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Une pensée très positive

Le nerf vague, qui relie le cerveau à plusieurs organes, joue un rôle essentiel dans la relation corps-esprit. Est-il possible de l’exercer pour devenir plus heureux?

Qui n’a pas tenté de repousser ses limites en faisant 1 km de plus dans une course ou en portant des sacs de provisions trop lourds, pour se prévaloir de la domination de l’esprit sur le corps, au mépris des messages de douleur ou de fatigue?

Certains scientifiques pensent désormais qu’il peut en être de même pour la santé et le bien-être. Ils font état d’un lien entre la pensée et les indicateurs physiques et émotionnels du type inflammation, crises cardiaques et estime de soi. Cette relation explique pourquoi les gens voient parfois leur état s’améliorer après la prise de remèdes qui n’ont aucune valeur médicinale: le fameux effet placebo.

Au centre de cette intense relation corps-esprit se trouve le nerf vague, qui parcourt le corps du cerveau jusqu’à l’estomac et au tube digestif, via les poumons et le cœur. Il est également relié aux nerfs impliqués dans la parole, le contact visuel et l’expression faciale. Il constitue un élément essentiel du système nerveux parasympathique, dont le rôle est de calmer les organes après la production d’adrénaline liée à la réaction «lutter ou fuir» suscitée par un danger. Plus cette activité vagale est intense, plus le corps se détend rapidement après un stress pour reprendre ses fonctions digestives et autres.

Des nerfs solides

L’intensité de la réponse d’une personne est appelée tonus vagal. Ceux qui ont un meilleur tonus jouissent d’un large éventail de bénéfices en plus d’être calmes et de décompresser rapidement. Des études montrent qu’ils peuvent mieux réguler leur taux de glycémie, réduisant ainsi l’incidence du diabète, des AVC et des maladies cardiovasculaires. Ils sont également socialement et psychologiquement plus forts: plus heureux et empathiques, mieux à même de se concentrer, de se souvenir et d’établir des liens d’amitié étroits, et moins sujets à la dépression. A l’opposé, un faible tonus vagal est associé à tout un éventail de risques physiques et psychologiques.

Le tonus vagal se mesure à l’aide d’un électrocardiogramme, afin d’observer la différence de rythme cardiaque pendant la respiration. Le fait d’inhaler temporairement inhibe le nerf vague, faisant augmenter le rythme cardiaque afin d’accélérer le transport de sang oxygéné dans le corps. Le fait d’expirer produit l’effet inverse. Plus la différence est importante, plus le tonus vagal est élevé.

Bien que le tonus vagal soit dans une certaine mesure génétiquement prédéterminé, on retrouve une plus forte prévalence de faible tonus chez les personnes obèses et faisant rarement de l’exercice physique. Barbara Fredrickson et Bethany Kok, deux psychologues de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, se sont demandé si les individus pourraient modifier leur état d’esprit en aiguillant leur mode de pensée vers un tonus vagal plus élevé.

En 2010, elles ont recruté 70 sujets: chaque volontaire était invité à évaluer tous les jours l’intensité de ses émotions positives et négatives, telles que joie, amour, colère et dégoût. Le tonus vagal a été mesuré au début et à la fin de l’expérience, neuf semaines plus tard. La moitié des participants se sont vu enseigner une technique de méditation, visant à favoriser les sentiments de bonne volonté envers eux-mêmes et autrui.

Effet d’amplification

Les résultats étaient encourageants. Les méditants ont présenté une augmentation significative de leurs tonus et émotions positives. En revanche, les moins bons tonus ont affiché la plus faible hausse, ce qui suggère que ceux qui ont le plus besoin de «se penser en meilleure santé» sont ceux qui avaient le plus de mal à le faire.

Il existe également ce que Bethany Kok appelle l’«effet d’amplification». Dès lors que l’on améliore son tonus vagal, il devient plus facile de le développer encore puisqu’un tonus plus élevé favorise un plus grand sentiment de connexion et de bien-être.

Bethany Kok, qui travaille désormais à l’Institut Max Planck de neurologie et des sciences cognitives de Leipzig, tente de reproduire ces résultats dans un essai beaucoup plus large. Si elle y parvient, le tonus vagal pourrait être utilisé comme outil de diagnostic pour divers problèmes de santé. «Les hôpitaux suivent déjà la variabilité du rythme cardiaque chez les patients post-crise cardiaque», explique-t-elle. «Nous savons qu’une faible variabilité est un facteur de risque, mais nous sommes encore loin d’élargir le recours au tonus vagal. Nous ne savons même pas encore à quoi ressemble un tonus vagal sain, nous nous intéressons seulement aux plages de fluctuation.»

Le nerf vague pourrait être stimulé à l’aide d’un implant, mais cela serait invasif. Des études montrent également que le tonus vagal augmente avec l’effort physique. Et le simple fait d’écouter de la musique entraînante peut avoir le même effet. Grâce au nerf vague, le bien-être physique est peut-être dans votre tête.
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Une version de cet article est parue dans le magazine Technologist (no 3).