Les Frères musulmans viennent de lancer Ikhwan Book, un réseau social construit sur le modèle du géant américain.
«Partager votre vie avec d’autres frères musulmans du monde entier.» C’est la promesse du site Ikhwan Book, réseau social islamique lancé par les Frères musulmans — une organisation panislamiste égyptienne. Disponible en arabe et en anglais, Ikhwanbook.com ne diffère guère de son modèle américain, le géant Facebook, permettant lui aussi de se créer un réseau d’amis, de chatter et de partager photos et vidéos avec ses proches.
Cité par l’hebdomadaire français L’Express, Olivier Roy, politologue spécialiste de l’Islam, estime que «ce développement correspond à l’arrivée dans le mouvement de jeunes Frères, de nouvelles générations occidentalisées. Il ne faut donc pas y voir une stratégie, mais plutôt une façon de s’adresser à des personnes qui fonctionnent comme cela.»
De fait, ce type d’initiatives se multiplie dans la communauté: les Frères musulmans ont déjà lancé des versions musulmanes des principaux outils internet: IkhwanWiki sur le modèle de Wikipédia, IkhwanGoogle (moteur de recherche) et IkhwanTube (partage de vidéos). «Comme dans la création de produits tels que les hamburgers halal, il existe une volonté de résistance culturelle à l’occidentalisation, poursuit Olivier Roy. C’est là tout le paradoxe: en même temps, ils jouent eux-mêmes sur ces contenus occidentaux.»
Un phénomène qui n’est pas propre à l’islam: «A l’image des autres religions, les musulmans créent de plus en plus de sites internet, souligne le chercheur en droit arabo-musulman Sami Aldeeb, responsable du droit arabe et musulman à l’Institut suisse de droit comparé (1980-2009). Aujourd’hui, il y en a tellement qu’il est difficile de disposer d’une vue globale. Tous ces sites se revendiquent “libres”, mais ce n’est pas le cas. Tous les trois jours, je suis exclu des forums, en raison de mes propos. Certains sujets, comme la circoncision, sont tabous. Les aborder ou les remettre en cause engendre une exclusion immédiate. Mais c’est la même chose avec les autres: les chrétiens, les juifs et mêmes les athées m’excluent de leurs forums. La discussion n’est pas libre. Elle est clairement contrôlée.»
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Une version de cet article est parue dans l’Hebdo.