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«On peut dire des choses glauques avec des mots propres»

A 23 ans, l’humoriste lausannoise Charlotte Gabris affiche un remarquable début de carrière: elle est notamment chroniqueuse sur Europe 1 aux côtés de Laurent Ruquier. Ce samedi 16 octobre, elle présentera pour la première fois son spectacle à Genève.

«Les Suisses, ils peuvent être drôles?» Cette remarque, Charlotte Gabris l’a entendue claquer à ses oreilles plus d’une fois. Et pourtant de Zouc à Gaspard Proust, notre pays possède une jolie tradition d’humour. C’est sur scène que la jeune Lausannoise répond aux sceptiques. D’une voix fraîche et mutine, elle parvient, en abordant des sujets aussi différents que l’euthanasie ou les chanteuses de R’n’B, à desserrer bien des mâchoires. Tantôt cynique, tantôt touchante, la comédienne a déjà présenté ses sketches dans de nombreux théâtres français, à Paris et à Avignon notamment. Les Romands l’avaient découverte en 2008 lors du Festival du rire de Montreux.

Outre ses apparitions régulières sur Europe 1 dans l’émission de Laurent Ruquier et ses «stand-up» hebdomadaires au «Jamelcomedyclub», l’humoriste met la dernière main à son «one woman show» qu’elle espère faire tourner dans toute la francophonie ces trois prochaines années. Une représentation est prévue à Genève le 16 octobre prochain*.

Elle a décidé de faire de la comédie son métier, il y a quatre ans. Ses études secondaires terminées, cette passionnée de théâtre quitte Lausanne pour Paris. «J’ai passé une audition à La Manufacture, la Haute Ecole de théâtre de Suisse romande, mais je l’ai loupée, comme toutes les autres entrées que j’avais tentées! J’ai alors réalisé que je préférais être seule sur scène et faire de l’impro.» Ses affaires empaquetées — et aucun contact dans le répertoire –, elle s’installe dans la capitale française, dans une chambre qu’on lui loue pour deux mois. «J’ai appris qu’il existait de nombreux cafés-théâtres où n’importe qui pouvait monter sur scène pendant cinq minutes. J’ai tenté ma chance. J’écrivais mes sketches moi-même. Je me suis pris quelques bides, mais je ne m’en rendais pas compte, j’étais tellement contente de jouer!»

Ces courtes apparitions attirent l’attention d’un directeur de salle qui lui propose de se produire trois fois par semaine dans son théâtre. «C’est alors que l’un des responsables de «Juste pour rire» (la société de production des spectacles de Franc Dubosc et de Florence Foresti, ndlr) m’a repérée. A cette même période, j’ai eu la chance de rencontrer le comédien Laurent Cohen Coudar qui est devenu mon coauteur. Depuis, j’écris tous mes textes avec lui.»

En vacances pour quelques jours dans sa ville d’origine, la pétillante et grande jeune femme (1,80 m) se confie.

Quels sont vos projets pour cet automne?

Charlotte Gabris: Beaucoup de travail! Je prépare notamment des textes pour une future collaboration avec une chaîne de télévision nationale belge. Et bien sûr, je peaufine mon spectacle.

Vous rédigez constamment de nouveaux sketches?

Il m’arrive d’écrire tous les jours et parfois je cesse pendant trois mois.

Quel regard portez-vous sur votre carrière?

Je dois avouer que je suis toujours angoissée, car je suis très exigeante par rapport à mon travail. Mais dans l’ensemble, je suis très satisfaite.

Vous arrête-t-on dans la rue pour un autographe?

Il arrive que l’on me reconnaisse effectivement. Et on me dit souvent: «Vous ressemblez à Charlotte Gabris!»

Et si tout s’arrêtait subitement?

Je ne sais pas! Je fais du théâtre depuis mon enfance, j’adore le métier de comédienne, il me donne la possibilité de faire plein de choses différentes, que ce soit de la télé, de la scène ou de la radio. Je ne me vois pas faire autre chose pour l’instant. Je m’étais inscrite en Faculté de droit après mes études secondaires, mais je n’ai jamais mis les pieds à l’université…

Vous vivez de vos activités de comédienne aujourd’hui?
Oui.

Comment est née cette vocation?

J’ai toujours aimé faire rire les gens, mais je ne pensais pas forcément en faire mon métier. Depuis l’âge de 7 ans, j’ai pris des cours de théâtre. Au gymnase, j’ai commencé à écrire pendant mes cours un monologue dans un cahier. Très vite, toutes les pages étaient pleines. J’ai loué une salle à Pully (VD) pour le présenter et — à ma grande surprise — les 70 places étaient occupées!

Votre agent actuel disait récemment que vous êtes un «bon produit» de par votre âge, votre physique, votre sexe… comment réagissez-vous à ces propos?

Cela me fait rire! C’est un métier, des gens investissent sur moi, il faut donc être réaliste.

Jouez-vous de votre physique plutôt avantageux?

Non, et ce n’est pas forcément un avantage dans le monde de l’humour. Il est certainement plus facile de faire rire quand on a un physique «marrant».

Dans l’un de vos sketches, vous parlez de vos parents, de votre mère qui ne voulait pas vous voir partir à Paris et de votre père, psychanalyste, qui ne cessait de vous analyser… tout est autobiographique?

Oui, en exagéré quand même! Il est vrai que ma mère — comme toute maman sans doute — avait un peu peur de me voir partir seule dans cette grande ville. Mais je dois dire que les deux m’ont beaucoup soutenue dans cette aventure.

Et comment vous décrirait votre père aujourd’hui?

Comme une fille courageuse, fonceuse et tête en l’air.

Vous jouez également d’autres personnages, comme une vendeuse boulimique qui travaille chez Zara… lequel vous plaît le plus?

Tous m’amusent, mais j’aime beaucoup celui d’une architecte d’intérieur branchée qui critique absolument tout.

Y a-t-il des sujets que vous n’oseriez pas aborder sur scène?

Je ne mets aucune barrière de ce côté-là, je pense que l’on peut tout évoquer, même les sujets les plus glauques, tant qu’on le fait avec des mots propres. Par contre, j’essaie d’éviter la vulgarité inutile.

Ne craignez-vous pas que le public ne rigole pas? Non, une fois qu’une blague est écrite, je l’assume.

L’humour qui vous fait rire? Celui de Jim Carrey, dont je suis une très grande fan. J’aime aussi beaucoup Patrick Timsit.

Au-delà de la jeune comédienne que l’on découvre sur scène, qui est Charlotte Gabris?

Elle n’est pas très différente de celle que vous voyez en spectacle. Je suis une passionnée de snowboard et une cinéphile, je vais tout le temps au cinéma, même le matin. J’ai toujours eu du mal à tenir en place et j’aime vivre dans une folie permanente.
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* «Charlotte Gabris», samedi 16 octobre à 20h30, salle Jean-Jacques Gautier à Chêne-Bougeries, Genève.
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Une version de cet article est parue dans le magazine Baboo Time.