LATITUDES

Maman, achète-moi un wonderbra!

Au rayon sous-vêtements pour enfants, les minilolitas peuvent désormais porter des soutiens-gorges rembourrés dès l’âge de 7 ans. Polémique.

Vous avez aimé les strings pour enfants et les chaussures à talons hauts pour bébés? Vous allez adorer les soutiens-gorges rembourrés taille 7-10 ans. La marque américaine Abercrombie & Fitch a récemment mis en vente des bikinis «push-up», disponibles pour les petites filles à partir de 7 ans. Des «soutiens-rien» pour petites filles à la poitrine inexistante qui leur permettent de se constituer une panoplie parfaite de bébé bimbo.

Suite aux nombreuses critiques, la marque a d’abord tenté de noyer le poisson en omettant la mention «push-up», puis a finalement retiré ces modèles de la vente. Sur sa page Facebook, Abercrombie Kids s’est targué d’un consensuel «nous sommes d’accord avec ceux qui disent que ces bikinis sont plus adaptés aux 12 ans et plus». Est-ce plus raisonnable de jouer les lolitas à 12 ans?

Puisque les marques proposent de donner l’illusion d’une poitrine bombée à des petites filles en âge de jouer à la poupée plutôt qu’à la bimbo, c’est que la demande existe. Ces soutiens-gorges «ampliformes» constitueraient même la majorité des modèles disponibles dans les rayons de lingerie pour enfants. Contactées à ce sujet, les chaînes françaises de vente par correspondance 3 Suisses et La Redoute disent avoir rapidement retiré ces modèles de leur offre.

En Suisse, les lolitas peuvent se tourner vers le catalogue Quelle pour se procurer l’un des nombreux modèles avec bonnets «paddés», autrement dit, doublé d’une fine mousse pour un effet pigeonnant, disponible dès la taille 10 ans.

Faut-il voir dans cette tendance la volonté de petites filles précoces, ou plutôt de leurs mamans qui aimeraient encore jouer à la poupée? «Il peut arriver que la mère voit en son enfant un idéal qu’elle n’a pas atteint, explique Nicolas Liengme, pédopsychiatre à Genève. Elle n’a cependant pas conscience des dangers que cela implique. Les petites filles se retrouvent sans protection dans un monde d’adultes, exposées à leurs regards. Et aux abus que cela peut provoquer.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.