébé et ses parents, dès que cela est possible.

_______

Une version de cet article est parue dans In Vivo Magazine (n°12).

Pour vous abonner à In Vivo au prix de seulement CHF 20.- (dès 20 euros) pour 6 numéros, rendez-vous sur cialis bph prescribing information.