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Vivre chez soi comme à l’hôtel

La conciergerie de luxe et les prestations hôtelières à domicile se développent en Suisse. Une tendance de fond qui pourrait se démocratiser.

Rentrer à la maison et faire conduire sa voiture au parking par un concierge. Upper East Side à New York? Non, les Pâquis à Genève. C’est en effet dans ce quartier populaire, sur les ruines de l’ancien hôtel et squat California, que s’élèvera courant 2013, le «1, Gevray». Premier immeuble d’habitation genevois proposant des «services de prestige» aux résidents des 27 logements en vente. Comprenez des appartements, une façade et un hall décorés par le designer italien Piero Lissoni, mais aussi un service de conciergerie disponible jour et nuit, 7 jours sur 7. «Un concept encore inédit en Suisse», explique Grégory Marchand, directeur vente de CGi immobilier, société chargée de la commercialisation et du pilotage du projet.

Deux gardiens seront ainsi présents en permanence pendant la journée et se relaieront la nuit à la réception de l’immeuble pour accueillir les résidents, conduire leur voiture au parking souterrain et entretenir les parties communes. «Mais il n’est pas exclu que les tâches du concierge s’étendent, suivant les désirs des futurs propriétaires», précise Grégory Marchand. Blanchisserie, femme de ménage, courses ou encore baby-sitting. Une palette de services auxquels les résidents pourraient donc accéder par le biais du concierge. Le coût de ces logements de luxe? De 17’000 à 25’000 francs le m2. Quant à la conciergerie, elle sera comprise dans les charges.

La tendance va à la mise en place de véritables services hôteliers dans des appartements. Les initiateurs de deux projets actuellement en construction dans le canton de Vaud vont ainsi inclure 14 appartements dans le Signal Palace, transformé en un hôtel 5 étoiles. Deux autres bâtiments seront construits et proposeront chacun 10 appartements. L’autre projet, le «Parc Kempinski Private Residences» au Mont-Pèlerin, consiste en la métamorphose d’un ancien grand hôtel, qui jouxte le Kempinski actuel, en 21 appartements et 3 penthouses, pour un prix allant de 4 à 23 millions par résidence. Ce projet a bénéficié d’une importante publicité depuis que le célèbre basketteur français Tony Parker s’est porté acquéreur.

Point commun des deux lieux: l’accès des résidents à des prestations haut de gamme (room service, spa, repas élaborés par un chef étoilé, vinothèque,…) Dans le cas du Parc Kempinski, «la majeure partie des acquéreurs sont des résidents suisses qui souhaitent adopter un style de vie dénué de toute contrainte», indique Nicolas Garnier, CEO de Swiss Development Group (SDG), à l’origine du projet.

Fort de ce concept de résidences «tous services inclus», SDG s’apprête à initier un autre complexe 5 étoiles, cette fois à Loèche-les-Bains (VS). «Le projet «51» tire son nom de la température de l’eau thermale qui sera disponible dans toutes les chambres et résidences, explique Nicolas Garnier. Nous avons également d’autres projets de ce style, en Suisse et aussi en France.»

Ces prestations de luxe répondent-elles à un réel besoin? «La demande émane aussi du marché local, dit Grégory Marchand, de CGi Immobilier. Une clientèle d’hommes et de femmes d’affaires habitués à ce genre de services à New York ou à Londres.»

Pour Stefan Fraenkel, professeur de «Hospitality Management» à l’Ecole hôtelière de Lausanne, l’essor de la conciergerie privée est en partie lié au vieillissement de la population et au besoin de sécurité. «Les gens sont en demande de ce type de services. La conciergerie se professionnalise en intégrant les aspects hospitaliers modernes. Bientôt, les services paramédicaux pourront également être inclus à domicile.»

Au-delà du besoin de sécurité, le professeur analyse également le rôle social du concierge, dans une société où, de plus en plus, les gens vivent seuls: «Les locataires et propriétaires recherchent des lieux où la sociabilisation est possible. D’abord présentée pour ses aspects pratiques, la conciergerie comporte davantage une fonction communautaire.» Un rôle qui évoque d’anciennes traditions où les gardiens de domaines faisaient partie intégrante de la vie des familles qui y habitaient.

L’évolution de ce type de services partant toujours «du haut vers le bas», pour Stefan Fraenkel, la conciergerie privée tend naturellement vers une démocratisation.
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.