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L’e-cigarette crée la controverse

Les ventes de cigarettes électroniques explosent en Suisse. Pourtant, aucune étude ne valide l’efficacité de ce produit qui pourrait se révéler dangereux pour la santé.

large130911.jpg«Les cigarettes électroniques se vendent très bien.» La confidence de l’employé d’un kiosque genevois illustre la nouvelle tendance des personnes souhaitant arrêter de cloper: l’e-cigarette. Il s’agit d’un dispositif électronique composé à une extrémité d’une diode simulant la combustion et de l’autre d’une cartouche contenant généralement du glycérol et, selon les modèles, de la nicotine à différents dosages ainsi que des arômes (tabac blond, menthe, pomme…).

Commercialisés pour une centaine de francs la cigarette, auxquels il faut ajouter au moins sept francs pour cinq cartouches de recharge, ces produits ne contiennent pas de nicotine lorsqu’ils sont commercialisés en Suisse. Néanmoins, les usagers peuvent légalement se procurer des cartouches chargées en nicotine sur l’internet pour leur usage personnel.

Efficace? «Il s’agit d’un produit commercial qui n’a pas été développé dans un but thérapeutique visant à améliorer la santé des fumeurs ou à traiter les personnes dépendantes, prévient d’emblée Jean-Paul Humair, responsable de la consultation de tabacologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Pour l’instant, aucune étude scientifique n’a été menée sur son utilité dans l’arrêt du tabac. Il est possible que ça marche notamment parce qu’elles miment le comportement du fumeur. Mais pour l’instant nous n’en savons rien.»

Ces cigarettes «virtuelles» pourraient par ailleurs se révéler nocives pour la santé. «Des études sur la composition des cigarettes électroniques ont montré qu’elles contenaient des produits chimiques potentiellement toxiques tels que le propylène glycol, prévient le professeur Jacques Cornuz, directeur de la Policlinique médicale universitaire de Lausanne. Leur utilisation n’est pour l’instant pas recommandable.»

«Il s’agit de produits très peu contrôlés fabriqués en Chine par de petites entreprises, renchérit Jean-François Etter, spécialiste du tabagisme à l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Genève. La situation légale de ce produit est étonnante. Tous les substituts nicotiniques sont considérés comme des médicaments et contrôlés par Swissmedic. Mais pas la cigarette électronique, qui se trouve dans une sorte de no man’s land juridique. Les utilisateurs ont l’air très satisfaits, mais personne ne sait ce qu’il y a dedans.»

Même son de cloche du côté de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) qui «recommande la prudence lors de l’utilisation de cigarettes électroniques» et «déconseille en particulier de recourir à des liquides de recharge contenant de la nicotine, même en petites quantités, car ceux-ci peuvent provoquer des intoxications susceptibles d’entraîner, dans le pire des cas, un décès en cas d’utilisation inadéquate.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.