Le Genevois Balthazar Witzig, 20 ans, a lancé une start-up atypique dans un domaine où il excelle: la pêche. Sur son bateau, il accompagne de riches touristes adeptes de cette pratique sur le Léman.
Ses cheveux noirs et épais dans le vent, le regard fixé au large, Balthazar Witzig fait preuve d’une étonnante assurance sur son bateau de pêche flambant neuf, confortablement aménagé pour y accueillir des touristes. La rade genevoise défile sous les yeux de cet étudiant en horlogerie d’à peine 20 ans, alors qu’il raconte sa passion pour la pêche. Une passion qui l’a mené à créer son entreprise: Balthazar Fishing.
«Je suis un enfant des Pâquis. Le lac représentait le terrain de jeu des gosses du quartier. Dès l’âge de 8 ans, nous nous amusions à attraper les petites perches qui nagent près des rives avec un simple fil et un hameçon.» C’est le début d’une carrière aussi précoce que spectaculaire. Sympathisant avec les pêcheurs adultes des Pâquis, le jeune Balthazar découvre la pêche au large et ses techniques. A 13 ans, il gagne son premier concours, où il bat les adultes à plate couture. A 14 ans, il s’achète son premier bateau avec les économies réalisées entre autres «en chantant à la fête de l’Escalade». Deux ans plus tard, il attrape un brochet mesurant 1 m 25 et pesant presque 20 kilos… Sa renommée s’étend alors sur tout le Léman.
«Ma passion pour la pêche? C’est quelque chose d’inexplicable… J’aime son côté sportif, les connaissances qu’on y acquiert sur la faune du lac, l’air du large, les rencontres.» Mais cette pratique n’est pas l’unique intérêt du jeune homme, qui a effectué un apprentissage d’horloger chez Rolex, durant lequel il a gagné par trois fois le prix de la Fondation Hans Wilsdorf. «Contrairement à d’autres jeunes de mon âge qui sont indécis et font du tourisme estudiantin, je m’engage dans tout ce que je fais à fond. Pour cela, je n’ai encore jamais connu d’échec.»
Sûr de lui, c’est donc en parallèle à ses études en microtechnique à l’Ecole d’horlogerie de Genève que Balthazar Witzig a lancé son entreprise ce printemps. L’idée lui est venue l’an dernier, «car j’ai été sollicité par plusieurs loueurs de bateaux pour servir de guide de pêche à des clients fortunés. J’ai ainsi pu rencontrer quelques-uns des hommes les plus riches de la planète»…
Le jeune homme s’adresse alors à Genilem, organisme privé qui assiste les créateurs d’entreprise, puis investit les économies de son salaire d’apprenti dans un bateau. Il propose des sorties durant les week-ends et les vacances, pour 800 francs la demi-journée, tout compris. Cher payé pour une truite? «Pour un groupe de six adolescents par exemple, mon tarif horaire revient à moins de 35 francs. Et certains sont prêts à payer cela pour augmenter leurs performances de pêche.» Frédéric Froesch, responsable de la surveillance à la Société nautique genevoise, dont Balthazar Witzig est membre, estime ces tarifs «un peu chers, mais Balthazar s’adresse à une clientèle spécifique. On verra s’il existe un marché pour cela. Il est doué et très débrouille, je suis certain qu’il va réussir.»
D’ailleurs, le jeune entrepreneur ne compte pas s’arrêter là. «Dans quelques années, je me vois avec un bateau plus grand et plus rapide… J’ai plusieurs projets en tête…»
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Image: Pieter Ter Kuile
Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.