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De la friture sur les ondes

Des chercheurs de l’Institut Niels Bohr de Copenhague réfutent la première détection d’ondes gravitationnelles par l’Observatoire d’ondes gravitationnelles par interférométrie laser (LIGO) en 2015. En cause: des bruits suspects qui auraient altéré les données. Ces ondes découlent de phénomènes comme la formation de trous noirs, mais des bruits terrestres peuvent affecter les interféromètres. Or l’analyse des Danois révèle justement une corrélation entre bruits terrestres et détection des ondes. Víctor Cardoso, ancien membre du LIGO et professeur à l’Institut supérieur technique de Lisbonne, s’exprime sur ce sujet qui a mis la communauté scientifique et médiatique en émoi.

Comment se positionnent les physiciens face à la contre-expertise danoise?

Ils sont sceptiques, car le LIGO a vingt ans d’expérience dans l’évaluation de ces perturbations sonores. Certains points que les Danois reprochent au LIGO de ne pas avoir examinés l’ont pourtant bien été. Leurs réfutations semblent injustes, car il n’est pas possible de reproduire un unique fragment des résultats du LIGO avec précision, ni de faire une analyse pertinente de leurs premières estimations, car toutes les données n’ont pas été rendues publiques. Ces déclarations méritent d’être examinées avec une attitude scientifique.

Que nous apprend cette controverse sur la science et les débats publics?

Le temps nécessaire pour les débats scientifiques dépasse largement celui des échanges avec le public. C’est une bonne chose que le grand public participe à ce débat, mais il ne faut pas oublier ceci: il a fallu un siècle à la science pour une première détection. Cinq ou dix ans de plus ne sont pas de trop pour examiner attentivement les détails et en mesurer les conséquences.

Et après?

Ces éléments seront étudiés en détail si l’article des scientifiques danois franchit l’étape de la relecture et est publié. Le LIGO continuera à détecter des événements tous les ans, mais l’observatoire est situé sur la Terre, qui bouge constamment. Une solution serait d’envoyer des détecteurs dans l’espace, ce que propose de faire la mission eLISA de l’Agence spatiale européenne, qui lancera trois satellites formant un triangle équilatéral d’environ deux millions de kilomètres de côté.

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Une version de cet article est parue dans le magazine Technologist (no 14).