Ce printemps, l’Eglise évangélique apostolique a inauguré à Neuchâtel un complexe imposant qui réunit une salle de 600 places équipée de vidéoprojecteurs, des bureaux, mais aussi un jardin d’enfants, une école de musique et même une pizzeria ouverte par l’un de ses membres. A Genève, le cinéma Strada vient d’être racheté par une Eglise hispanophone d’inspiration pentecôtiste, Casa de Dios, qui y célèbre ses cultes. Quant à l’International Christian Fellowship (ICF), une Eglise d’origine zurichoise et non pas américaine comme son nom le laisserait penser, elle loue chaque dimanche une salle du multiplexe des Grottes à Uptown Geneva, le nouveau propriétaire des lieux.
Les Eglises évangéliques trouvent dans ces locaux l’infrastructure idéale pour la célébration de leurs cultes qui ressemblent davantage à des spectacles qu’à de tristes psalmodies. «Nous transmettons le message éternel de la Bible par les moyens modernes de concerts rock, de la vidéo, du théâtre et de jeux de lumière», explique le pasteur Matthias Boelsterli. Ce cofondateur de l’ICF en 1996 est arrivé en missionnaire à Genève, il y a cinq ans, pour y implanter une Eglise qui compte déjà plus de 500 membres, dont une grande majorité de moins de 30 ans. «Plus qu’un véritable choix, ce type d’implantation reflète le manque de locaux à Genève. Pendant quatre ans, nous avons transporté tout notre matériel dans un bus en errant d’un lieu de culte à un autre», ajoute-t-il.
Au Centre de vie de Neuchâtel, la logique consiste davantage à avoir pignon sur rue. «L’Eglise dont je suis responsable vivait trop en retrait de la société alors que nous estimons qu’elle doit être présente en son cœur et ouverte tout au long de la semaine. En partenariat avec diverses associations, nous avons donc décidé de lancer cet espace», explique le pasteur Olivier Favre.
L’Eglise évangélique apostolique qui compte aussi 500 fidèles environ voit leur nombre augmenter constamment depuis quinze ans. Il en va de même pour l’ICF, forte de 3500 membres à Zurich. Un succès qui s’explique par un message «clair» et proche des fondamentaux de la Bible. Car si la forme s’imprègne des moyens de communication dans l’air du temps, le contenu se veut sans ambiguïté. Matthias Boesterli s’avoue par exemple opposé à l’avortement, «considéré comme un meurtre dans les Ecritures». «L’Eglise réformée a beaucoup évolué ces dernières années jusqu’à brouiller son discours, notamment à Zurich où elle est allée jusqu’à renoncer à la confirmation de foi», regrette le pasteur.
La popularité des évangélistes entraînerait une forme de rivalité avec les institutions religieuses traditionnelles. «Nous trouverions cool de célébrer nos cultes dans des églises, mais on ne nous ouvre que très rarement la porte des temples, sans doute par crainte de la concurrence», estime le pasteur genevois.
_______
Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.