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L’entrepreneur en moon boots

Après plusieurs succès dans la création d’entreprises, Adrien de Meyer, 32 ans, s’associe à la marque de bottes lunaires pour lancer une franchise de bars alpins. Portrait d’un enfant de Villars, infatigable et pressé.

large201210b.jpgDevant l’entrée du Moon Boot Lounge, la file s’étend sur le trottoir étroit, dans le froid de ce début de saison. A l’intérieur, Julien, le «mixologiste», réchauffe l’atmosphère à coups de «Raspberry Explosion».

Chaque soir, le centre de la station vaudoise de Villars s’anime depuis l’ouverture cette année de ce bar au look de station spatiale vintage avec ses fenêtres arrondies, construit sur trois étages dans un ancien magasin de chaussures.

«Il manquait à Villars un endroit festif et stylé pour l’après-ski, comme on en trouve dans des stations alpines haut de gamme, résume Adrien de Meyer, à l’origine du projet. Je me suis donc associé avec trois copains pour ouvrir ce bar.»

Les compères voulaient s’inspirer de l’esthétique Moon Boot, «un produit rond, coloré, mythique, qui a traversé les générations», et sont donc allés voir le président du géant italien Tecnica, Giancarlo Zanatta, propriétaire de Moon Boot.

«Il a adoré notre concept, qui permettait de célébrer de manière originale les 40 ans de la marque.» Au point qu’ils obtiennent l’autorisation de décliner le Moon Boot Lounge sous forme de franchises: «Nous allons en ouvrir quatre en six ans: en Russie à Sotchi pour les JO de 2014, en Italie à Cortina, en France à Courchevel et à Val-d’Isère, puis d’autres. Nous ne versons pas de redevances car nos bars assurent la notoriété des chaussures: à Villars, il n’y avait qu’un seul point de vente Moon Boot. Depuis que l’on a ouvert le lounge, il y en a cinq!»

Une fois de plus, la détermination, le culot et la rapidité d’Adrien de Meyer se sont révélés payants. «C’est un fonceur, au point que l’on doit parfois le freiner, dit son ami et associé Benjamin Parker. Mais, dans de nombreux cas, le fait d’agir vite lui a permis de saisir de très belles opportunités.»

Issu d’une célèbre et grande famille de Villars, Adrien, 32 ans, a en effet accumulé les entreprises à un rythme soutenu. Il dirige aujourd’hui quatre sociétés, actives sur plusieurs fronts. Dans l’immobilier alpin, il joue les courtiers et supervise la construction de quatre chantiers pour de riches propriétaires, «dont celui d’un nouveau hameau de cinq chalets à Villars qui va démarrer l’année prochaine». Avec sa femme Anne («associée de tous les projets et bras droit indispensable»), il gère les Mazots du Clos, un complexe parahôtelier doté d’un luxueux spa.

Mais le premier projet villardou d’Adrien, lancé en 2006, était plutôt inattendu: un vaste terrain d’exploration ludique (paintball) baptisé Ecoball. «J’avais perçu très tôt l’essor de ce type de jeux. La première année, on a eu 200 clients, essentiellement des jeunes ados. Cette année, on a dépassé les 4500 réservations, dont 40% de femmes! On a accueilli Pictet, HSBC, Nestlé ou Philip Morris pour des sorties de boîte. Le succès nous a donné envie de développer.» En 2011, un Ecoball similaire sera ouvert à Lausanne.

«Une grande partie de mes activités consiste à mettre des gens en contact», résume l’entrepreneur. Le réseau, qu’il a su monétiser, Adrien le doit, paradoxalement, à une scolarité turbulente. «J’étais un élève infernal, alors mes parents devaient toujours me changer d’école: j’ai été à Beau-Soleil, puis au pensionnat de Zuoz aux Grisons, puis à Champittet à Lausanne… Après des études d’économie à l’Université de Saint-Gall, je suis devenu trader au Credit Suisse à Genève. A chaque étape, j’ai étoffé mon carnet d’adresses.»

Passionné de sport, Adrien de Meyer lance sa première entreprise à 22 ans: UpturnOne, un fonds de placement sportif qui permet à des investisseurs de miser sur de futurs champions. L’affaire est florissante, notamment car UpturnOne détecte très tôt le potentiel d’Ana Ivanovic, devenue première joueuse mondiale de tennis. «J’ai quitté l’entreprise en 2006, puis vendu mes parts: j’avais envie de changer de monde, de m’installer à la montagne.»

A Villars, Adrien de Meyer ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dans quelques jours, il inaugure le Red House, un restaurant/ grill. «Et je prévois d’ouvrir très bientôt un nouveau lieu nocturne. Il y a un retard à rattraper dans cette station, une forte demande et un potentiel incroyable. Ce serait idiot de le laisser à d’autres.» La clientèle enthousiaste du Moon Boot Lounge semble lui donner raison.

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De Meyer, un clan de Villars

La famille de Meyer compte neuf enfants. Pierre, le père, arrive en 1947 à Villars comme moniteur puis comme prof de maths au collège Beau-Soleil. Nommé directeur de l’école en 1955, il devient une figure de la région. Il est élu syndic, député au Grand Conseil, préside l’Office du tourisme. En 1959, il rachète le collège grâce au soutien d’un parent d’élève, puis épouse Yula Tam, une étudiante sino-italienne du collège avec laquelle il dirigera Beau-Soleil jusqu’en 1991.

En 1997, à la mort de son père, Adrien, huitième de la fratrie, n’a pas 20 ans. Ses frère Jérôme (qui a repris la direction de Beau-Soleil) et Charles vivent comme lui à Villars, ainsi que sa mère. Les autres se répartissent entre Lausanne et l’Indonésie…GS