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La pétanque, nouvelle star des préaux

Le lancer de cochonnet s’offre une renaissance inattendue auprès des jeunes Romands. La facilité d’apprentissage et la bonne humeur qui entoure le jeu contribuent à ce grand retour.

Il y a eu des signes avant-coureurs. D’abord, la mode des espadrilles en filet de papy marseillais. Puis le retour du pastis, qu’on boit désormais en cocktails, avec du jus de fraise ou en version mauresque avec du sirop d’orgeat, sur les terrasses branchées. A présent, c’est au tour de la pétanque de revenir en plein lumière. Lacoste lance cette année des boules ornées d’un crocodile, vendues dans une boîte stylisée qui témoigne du rafraîchissement de l’image du jeu ancestral. Objectif de la marque: toucher les jeunes de 18 à 25 ans. Plus surprenant, et plus exclusif, Chanel propose aussi des boules griffées de ses célèbres C entrelacés dans une jolie mallette en osier.

A Genève, le concept store The Square suit le mouvement: du 13 au 23 juin, le magasin se transforme en «boutique à boules» éphémère où sont vendus des objets uniques (bijoux, vêtements, accessoires, photographies, illustrations, etc.) inspirés à des artistes par l’univers de la pétanque. Un terrain de pétanque à l’intérieur permet aux aficionados de jouer. Un tournoi est même prévu le soir du vernissage.

Rajeunissement manifeste

Il semble donc loin le temps où seules quelques têtes chenues s’adonnaient en s’invectivant à ce jeu qui demande peu de qualités athlétiques. On le vérifie à la Maison de quartier des Pâquis. «Parmi les nombreux jeux à disposition, les enfants choisissent souvent les boules de pétanque en premier», constate Thomas Hochstaetter, moniteur. «Il y a des notions de compétition et d’habileté qui plaisent aux enfants dans ce jeu», ajoute l’animatrice Coé Blanchard. Les jeunes adeptes le confirment, ils préfèrent les boules au ballon de football: «J’adore la pétanque, parce que j’ai appris à en jouer avec ma grand-mère et mon arrière-grand-mère», témoigne Inès, bientôt 10 ans, sur le boulodrome.

Mireille Jaggi, secrétaire de la Fédération suisse de pétanque, remarque aussi un certain rajeunissement du jeu: «Le nombre de membres au sein des amicales de pétanque ne cesse d’augmenter. Les enfants sont de plus en plus nombreux, ils s’inscrivent dès l’âge de 6 ans.» Chaque année, une dizaine de jeunes entre 7 et 18 ans obtiennent une licence.

Un jeu démocratique

Etre accessible au plus grand nombre reste ancré dans la culture de ce sport. Son inventeur, Jules Hugues, était un champion du «jeu provençal». Un jeu semblable à la pétanque, au cours duquel les participants prennent leur élan pour lancer leur boule. Ne pouvant plus pratiquer son sport favori à cause de violents rhumatismes, Jules Hugues a alors élaboré de nouvelles règles. Il proposa de jouer les «pieds tanqués», c’est-à-dire les pieds ancrés au sol. C’est ainsi qu’est née la pétanque, au début du XXe siècle.

Aujourd’hui, la bonne humeur et la facilité d’apprentissage restent les atouts majeurs de cette activité. «C’est convivial, accessible à tous, ce n’est pas trop physique et cela fait bouger et sortir», note Igor, 25 ans, joueur de pétanque régulier du terrain des Pâquis. Et d’ajouter: «La pétanque est une façon de se réapproprier l’espace public. Les gens du quartier se retrouvent ici au lieu que la place soit laissée à l’abandon.» «Les parties de boules redonnent de la couleur à un quartier urbain plutôt sombre», estime aussi Coé Blanchard.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.