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Dans l’oeil du puma

Hélicoptères de surveillance, météo capricieuse, communes échaudées: rien n’est fait cet été pour faciliter la vie des «touristes» de l’asile.

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Ah, les joies de l’été. Les balades dans la nature, l’air pur, la sérénité bucolique. Même la nouvelle première ministre britannique, Theresa May, parait-il, est fan de la randonnée alpine, et une habituée de l’Oberland et de Zermatt aux beaux jours.

Bien sûr, à arpenter, nez au vent, les somptueux paysages de notre somptueux pays, on s’expose parfois à de menus désagréments. Trois fois rien certes. Le fracas, tiens, d’un Super Puma au-dessus de vos têtes. C’est que l’été amène aussi un genre de touristes pas forcément toujours bienvenus. Du genre à ne pas lever le petit doigt ni surtout sortir le porte-monnaie pour alimenter l’économie locale. N’est pas russe ou chinois qui veut.

D’où le Super Puma. Celui qui selon une information de la radio locale Radio Rottu survole le Haut-Valais, équipé de caméras infra rouge et censé repérer l’ombre envahissante de migrants dans la nature.

L’Administration fédérale des douanes (AFD) confirme l’usage d’hélicoptères et de drones, usage pas forcément récent mais avec un supplément de mission désormais: «Les douaniers utilisent les hélicoptères et les drones pour combattre la criminalité transfrontalière depuis des années. S’ils sont surtout utilisés pour lutter contre la contrebande, les passages illégaux en font également partie.» Ah si nous braves gabelous avaient disposé de tels instruments entre 39 et 45, combien leur tache ingrate en aurait été facilitée.

Vous vous plaignez d’une météo jusqu’ici plus ou moins capricieuse? Pas assez torride à votre goût? Vous n’êtes pas les seuls. Contrairement à ce qui était attendu et à ce qui se passe habituellement, les demandes d’asile ont été plus nombreuses les trois premiers mois de l’année que les trois suivants. 8315 contre 5962. La faute peut-être à la fermeture de la route des Balkans. Mais aussi à une météo déplaisante tout le printemps. On ne sait pas trop.

Le secrétariat d’état aux migrations (SEM) et son chef Mario Gattiker se refusent d’ailleurs à tout pronostic pour la suite, jugeant la situation «imprévisible». Sauf pour dézinguer le diable peint sur la muraille par le paranoïaque bien connu des services, Ueli Maurer, annonçant 45000 demandes pour l’année 2016: «Nous n’avons aucune indication que le nombre va fortement évoluer vers le haut.» Et puis d’ailleurs pourquoi s’en faire? Depuis que l’on sait que le super oeil des Super Puma veille sur l’immaculé territoire suisse. L’été pourra décider de devenir enfin l’été et contribuer ainsi à accélérer les arrivées des indésirables: peu importe, nous sommes parés.

Les dits indésirables d’ailleurs n’ont pas que les orages et la grêle à craindre. Mais aussi la déloyale et douteuse commune de Rekingen (Argovie). Telle du moins, «douteuse et déloyale», la juge l’association «Réseau asile Argovie» Il faut dire que Rekingen, 1000 habitants, concrétise les espoirs exprimés il y a quelques jours par le malheureux Maurer déjà évoqué: que les coûts engendrés par les requérants finissent par dresser cantons, communes et population contre le principe même de l’asile.

Car Rekingen appelle au secours. A cause de 7, oui 7 réfugiés, qui viennent d’obtenir l’asile, et qui de ce fait, soutenus jusqu’ici par le canton, représentent désormais une charge potentielle pour le brave petit patelin. «Cela signifierait la ruine financière de la commune», préviennent les autorités. C’est vrai ça, le nombre ne fait rien à l’affaire. Les salopards n’étaient pas plus de douze.