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Sexe: de quoi rêvent les Romands?

Du plus simple au plus cru, le fantasme participe au déclenchement et au plaisir de l’acte sexuel. Une tendance se dessine: le passage de l’imaginaire à la pratique. Explications et témoignages.

«J’imagine plusieurs hommes autour de moi. Ils ne se touchent pas entre eux, ils s’occupent tous de moi, n’ont d’attention que pour moi.» Quand elle raconte son fantasme, Marie*, une Genevoise de 30 ans, ne peut s’empêcher de rougir et de rigoler: «Dans la vraie vie, je ne le ferai jamais, même si j’en avais la possibilité. Le plus étonnant, c’est que je ne connais aucun de ces hommes. Je ne sais pourquoi, ce mystère m’excite.»

Les fantasmes jouent un rôle important dans la sexualité des humains car, la plupart du temps, «ils permettent de stimuler le désir», explique le sexologue genevois Willy Pasini. «Certaines personnes y pensent pour se masturber, pour se mettre en condition juste avant l’acte sexuel ou même pendant afin d’augmenter leur plaisir.» C’est le cas de Marie: «Personnellement, je m’en sers pour m’exciter lorsque je me masturbe, et parfois aussi pendant l’acte sexuel afin d’atteindre l’orgasme.»

1. Vie fantasmatique et sexualité épanouie

Selon une étude** menée auprès de 5000 Français par le psychiatre et sexologue Philippe Brenot, 71% des femmes et 83% des hommes déclarent avoir des fantasmes. Les femmes qui affirment ne pas en avoir se distinguent assez nettement du reste de la population: «En général, leur premier rapport sexuel s’est moins bien passé, elles se masturbent peu, ont moins de partenaires et sont moins satisfaites de leur vie sexuelle que les autres, constate Philippe Brenot, auteur du livre Les femmes, le sexe et l’amour. Cela montre que la richesse de la vie fantasmatique est liée à une sexualité épanouie ou que les fantasmes sont une source nécessaire pour avoir une sexualité satisfaisante.» Chez les femmes amoureuses, les fantasmes font généralement intervenir leur compagnon, mais dans des positions ou des comportements inhabituels, osés voire violents. «Je rêve de faire l’amour dans l’eau avec mon copain, témoigne Alice*, une Genevoise de 27 ans, en couple depuis quelques mois. C’est quelque chose que je n’ai jamais pratiqué et je vais peut-être profiter de l’été pour passer à l’acte dans le lac.» Au-delà des fantasmes, ce qui excite le plus le désir des femmes c’est d’abord la gentillesse et les attentions de leur conjoint (66%), son odeur (65%) et son corps (62%)**.

Chez les hommes, en revanche, le visuel est le principal support à l’excitation: la beauté (58%) et l’allure vestimentaire (47%) de leur compagne sont primordiales pour susciter leur désir. Mais leur conjointe apparaît rarement dans leurs fantasmes. Environ 60% d’entre eux rêvent de faire l’amour avec deux femmes ou plus en même temps. Un fantasme qui apparaît également chez 30% des femmes**.

2. La réalité et les désirs

«On fantasme d’avoir une sexualité extraordinaire parce que la sexualité ordinaire ne suffit pas», poursuit Philippe Brenot. Mais qu’en est-il de la réalité? Selon un sondage réalisé en 2012 par l’Université de Berne pour 20 Minuten et le site de rencontre Secret***, près d’un quart des personnes interrogées fait l’amour une fois par semaine, 16% une fois toutes les deux semaines et un tiers déclare ne pas avoir de relations sexuelles. Seulement 7% des sondés confient faire l’amour plus de quatre fois par semaine. Pour une écrasante majorité de personnes, femmes comme hommes, la fidélité est importante, voire très importante. Si seulement 12% des femmes et 15% des hommes avouent être sexuellement insatisfaits, la moitié de la population aimerait faire l’amour davantage…

Mais tout paraît plus sauvage dans le domaine de l’imaginaire: le sexe à plusieurs est le premier rêve des sondés, suivi par les jeux de rôle, le sexe anal, l’échangisme… «Parfois, il peut s’agir de scénarios très précis, voire assez drôle comme cette femme qui rêve d’avoir un pénis pour pénétrer son copain, raconte Philippe Brenot. Mais dans l’ensemble, les fantasmes ne sont pas si extraordinaires. Cela peut être, par exemple, de rêver de ses prochaines rencontres avec son amoureux.» Contrairement à l’idée reçue, les pulsions secrètes n’ont pas toujours l’apparence d’un scénario élaboré. «Il peut également s’agir d’une sensation, comme l’odeur, le toucher ou le bruit, note Lorenzo Soldati, sexologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Les personnes aveugles de naissance, par exemple, ont également des fantasmes, mais sans image.»

3. Du fantasme au passage à l’acte

Mais ces désirs secrets méritent-ils de sortir de notre imaginaire pour être testés dans la réalité, particulièrement en cette période estivale? «Réaliser ses fantasmes de temps en temps, c’est bien mais c’est souvent décevant, estime Lorenzo Soldati. Le désir n’est pas dans la réalisation des choses, mais plutôt dans la potentialité de les faire. Je pense qu’il faut laisser certains fantasmes vierges.» Pourtant, la tendance actuelle chez les Suisses est plutôt à la mise en pratique des désirs secrets. «Jusqu’à il y a une dizaine d’années, les fantasmes étaient totalement séparés de la réalité, raconte Willy Pasini. Il fallait surtout ne pas les réaliser, ni même les confesser. C’était un jardin secret. Aujourd’hui, la tendance a changé: les gens essaient de plus en plus de réaliser leurs fantasmes avec leur partenaire dans ce que j’appelle de la perversion soft.»

«J’aime dominer complètement ma femme, raconte ainsi Bruno*, trentenaire genevois. De temps en temps, je la maintiens fermement, je lui mets une fessée ou lui passe des menottes. C’est un jeu entre nous, que nous aimons tous les deux.» «Les fantasmes se réfèrent au rapport aux autres, explique la sexologue lausannoise et cheffe de service à Profa, Denise Medico, c’est pourquoi on retrouve souvent des sentiments qui vont par paires comme la soumission/domination ou la distance/tendresse.» Mais attention: si le fantasme du viol, par exemple, est assez répandu chez les femmes, aucune d’entre elles n’a réellement envie d’un passage à l’acte. «Il s’agit d’un viol symbolique, non traumatique, prévient Philippe Brenot. Il faut le voir comme un viol érotique ou romantique, telle l’envie d’être enlevée par un prince charmant.» Pour que cela soit excitant, il faut néanmoins qu’il y ait un risque. «On flirte avec quelque chose qui nous fait peur, mais sans oser y aller complètement, poursuit Denise Medico. La réalisation n’a pas grand-chose à voir avec le rêve. Même si on le met en pratique, le fantasme central ne s’épuisera pas.»

4. Une sexualité en constante évolution

Si parler des fantasmes ou les réaliser n’est plus tabou, c’est que la sexualité a évolué. «Désormais, dans des pays comme la France ou la Suisse, les femmes sont libres dans leurs paroles, leurs désirs et leurs comportements. Elles osent parler de leur plaisir et le vivre, constate Philippe Brenot. C’est un véritable changement. Il y a encore une ou deux générations, le sexe oral par exemple était réservé aux bordels. Aujourd’hui, plus rien n’est tabou et les couples s’essaient à toutes sortes de choses. Cunnilingus et fellations sont ainsi pratiqués par à peu près tous les couples, la sodomie n’est plus une pratique anormale (37% des femmes avouent l’avoir essayée) et la masturbation n’est plus réservée aux hommes (68,1% des femmes la pratiquent, pour 87,1% des hommes). Or ce type de pratiques est absolument nécessaire pour avoir une sexualité épanouie et conserver du désir tout au long de sa vie.»

*Prénoms d’emprunt.

**Etude réalisée par Philippe Brenot auprès de 3404 femmes et 2153 hommes, publiée dans les livres «Les hommes, le sexe et l’amour» (Editions Marabout) et «Les femmes, le sexe et l’amour» (Editions Les Arènes).

***Sondage réalisé sur 2070 Suisses, publié en juin 2012.
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Quelques fantasmes préférés

… des femmes

Sexualité conjugale, c’est-à-dire avec leur compagnon, mais dans des positions ou des comportements inhabituels

Multipartenariat L’amour avec un ou plusieurs inconnus L’amour saphique Faire l’amour avec une célébrité

… des hommes

Triolisme ou multipartenariat Sodomie Lieux publics ou insolites Femmes asiatiques Pratiques sadomasos

(attacher sa partenaire, fessée, etc.)
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TEMOIGNAGES

«En amour, il faut se respecter soi-même»
Nicole Kranz, 38 ans, écrivaine et coach en séduction

«J’ai eu beaucoup d’expériences sexuelles dans ma vie, bonnes ou mauvaises. Mais aujourd’hui je suis à la recherche d’affection et de tendresse.»

Quand Nicole Kranz, coach en séduction pour Body & Mind Coaching, s’est mariée à 31 ans, c’était par conformisme. Puis, il y a deux ans, elle a choisi de divorcer et vit désormais une sexualité libérée. «Une femme a le droit de craquer le premier soir, affirmet- elle. L’important est de le faire dans le respect de soi, d’être dans le choix. Quand on a du plaisir à faire l’amour, on ne réfléchit plus. On peut tenter toutes sortes de positions, sans avoir l’impression, par exemple, que son partenaire se place en dominateur.»

Cette femme célibataire, d’origines suisse et brésilienne, souligne toutefois la nécessité de fixer des limites face à certains hommes: «J’ai connu des manipulateurs. Ils vous rabaissent pour s’ériger ensuite en sauveurs. Il faut être vigilante car, dans ce domaine, l’habit ne fait généralement pas le moine.» Aujourd’hui, Nicole Kranz est plutôt à la recherche de tendresse. Une envie qui se traduit dans ses pensées les plus intimes: «J’ai des fantasmes, comme tout le monde. C’est pour moi un signe de bonne santé. Mais il ne s’agit pas de films exubérants. Je m’imagine seulement en train de faire l’amour avec un homme qui compterait vraiment pour moi.»

Autre facteur important: le lieu. «L’eau, par exemple, peut être un élément érotique. De même que les endroits sortant de l’ordinaire. Je me souviens d’une soirée agréable avec mon copain de l’époque, au restaurant. Le désir entre lui et moi était si grand que nous avons fait l’amour dans sa voiture, jusqu’à ce que la police toque à la vitre.»

«Avoir réalisé tous mes fantasmes m’a fait gagner en maturité»
Alexander, 29 ans, chef de cuisine

Alexander se dit bien en couple, pense avoir trouvé la fille qui lui correspond. Ce jeune homme d’origine dominicaine, arrivé en Suisse à l’âge de 12 ans, a toutefois vécu plusieurs expériences avant de parvenir à vivre une relation équilibrée.

«Les filles que j’ai rencontrées en soirée étaient plutôt directes et libérées, prêtes à en faire beaucoup.» Sous ses airs timides, Alexander a du succès et ce sont, dit-il, plutôt les filles qui viennent à lui. «Je me suis fait plusieurs fois plaquer contre le mur des toilettes en boîte de nuit. Puis, un peu plus tard dans la soirée, je croisais souvent ces filles accompagnées de leur copain. Je me sentais alors terriblement coupable, même si ce n’était pas moi qui étais venu les chercher.» L’amour avec une ou plusieurs filles, en duo ou en groupe, il a essayé. Des expériences inhabituelles, que son entourage n’a pas toujours vues d’un très bon œil. A l’époque, Alexander était catalogué comme le tombeur de la bande, même si lui ne se voit pas du tout ainsi. «Mes amis me rabrouaient à chaque fois que j’approchais une fille, me prêtant les pires intentions. Cette étiquette m’a porté préjudice dans de nombreuses relations. Mes copines me voyaient comme un mec pas sérieux alors que je suis tout le contraire.» Si Alexander n’a pas toujours assumé son succès, il reconnaît la richesse de toutes ces expériences. «J’ai le sentiment d’avoir pu réaliser tous mes fantasmes. Ces rencontres éphémères m’ont permis de connaître mes limites, mais aussi mes envies. Elles m’ont fait gagner en maturité, m’ont rendu plus fort.» En couple depuis huit mois, le jeune homme veille, dans ses relations avec la gent féminine, à ne pas laisser place à l’ambiguïté. «Je parle beaucoup avec ma copine. J’ai compris que c’était quelque chose d’important. Il vaut toujours mieux dire les choses soimême plutôt que de les entendre déformées dans la bouche de quelqu’un d’autre…»

Propos recueillis par Camille Guignet
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INTERVIEW

«Les fantasmes sont des aphrodisiaques gratuits»

Les scénarios érotiques permettent de transgresser les interdits socioculturels et nourrissent l’imaginaire, estime Christian Rollini, psychiatre sexologue lausannois fondateur de la Société suisse de sexologie. De quoi rallumer la flamme.

– A quoi servent les fantasmes?

C’est une pensée érotique qui agit comme un activateur de la sexualité, mais peut aussi l’inhiber lorsqu’il est vécu comme culpabilisant. Il se base sur un scénario simple et réaliste ou sur quelque chose d’obscène, voire d’irréaliste. C’est une sorte d’aphrodisiaque accessible gratuitement.

– Un aphrodisiaque qu’il faut seulement imaginer ou aussi réaliser?

Certains fantasmes ont intérêt à ne pas être réalisés, mais d’autres peuvent l’être. Fantasmer un jeu érotique, par exemple, et en faire part à son partenaire afin de le construire ensemble peut mettre du piment dans le couple. Ce degré de communication atteste d’une certaine habileté relationnelle.

– Le fantasme du viol fait partie de ceux qu’il vaut mieux ne pas tenter…

C’est une pensée érotique présente chez un nombre élevé de femmes. Il peut s’expliquer par le fait que laisser la responsabilité de l’acte à l’homme rend certaines scènes obscènes moins culpabilisantes. Ce fantasme met surtout en évidence la part de bestialité et les rapports de pouvoir que sous-tend la sexualité.

– Un phénomène lié à l’inconscient?

Pas forcément. Il existe deux types de fantasme: «primaire» et «secondaire». Le premier est fortement intriqué à l’inconscient, c’est-à-dire à notre personnalité, nos aspirations profondes, nos besoins ou encore nos croyances. Il est révélateur de nos besoins fusionnels, narcissiques ou d’affirmation de soi. Mais il peut aussi être secondaire, contextuel et passager, reprenant un scénario relativement simple et sans trop d’implications inconscientes. C’est le cas, par exemple, lorsqu’on se balade sur une plage et qu’on dit: «Tiens, j’aimerais bien faire l’amour ici.»

– Mais est-ce que tout le monde a ce type de fantasmes?

Un fantasme, comme je dois régulièrement le préciser à mes patients, n’est pas forcément un scénario compliqué, à plusieurs, dans des positions bizarres. Le simple fait de penser à un couple qui s’embrasse et rêver de faire comme eux relève déjà du fantasme. Et tout le monde a ce type de pensées. En revanche, il est vrai que la richesse de l’imaginaire érotique diffère beaucoup d’une personne à l’autre. Et un imaginaire érotique limité réduit les capacités adaptatives en matière de relations intimes.

– Fantasmer serait donc le secret d’une vie sexuelle épanouie…

Oui, car les fantasmes nourrissent l’imaginaire érotique. On croit que la sexualité est innée, mais ce n’est pas le cas. Un adolescent qui se masturbe, par exemple, développe un imaginaire érotique «génitalisé». Il risque d’être surpris de ne pas retrouver les mêmes sensations lors d’un rapport à deux. Avec le temps, un homme a donc tout intérêt à intégrer dans ses fantasmes des éléments relationnels comme un sourire, de la tendresse. En enrichissant ainsi son imaginaire érotique, il s’ouvre à d’autres possibles. Et se libère du diktat de la performance.

– Les fantasmes évoluent donc avec l’âge…

Les pensées érotiques ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une histoire personnelle et sont issues d’un apprentissage qui s’effectue tout au long de nos vies. Par exemple, les aspects purement génitaux chez le jeune homme s’enrichissent avec le temps d’aspects sentimentaux et romantiques. Une étude montre que les femmes âgées fantasment d’avantage que leurs cadettes. Ce qui confirme le rôle adaptatif du fantasme.

– Les femmes fantasment-elles autant que les hommes?

C’est probable. Mais les hommes sont, par nature ou culturellement, plus décomplexés dans leur expression. Dans notre société judéochrétienne, la femme a eu tendance à s’autocensurer. Ceci en raison de plusieurs fausses croyances. Par exemple celle selon laquelle l’homme, en matière de sexualité, serait par nature plus actif que la femme. L’aspect transgressif du fantasme, qui transforme immédiatement toute femme qui s’y adonne en une fille de petite vertu, a longtemps eu pour effet de limiter l’imaginaire érotique féminin. Ou du moins de le garder secret. Aujourd’hui, les carcans sociaux sont moins stricts, pour l’homme comme pour la femme.

– Pour autant, faut-il raconter ses fantasmes au sein du couple?

Garder secret une partie de ses fantasmes, comme on garde les clés d’un jardin secret, permet d’avoir un espace de liberté imaginaire. Le mystère attise le désir et conserver une part d’inconnu dans le couple peut s’avérer bénéfique. D’autant plus que toute une série de fantasmes ont plutôt intérêt à être tus. Mais en tant que sexologue, je prône plutôt le contraire! Je vois beaucoup de couples, ensemble depuis plus de trente ans, ne sachant rien des fantasmes et de l’érotisme de leur partenaire. Comment s’étonner alors de les voir consulter? La fausse croyance d’une sexualité innée reste tenace et fait beaucoup de mal… CG
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La libération sexuelle touche toutes les générations

Les moins de 30 ans essaient (presque) tout

«Je fantasme de rencontrer un homme que je ne connais absolument pas, mais qui me plaît, raconte Isabelle, une Genevoise de 27 ans. Je me laisse alors aller à l’excitation et nous faisons l’amour. J’ai tellement de principes que c’est quelque chose que je ne pratiquerai jamais, mais j’essaie de mettre mon copain dans cette situation afin de pimenter notre vie sexuelle.» A l’image d’Isabelle, les moins de 30 ans parlent sans tabou de leurs fantasmes avec leur conjoint. «Chez les jeunes, la sexualité est désormais débridée, note Philippe Brenot, qui dirige les enseignements de sexologie à l’Université Paris Descartes. Les femmes et les hommes qui vivent en ville peuvent connaître une vingtaine de partenaires à 30 ans, alors que dans les années 70 une femme n’en connaissait en moyenne que 1,8 dans toute sa vie et les hommes une dizaine. Ce bouleversement fait des femmes qu’elles sont plus épanouies dans leur sexualité.»

La sexualité ainsi que les fantasmes des jeunes ont changé avec l’accès facile à la pornographie: «Cela les empêche de développer leur propre imaginaire fantasmatique, estime la sexologue lausannoise Denise Medico. Ils vont fantasmer sur des images très crues qui rendent vite inintéressante la relation consensuelle.»

30 à 50 ans: faire l’amour après la grossesse

«Le principal obstacle à la sexualité, c’est l’enfant, rappelle Philippe Brenot.» Son étude démontre que seulement 21,3% des femmes et 53,6% des hommes estiment que la grossesse n’a pas atteint leur désir et 66% des femmes pensent que les enfants peuvent être une gêne à leur couple amoureux (contre 54,4% des hommes).

«Depuis que j’ai eu une petite fille, tout s’est bouleversé, témoigne Daniella*, 35 ans. Je ne fais quasiment plus l’amour avec mon mari. Peut-être une fois par mois. Actuellement, mon seul fantasme est de faire l’amour avec lui.»

Au-delà de 50 ans, le sexe continue

Le sexe chez les personnes âgées a longtemps été un tabou, surtout chez les femmes. A 55 ans, Jean-Pierre*, Français résidant à Genève, se dit satisfait de sa vie sexuelle: «Lorsque mes enfants ont quitté le foyer familial, mon ex-femme et moi avons réalisé que nous n’avions plus rien à faire ensemble. Au lit, c’était le calme plat depuis longtemps et dans la vie, même s’il y avait assez peu de disputes, nous ne partagions plus grand-chose. Désormais, je suis en couple avec une personne de 56 ans et cela se passe très bien. Notre sexualité me comble parfaitement.»

«La libération sexuelle touche tous les âges, pas uniquement les jeunes, précise Philippe Brenot. Les plus de 50 ans ont aussi intégré les mutations.» Et changer de partenaire n’est pas une nécessité à cet épanouissement: 59,6% des hommes estiment que voir vieillir leur compagne n’a pas de répercussion sur leur désir.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.