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Ces vidéastes romands qui s’imposent sur YouTube

Des talents locaux rencontrent le succès sur internet grâce à leurs vidéos. Un moyen pour certains d’arrondir leurs fins de mois.

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Un million trois cents mille abonnés et des vidéos qui peuvent grimper jusqu’à trois millions de vues sur YouTube: tel est le palmarès du Valaisan Benoît Moreillon, alias Diablo X9, grâce à ses séquences dans lesquelles il commente des jeux vidéo. Et il n’est pas le seul Romand à conquérir la Toile: ainsi, l’artiste veveysan Guillaume Reymond s’est construit une réputation solide dès sa première vidéo, une partie de Tetris humain qui avoisine aujourd’hui les 14 millions de vues. L’humoriste Julien Donzé, pour sa part, a convaincu 250’000 abonnés grâce à son humour décalé, ses parodies et étranges expériences.

Au-delà du succès d’estime, la popularité virtuelle de ces vidéastes romands peut se convertir en pièces sonnantes et trébuchantes. Sans révéler de montant exact, Benoît Moreillon expliquait ainsi dans un récent entretien accordé à Migros Magazine qu’il pouvait vivre grâce au revenu généré par ses vidéos, après avoir abandonné ses études pour se consacrer à sa passion. Mais il s’agit pour l’heure plutôt d’une exception qui confirme la règle, car la route vers la rentabilité reste encore longue et parsemée d’embuches pour les créateurs de vidéos romands. «Rares sont ceux qui peuvent en vivre», rappelle Stéphane Koch, spécialiste des réseaux sociaux.

Afin de tirer profit de leurs œuvres, les créateurs de contenu ont la possibilité d’intégrer de la publicité à leur vidéo, en devenant «partenaires YouTube». Un contrat qui implique d’être le détenteur des droits d’auteurs, mais requiert aussi un minimum d’audience. «Il faut avoir au moins 100’000 vues par vidéo pour que YouTube trouve votre profil intéressant», précise Julien Donzé.

Les auteurs n’ont cependant aucun contrôle sur les publicités intégrées à leurs vidéos, car la filiale de Google se charge des négociations avec les annonceurs. «Les revenus ne peuvent se calculer au nombre de clics, ils varient en fonction de la diffusion géographique de la publicité», souligne Patrick Chareyre, spécialiste du marketing digital. Ainsi, «une vidéo consultée sur un smartphone ne rapporte rien à son auteur, car la publicité n’est pas intégrée sur ce genre de terminal», ajoute Julien Donzé.

Autre difficulté: pour intégrer des publicités sur leur vidéos, les Romands doivent jusqu’à présent s’adresser à YouTube France et bénéficier d’une adresse fictive dans l’Hexagone, comme le précise Thierry Weber, bloggeur et conseiller d’image sur le net. «Sur YouTube, il n’y a pas de frontière, et beaucoup de personnes pensent que je suis Parisien!», explique Julien Donzé.

L’ouverture récente d’une unité administrative de YouTube à Zurich devrait permettre d’améliorer la situation à terme, en offrant aux Romands la possibilité de signer des contrats avec leur adresse légale. Mais le changement n’est pas encore d’actualité: «La plateforme tarde à signer des contrats avec des Romands. Et pour cause, la majorité des publicités qui sont publiées à côté des vidéos sont en allemand», explique Thierry Weber.

Du reste, la récolte d’argent via le canal publicitaire n’est pas le seul objectif des vidéastes romands: ainsi, Guillaume Reymond a choisi de ne pas agréger de publicité sur ses vidéos, malgré leur popularité. Grâce à sa réputation sur la Toile et sa connaissance des mécanismes des réseaux sociaux, il décroche déjà de nombreux contrats avec des établissements soucieux de créer le buzz avec une vidéo. Dernier exemple en date: une vidéo produite pour le compte de la Haute Ecole de Santé Vaud, dans lequel le siège de l’établissement s’anime. Postée sur la chaine YouTube de Guillaume Reymond, elle a été vue près d’un million de fois.

Pour arrondir leur fin de mois, les créateurs populaires peuvent aussi prêter leur image à des grandes marques. C’est le cas de Julien Donzé, qui a joué dans une publicité pour l’opticien Visilab. De son côté, Andrea Dos Santos alias ExtreamAndy, rêve de devenir animatrice. Ses vidéos qui traitent sans tabous aussi bien du sexe que des jeux vidéo ont conquis des dizaines de milliers d’internautes. Sa notoriété sur YouTube pourrait lui donner un sérieux coup de pouce: elle a récemment été invitée par le site à Paris pour réaliser une vidéo avec d’autre créateurs. Une expérience qui lui a non seulement rapporté un petit pécule, mais aussi de nouveaux fans.