CULTURE

The Real Sex Bomb, ou le retour gagnant de Dame Shirley Bassey

Dans la foulée de Tom Jones, voici le grand retour de la chanteuse préférée de l’agent 007. Son dernier album est une réussite. On vous l’offre, dépêchez-vous.

L’époque semble être au recyclage des anciennes gloires de Las Vegas. Après le succès phénoménal de Tom Jones avec son album «Reload», c’est au tour de Shirley Bassey de subir un lifting discographique qui pourrait bien l’élever une fois de plus au sommet des hit-parades.

En toute logique, Dame Shirley (on l’appelle ainsi depuis qu’elle a été anoblie par la Reine d’Angleterre) devrait réussir un come-back aussi scintillant que celui de son compatriote. Jusqu’ici en tout cas, leurs carrières ont suivi des chemins étrangement parallèles.

Nés tous les deux dans une contrée méconnue, le pays de Galles, il y a un peu plus de soixante ans (8 janvier 1937 pour Shirley, 7 juin 1940 pour Tom), ils se sont fait connaître dans les années 60 par un timbre de voix exceptionnel qui les a menés à un succès pratiquement instantané.

Ces interprètes de talent ont su donner une touche personnelle à de nombreux tubes de l’époque («My Way» de Sinatra, «Something» de Beatles, «Ne me quitte pas» de Brel ou «Light my Fire» des Doors). Mais leurs carrières respectives se sont gentiment ralenties au milieu des années 70, avant de rebondir une première fois à la fin des années 80 grâce à des collaborations avec des pionniers de la musique électronique.

C’est ainsi que Tom Jones a retravaillé le «Kiss» de Prince avec le collectif Art of Noise tandis que Shirley Bassey collaborait avec le duo suisse Yello pour «The Rythm Divine». Les titres occupèrent brièvement la tête des hit-parades, mais ces succès restèrent sans lendemain pour les deux crooners.

En 1996 et de façon plus anecdotique, ils sont tous les deux devenus acteurs en faisant leurs premiers pas au cinéma dans «La Passione» pour Shirley et «Mars Attacks» pour Tom.

A l’automne passé, Tom Jones a publié son album «Reload» qui au fil des mois est devenu un best-seller mondial, propulsé par le souffle d’une improbable «Sex Bomb» à retardement.

Ce succès inattendu n’est certainement pas dû au seul organe de «the Voice», comme on l’a surnommé dans les années 60, mais bien plus au choix très judicieux des artistes à la mode avec lesquels il a collaborés pour cet album. La liste des invités est en effet assez impressionnante, allant de Robbie Williams à Natalie Imbruglia en passant par Portishead, Simply Red, Mousse T. ou The Cardigans.

Sorti ces jours-ci, l’album «Diamonds are Forever… The Remix Album» (EMI) de Shirley Bassey utilise une recette légèrement différente puisqu’il ne s’agit plus d’organiser des duos avec les artistes branchés du moment mais de revisiter ses grands classiques en les faisant remixer par la crème de la musique électronique.

Ce genre d’exercice peut s’avérer périlleux. Le risque était important de voir une ré-appropriation des titres de Shirley Bassey par quelques bidouilleurs en mal de sensations fortes.

Heureusement, cet album s’apparente plus à une cure de jouvence en forme d’hommage qu’à une relecture sans respect. Le respect semble d’ailleurs être le point commun de tous ceux qui ont été appelés à revisiter l’œuvre de Dame Shirley.

Que ce soient les New-Yorkais Kenny Dope Gonzales (Masters at Work), Mantronik et DJ Spinna, ou les Anglais de Nightmares On Wax, de Groove Armada ou de Moloko, tous se rejoignent pour parler de l’honneur qui leur a été fait de participer à un tel projet, mais aussi de la crainte de ne pas être à la hauteur de pareil défi.

Il faut dire que le défi était aussi d’ordre technique puisque la plupart des morceaux originaux avaient été enregistrés à l’époque en prise directe, donc sans la possibilité de séparer instrument par instrument, de réaliser des remixes piste par piste.

C’est l’une des raisons qui font que les nouvelles versions restent proches des originaux avec l’apport d’une rythmique accentuée et l’adjonction subtile d’effets ou de scratches qui mettent totalement en valeur la voix chaleureuse de Shirley Bassey.

A relever aussi, l’excellente version du mythique «Goldfinger» retravaillé par le duo Propellerheads qui s’était déjà distingué en 1998 par leur fructueuse collaboration avec Miss Bassey pour le hit «History Repeating».

Le résultat final est à la hauteur de toutes les espérances, si l’on excepte une légère ombre à la fin du tableau. L’album se termine en effet avec un remix techno-trance de «If you Go Away (Ne me quitte pas)» par Mark Brydon du duo Moloko, qui fait perdre le caractère poignant de cet extraordinaire morceau de Jacques Brel pour ne laisser qu’une musique froide et décharnée.

Mis à part ce bémol, «Diamonds are Forever…The Remix Album» est une réussite.

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A consulter aussi, le site des amis de Shirley.