LATITUDES

Des mots pour éviter la violence

Une nouvelle tuerie aux Etats-Unis. Des adolescents qui tirent avant de mettre fin à leurs jours. Et de mettre fin au dialogue. Car un geste d’agressivité reste un acte de communication.

«Parlons-nous» : c’est la réponse que j’essaie de donner à ma fille lorsque du haut de ses trois ans, il lui arrive de nous mordre ou de nous frapper. Ce qui du reste lui arrive de moins en moins souvent : son langage se développe, elle parvient à nous dire ses petites ou grandes frustrations.

La violence de l’enfant arrive toujours au moment où les mots sont impuissants: il suffit d’observer la vie d’une garderie pendant quelques instants. Tu me déranges? Je te frappe. L’adulte doit alors intervenir et montrer que le conflit peut être résolu autrement : par le dialogue.

Comme le dit avec lucidité l’enseignante de maternelle du dernier film de Bertrand Tavernier, «Ça commence aujourd’hui », certains enfants ne savent pas qu’on peut utiliser la langue pour parler à quelqu’un. Les mots ne sont plus que des instruments servant à dire « j’ai froid, j’ai faim ». En somme, à ne pas mourir.

L’absence de mots peut tuer. L’horrible carnage américain vient de nous le rappeler.

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Christine Matthey, 31 ans, est journaliste et vit à Lausanne. Elle vient d’être mordue par sa fille Marie, 3 ans.